Une grève n'est utile et ne peut mobiliser au-delà de la corporation que si les préoccupations des grévistes convergent avec celles des citoyens. Une grève n'a de sens que si elle prend en compte le contexte social dans lequel elle s'exerce afin d'adapter les revendications à une réalité que nul ne peut nier. Une grève n'est utile et ne peut mobiliser au-delà de la corporation que si les préoccupations des grévistes convergent avec celles des citoyens, notamment quand il s'agit de secteurs vitaux pour le bien-être social, tels que l'éducation, la santé, le transport. Ces trois secteurs clés de la vie sociale, ne peuvent évoluer indépendamment des besoins des utilisateurs de ces services. Autant, la grève est un droit inaliénable et non négociable, autant les syndicats sont appelés à faire preuve de réalisme et d'assez de souplesse dans leurs revendications et démarches pour aboutir au compromis nécessaire qui préserve à la fois les droits des travailleurs grévistes et ceux des usagers des services bloqués. Il y a eu déjà la grève des enseignants qui ont paralysé le secteur de l'éducation pendant des mois dans certaines régions du pays, pénalisant ainsi les élèves, notamment ceux des classes d'examens, au risque de ne pas terminer le programme alors que le ministère de l'Education refuse par principe de prendre en compte certains voeux qui revendiquent «le seuil» des cours à prendre en compte dans l'élaboration des thèmes d'examens, notamment le baccalauréat. L'enseignant doit être protégé socialement et économiquement pour pouvoir se consacrer à son oeuvre d'instruction et de formation. Le secteur de l'éducation tout autant que celui de la santé sont des secteurs stratégiques dans tout processus de développement social et économique. A ce titre, les pouvoirs publics sont appelés à prendre en charge les besoins des intervenants dans ces deux secteurs aussi bien matériels que moraux, afin d'une part, de les prémunir contre des situations sociales incompatibles avec l'exercice de leurs professions et d'autre part, afin de leur permettre de parfaire leur formation tant les techniques d'acquisition des connaissances évoluent. Une fois que les tutelles s'engagent à prendre en charge ces préoccupations matérielles qui préservent la dignité des enseignants et des médecins, ces derniers ont l'obligation morale de transcender le corporatisme égoïste afin de jouer leur rôle d'avant-garde dans l'amélioration constante des systèmes de santé et d'éducation. Qui mieux, que l'enseignant et le médecin, connaît et maîtrise les secteurs de l'éducation et de la santé? Qui mieux qu'eux peut élaborer les cahiers blancs des deux secteurs et en animer les Assises nationales en vue d'inscrire les deux secteurs dans la modernité, et permettre ainsi l'amélioration de la qualité de l'enseignement et des soins? Les syndicats des deux secteurs, ont-ils appelé un jour à une grève nationale non pas pour leurs intérêts corporatistes somme toute légitimes jusqu'à un certain point, mais pour poser les problématiques de l'école et de l'hôpital en Algérie? Si les médecins disposent d'un Conseil de l'ordre, mais qui semble être en hibernation depuis un bon moment, pour rappeler certains médecins à l'ordre quant aux infractions commises contre l'éthique médicale, chez les enseignants, cet organisme fait défaut pour rappeler les enseignants à l'ordre quant aux entorses aux règles déontologiques et qui sont légion.