Vivement contesté par les syndicats, ce projet promet un débat houleux au sein de l'hémicycle. Il connaîtra enfin son épilogue. Le nouveau projet de loi sur la santé sera débattu la semaine prochaine par les députés. Le bureau de l'Assemblée populaire nationale a programmé son examen le 22 avril prochain mettant fin à toutes les rumeurs portant sur un éventuel gel. Il faut reconnaître que l'APN a mis du temps pour programmer son examen en plénière. La commission parlementaire de la santé a achevé ses travaux depuis plus d'un mois. Vivement contesté par les syndicats, ce projet promet un débat houleux au sein de l'hémicycle. Son examen intervient dans une conjoncture où le bras de fer opposant les médecins résidents à la tutelle se corse. Ce texte qui a fait l'objet de report à deux reprises va, sans doute, soulever des réactions violentes des partis de l'opposition qui voient en lui une menace pour le système de santé en Algérie. Jamais un projet de loi n'avait suscité autant de réactions et de contestations. Le Parti des travailleurs a fait de cette loi son cheval de bataille. La secrétaire générale, Louisa Hanoune, qui le qualifie de projet suicidaire a plaidé pour son retrait. Elle a mis en garde sur les conséquences de cette loi sur les couches sociales. Les syndicats ont tiré également la sonnette d'alarme. «C'est un projet de loi qui va enterrer définitivement l'acquis social des Algériens du droit égal d'accès aux soins (tous les paliers de soins) et consacrer une nouvelle ère dans le système de santé; un système à deux niveaux, l'un pour les nantis et l'autre pour la majorité des Algériens, les démunis», a affirmé le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp). Contacté par nos soins, Lyes Merabet pense que «ce projet va dans le sens des politiques en cours au gouvernement, à savoir réduire la dépense publique à sa juste expression et l'orienter vers l'essentiel». En d'autres termes, il résume que «ce projet de loi répond aux exigences des lobbies financiers qui revendiquent depuis des années l'ouverture de tous les secteurs sans exception à l'investissement privé». Selon Merabet, le Snpsp milite depuis des années contre ce projet à travers un travail de critique objective et argumentée transmis à tous les niveaux (Présidence, Premier ministère, ministère de la Santé, APN, groupes parlementaires....). Malgré tout le tapage médiatique qu'a soulevé ce projet, la commission parlementaire de la santé, du travail et des affaires sociales au niveau de l'APN n'a pas apporté des changements de fond, dans le contenu. Mis à part l'article portant sur le droit à l'avortement qui a été annulé, la commission n'a pas touché au fond notamment la question du service civil qui est à l'origine du mouvement des médecins résidents. «La décision du service civil n'est pas du ressort de la commission de la santé», a soutenu son président Mohamed Bouabdellah. Pour lui, ce n'est pas à travers une loi qu'on répond aux revendications des médecins résidents. «La décision est prise par voie réglementaire», a-t-il affirmé. Bouabdellah a assuré que la commission de la santé va faire des recommandations pour l'amélioration du service civil et la prise en charge des médecins résidents. Par ailleurs et concernant la question de la gratuité des soins qui risque d'être remise en cause, selon certains professionnels, le président de la commission de santé au sein de l'APN a levé toute ambiguïté. «L'Etat n'abandonnera jamais de prendre en charge les soins», a-t-il certifié. Se voulant convaincant, notre interlocuteur a affirmé que la gratuité des soins est une ligne rouge pour l'Etat. Arguant ses propos, Bouabdellah avance que la nouvelle loi comporte de nouvelles mesures au profit des citoyens. Ce qui est certain est le fait que le débat sur ce projet de loi risque de relancer les manifestations en vue de forcer la main au gouvernement pour faire marche arrière.