Avec Caramel, la jeune réalisatrice libanaise, Nadine Labaki, signe son premier long métrage. En arabe libanais sous-titré en français, la cinéaste traite du poids de la société sur les femmes. Mais son film manque par moments de souffle et d'efficacité Dans un contexte libanais fait de guerres, de luttes et de clivages ethniques apparaît la comédie romantique franco-libanaise Caramel, qui célèbre la diversité culturelle et religieuse au pays du Cèdre… En effet, la jeune réalisatrice, Nadine Labaki, venue du clip, fait le grand saut dans le monde du cinéma. En plus de la mise en scène, elle campe le rôle principal et a même co-scénarisé avec Jihad Hojeily ce film émouvant et intimiste sur la réalité des femmes, dans un Liban… vraisemblable ! En effet, à coups d'épilation à la cire, d'éclats de rire et de discussions complices, Caramel plonge le spectateur dans un environnement purement féminin où quatre destins éclatent, se confondent, se choquent et se croisent dans le salon de beauté Si Belle, sur un fond de diversité culturelle et religieuse. Layale, Nisrine, Rima et Jamale sont des brins de femmes émancipées qui représentent, chacune par ce qu'elle est, une tendance dans la société libanaise : l'une vit un amour interdit avec un homme marié, l'autre est sur le point de se marier et cache un très lourd secret, une autre encore vit mal son ambiguïté sexuelle, tandis que la dernière est obsédée par son physique et refuse de vieillir. Caramel pose la question fondamentale de la difficulté d'être une femme et d'exister en tant que telle dans une société orientale “pluriminoritaire”, où hommes et femmes sont ballottés entre deux cultures, deux imaginaires, deux mondes. Mais voulant composer un hymne à la femme, Nadine Labaki se perd dans son film qui, trop souvent, ne dépasse pas le stade de la caricature et des clichés. Le film effleure plusieurs thèmes à la fois, notamment l'homosexualité féminine, l'adultère, ou encore le poids d'une société conservatrice. Mais la réalisatrice, qui signe son premier long métrage avec Caramel et qui se coiffe de plusieurs casquettes, manque souvent de souffle, d'efficacité. Par conséquent, et c'est dommage, Caramel manque de profondeur. Le scénario aussi, qui rappelle trop Venus, Beauté Institut de la Française Tonie Marshall, pèche parfois par conformisme, et ceci n'arrange pas vraiment les affaires de Caramel. Tout au long du film, le spectateur est placé dans l'attente, tout comme les personnages qui espèrent leur destin…, ce qui alourdit le rythme. Malgré ces incohérences et contre toutes ces incertitudes, quelques plans et certaines scènes augurent du talent certain de Nadine Labaki, qui filme ses personnages au plus près des visages et des corps, intime et troublant à la fois. Ce qui fait de ce long métrage une œuvre intime et intimiste qui met le spectateur face à certaines vérités douloureuses. Caramel est le premier film de Nadine Labaki et, n'échappant pas au défaut des premières fois, elle a eu cette envie — bienveillante — de tout révéler et de tout y mettre. Vu d'ici, Caramel ne bouleversera pas nos vies pour autant, même s'il procure des instants de plaisir. Le film part, bien trop souvent, dans tous les sens et se perd dans son excès de légèreté. Sara Kharfi Caramel (2007) Long métrage franco-libanais Réalisation Nadine Labaki Avec Nadine Labaki, Yasmina Elmasri et Sihame Haddad Durée : 1h36