«La signature du Traité d'amitié représente une chance historique pour nos deux pays et nos deux peuples.» Décidément, la France veut arracher à tout prix l'amitié de l'Algérie. Tout l'entourage de Chirac est mobilisé. Aucune occasion n'est ratée. Les déclarations fusent de toutes parts. L'avant-dernière est celle du président français, Jacques Chirac, lui-même qui a affirmé la volonté de son pays de «signer avec l'Algérie un traité d'amitié pour consolider la prospérité et la stabilité dans la région méditerranéenne». La toute fraîche est celle du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy. En effet, dans un entretien accordé au mensuel du monde arabe et de la francophonie, Arabies, à paraître début septembre, le chef de la diplomatie française a estimé que «la signature du Traité d'amitié entre l'Algérie et la France représente une chance historique pour nos deux pays et nos deux peuples.» Dans cet entretien, M.Philippe Douste-Blazy a souligné que le Traité d'amitié entre l'Algérie et la France «doit consacrer l'ambition nouvelle qui caractérise nos relations bilatérales, en particulier depuis la visite du président de la République en Algérie, en mars 2003», a affirmé le ministre français des Affaires étrangères. Cependant, depuis la visite de Chirac en Algérie, en mars 2003, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Les événements se suivent et se succèdent. Et n'était la loi du 23 février exigeant, entre autres, que «les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord», les relations entre Alger et Paris auront pris des tournures satisfaisantes. Cependant, depuis l'adoption de cette sinistre loi par le parlement français, les relations bilatérales entre l'Algérie et la France se sont de plus belle enfoncées dans la fange. Et paradoxalement, le président français a, lors de sa visite qu'il a effectuée Madagascar, au mois de juillet dernier, reconnu le s commises par la France coloniale durant sa présence dans ce pays; alors que quand il s'agit des massacres commis en Algérie on fait l'aveugle, le sourd et le muet. Le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy a souhaité le 26 juillet dernier «qu´il y ait une commission mixte d´historiens algériens et français qui puisse se réunir, travailler ensemble, en toute indépendance (afin de) faire des propositions sur la colonisation». «Il n´y aura jamais d´histoire officielle en France. Jamais», a ajouté le ministre, arrivé au Quai d´Orsay début juin dernier. Et, ironie du sort ou simple tournure diplomatique à la française?- ce même Philippe Douste-Blazy faisait partie, en 2003, d´un groupe parlementaire qui avait déposé une proposition de loi «visant à la reconnaissance de l´oeuvre positive de l´ensemble de nos concitoyens qui ont vécu en Algérie pendant la période de la présence française». Le chef de la diplomatie française semble ainsi rattrapé par l'Histoire. Il a indiqué que «le Traité d'amitié répond aux intérêts bien compris de la France et de l'Algérie en ce qu'il doit permettre d'avancer sur les sujets les plus importants de notre relation, y compris les enjeux humains». «C'est pourquoi nous travaillons avec les autorités algériennes pour qu'il puisse être signé avant la fin de l'année», a-t-il dit. Il a expliqué que ce Traité doit former un cadre institutionnel «pour le développement de nos relations dans la perspective du partenariat d'exception que nous bâtissons avec l'Algérie». Il ne va pas sans ajouter que ce «pacte» «doit définir les mécanismes de concertation politique et les orientations générales de notre action dans tous les domaines de notre coopération (politique, économique, consulaire, culturelle, scientifique, technique). Il doit enfin fixer des orientations politiques visant, en particulier, à surmonter les difficultés héritées de notre histoire partagée». «La richesse de la relation franco-algérienne, en cours, alimentera nécessairement une autre construction: celle du partenariat euro-méditerranéen»,a souligné M.Philippe Douste-Blazy. Il a ajouté qu'à la veille de l'ouverture du sommet du 10ème anniversaire du processus de Barcelone, «l'accord d'association (Union européenne) avec l'Algérie doit entrer en vigueur». «Cela doit nous inciter à travailler encore à l'intégration du Maghreb arabe et à la promotion du partenariat Sud-Sud», a souligné le ministre français des Affaires étrangères.