Le chef de l'Etat avait dénoncé la suspicion systématique des Occidentaux envers toute nation disposant d'un programme de recherche nucléaire. Le président de République a reçu hier l'envoyé spécial du président iranien, dont le pays est actuellement sous pression de l'Union européenne et des Etats-Unis qui le soupçonnent de vouloir acquérir l'arme atomique. Porteur d'une lettre adressée au chef de l'Etat, Alaaddine Broujardi a mis en exergue «l'attachement de son pays à l'exploitation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques». Cette déclaration est, dit-on de sources diplomatiques, au centre de la visite du parlementaire iranien à Alger. En effet, dans le bras de fer qui oppose l'Iran à l'Occident, l'Algérie a été sollicitée par les dirigeants iraniens pour plaider leur cause auprès des institutions internationales concernées par le dossier. La position de l'Algérie a été clairement exposée par le chef de l'Etat à l'occasion d'un discours au Congrès africain du pétrole. Il y avait évoqué l'importance du nucléaire, en tant que moyen de substitution à l'énergie pétrolière, épuisable à terme. Bouteflika a clairement plaidé pour le droit de toute nation à l'accès à cette nouvelle forme d'énergie, pour peu que le but recherché soit pacifique. Pour ce faire, le chef de l'Etat avait évoqué la nécessité de lever les restrictions draconiennes exercées par les puissances occidentales à tout pays désireux de développer l'activité nucléaire à des fins pacifiques. En d'autres termes, le chef de l'Etat s'était élevé contre l'attitude faite de suspicion systématique des Etats-Unis et de l'Union européenne envers toute nation disposant d'un programme de recherche nucléaire. «Nous voulons faire entendre notre voix», avait-il lancé, estimant légitime pour tout Etat de posséder la technologie nécessaire, à même de produire l'énergie nucléaire. L'Algérie avait, par la voix du président de l'APN, clairement signifié son soutien à l'Iran suite aux pressions qu'il subissait et qu'il subit toujours dans le cadre de ses activités de recherche sur le nucléaire. L'attitude d'Alger ne souffrait aucune équivoque, bien au contraire. A ce propos, l'Algérie a, de tout temps, dénoncé la politique du deux poids, deux mesures appliquée par les Occidentaux sur la question, en mettant en exergue la passivité des Etats-Unis face aux agissements suspects d'Israël sur le dossier du nucléaire. Une position qui, faut-il le souligner, lui a valu une féroce campagne de presse, évoquant un prétendu arsenal d'armes de destruction massive qu'il détiendrait. Ladite campagne a même été suivie par la visite à Alger, le 27 décembre dernier, d'une délégation de la troïka du G8, composée des ambassadeurs des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et le chargé d'affaires de l'ambassade française. L'arrivée du radical Mahmoud Ahmadinejad, à la tête de la République islamique d'Iran, n'a vraisemblance pas eu d'incidence sur l'attitude de l'Algérie qui continue à soutenir le principe de toute nation désirant acquérir l'énergie nucléaire. Une position qui lui a d'ailleurs valu des campagnes d'intox orchestrées par des officines politiques internationales. Dans le milieu des années 90 et plus récemment, les deux réacteurs, opérationnels dans le pays, ont été au centre d'informations tendancieuses colportées par la presse marocaine. C'est dire, donc, qu'aucun pays n'est à l'abri de polémiques. Enfin, l'évocation par le chef de l'Etat de la question du nucléaire à maintes occasions n'est certes pas innocente. Le message, destiné aux grands de ce monde, est assez clair sur la volonté de l'Algérie de dire son mot sur la nécessité pour les Américains et les Européens de revoir leur copie en ce qui concerne l'utilisation par les pays en développement de l'énergie nucléaire. Le soutien de principe qu'elle apporte à l'Iran en témoigne.