Malgré les avertissements du Kremlin contre tout acte en Syrie pouvant déstabiliser la situation déjà fragile dans la région, Donald Trump a prévenu la Russie, hier, que les missiles américains allaient s'abattre sur la Syrie. Au lendemain de la réunion du Conseil de sécurité, marquée notamment par le veto russe contre le projet de résolution des Etats-Unis et le blocage du texte présenté par Moscou visant à soutenir une enquête à Douma en Syrie de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), le ton est monté d'un cran hier entre Russes et Américains. À la mise en garde du Kremlin contre tout acte en Syrie pouvant déstabiliser la situation déjà fragile dans la région, le président des Etats-Unis a répliqué par un tweet annonçant l'arrivée des missiles US sur la Syrie. "La Russie jure d'abattre n'importe quel missile tiré sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête, car ils arrivent, beaux, nouveaux et intelligents ! Vous ne devriez pas vous associer à un animal qui tue avec du gaz, qui tue son peuple et aime cela", a écrit Donald Trump dans un tweet. Répliquant au locataire de la Maison-Blanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a affirmé sur le réseau social Facebook que les missiles américains que Donald Trump dit vouloir envoyer sur la Syrie doivent viser les terroristes et non le gouvernement légitime de Damas. "Les missiles intelligents doivent voler en direction des terroristes et non pas en direction du gouvernement légitime, qui lutte depuis plusieurs années contre le terrorisme international sur son territoire", a-t-elle écrit. La Russie a, par ailleurs, insinué hier que les frappes américaines contre le régime de Damas promises par Donald Trump pourraient servir à effacer les traces des provocations que les Occidentaux dénoncent comme une attaque à l'arme chimique dans l'enclave rebelle de Douma. "L'idée serait-elle d'effacer rapidement les traces de provocations par des frappes de missiles intelligents, et les inspecteurs n'auront plus rien à trouver en termes de preuves", s'est interrogée sur Facebook la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Juste auparavant, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, déclarait aux journalistes : "Nous espérons encore que toutes les parties vont éviter tout acte qui ne serait en réalité en aucun cas justifié et qui pourrait déstabiliser la situation, déjà fragile sans cela dans la région", tout en jugeant la situation actuelle très tendue. Il a ajouté que "la Russie est favorable à une enquête objective et impartiale avant d'émettre des jugements". Mais, en face, les Occidentaux, Etats-Unis et France en tête, semblent plus que jamais déterminés à agir en Syrie. "La France mettra tout en œuvre contre l'impunité chimique", a assuré l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre. Elle annoncera, dans les prochains jours, la décision sur sa riposte, en coordination avec les alliés américain et britannique, a précisé à Paris le président Emmanuel Macron. S'inscrivant dans cette fièvre diplomatique, Donald Trump et la Première ministre britannique Theresa May sont aussi tombés d'accord, lors d'une conversation téléphonique, pour ne pas laisser l'usage d'armes chimiques se poursuivre, selon la Maison-Blanche. Le président américain a annulé un déplacement prévu en fin de semaine au Pérou afin de continuer à gérer le dossier syrien. Merzak Tigrine