Les cours de l'or noir ont terminé la semaine à plus de 72 dollars à Londres non sans avoir eu le temps de réagir aux frappes américaines contre la Syrie. Le président américain a mis ses menaces à exécution. Le baril était sur le qui-vive. Les cours de l'or noir ont terminé la semaine à plus de 72 dollars à Londres sans avoir eu le temps de réagir aux frappes américaines contre la Syrie. Il n'empêche qu'ils ont atteint leur plus haut niveau depuis trois ans. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a fini sur une hausse de 56 pour afficher 72,58 à Londres. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour le contrat de mai a progressé de 32 cents pour clôturer à 67,39 dollars. Sur la semaine le prix du Brent a augmenté de 8,2% et celui du WTI de 8,6%. «A l'approche du week-end les investisseurs ont fait grimper les prix car ils s'inquiètent de ce qui pourrait se passer au cours des prochains jours et de toutes les conséquences qui pourraient en découler», a fait remarquer Andy Lipow de Lipow Oil Associates qui ignorait encore que la coalition (France, Grande Bretagne) emmenée par les Etats-Unis allait frapper le lendemain, dans la nuit de vendredi à samedi. «La Syrie en tant que telle n'est qu'un tout petit pays producteur de pétrole. Mais les Etats-Unis pourraient décider de prendre des sanctions contre la Russie ou l'Iran», deux acteurs majeurs sur le marché mondial de l'or noir, avait-il ajouté. S'il est vrai que des sanctions pèsent sérieusement sur Téhéran à travers l'accord sur le nucléaire iranien que le locataire de la Maison-Blanche veut remettre en cause, pour la Russie cela sera une autre paire de manches. En attendant de voir comment va évoluer la situation, il est incontestable que Donald Trump aura mis le feu au baril. Un contexte que les experts du second groupe bancaire allemand, d'habitude perspicaces, ont carrément sous-estimé. «Les opérateurs restent circonspects, même si la situation géopolitique au Moyen-Orient se calme un peu», ont déclaré les analystes de Commerzbank, estimant que le président Donald Trump avait tenu des propos plus conciliants sur une action militaire. «La possibilité d'une frappe américaine en Syrie reste bien sur la table», a rappelé très justement Stephen Brennock, analyse chez PVM. Ce qui allait dans le sens des investisseurs misant sur une hausse du baril indique-t-on. Ils ont eu raison. Les cours de l'or noir ont retrouvé leur niveau de 2015. Hormis cette conjoncture géopolitique favorable à une hausse des prix du pétrole il y a désormais un autre facteur qui doit participer à la stabilité du marché ainsi qu'à un rebond des prix pérennes. En effet, les prix ne sont pas uniquement boostés par des risques d'escalade entre les Etats-Unis et la Russie, ils le sont également «par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a déclaré que l'Opep est en passe de régler le sujet d'une offre mondiale surabondante», a expliqué Lukman Otunuga, analyste pour FXTM. Les stocks de pétrole dans les pays développés ont baissé de 17,4 millions de barils par jour en février à 2,854 milliards de bpj, soit 43 millions de bpj seulement au-dessus de leur moyenne sur cinq ans, a indiqué l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son rapport mensuel publié jeudi. Il y a surtout le taux de conformité de l'accord de la baisse de la production de 1,8 million de barils par jour décidée par l'Opep et ses 11 alliés dont la Russie qui a atteint 150% qui a grandement contribué à éponger le surplus qui noyait le marché. «Les taux de conformité (à l'accord de plafonnement) élevés enregistrés par l'Opep et les pays extérieurs au cartel (...) devraient renforcer la stabilité du marché et soutenir les marchés du brut et des autres produits pétroliers dans les mois à venir», a indiqué le secrétaire général de l'organisation, Mohammed Barkindo, dans une interview à Reuters. Bruits de bottes, résorption des excédents des stocks mondiaux... Le pétrole semble sur le point de tourner la page noire de sa dégringolade...