Cette mise au point intervient au lendemain de l'arrivée à Alger du secrétaire général du Conseil de sécurité iranien. Dans son discours devant les participants au deuxième congrès africain du pétrole, le président de la République a évoqué l'importance du nucléaire, en tant que moyen de substitution à l'énergie pétrolière, épuisable à terme. Bouteflika a clairement plaidé pour le droit de toute nation à l'accès à cette nouvelle forme d'énergie, pour peu que le but recherché soit pacifique. Pour ce faire, le chef de l'Etat évoque la nécessité de lever les restrictions draconiennes exercées par les puissances occidentales à tout pays désireux de développer l'activité nucléaire à des fins pacifiques. En d'autres termes, le chef de l'Etat s'élève contre l'attitude faite de suspicion systématique des Etats-Unis et de l'Union européenne envers toute nation disposant d'un programme de recherche nucléaire. «Nous voulons faire entendre notre voix», a lancé le chef de l'Etat qui estime légitime pour tout Etat de posséder la technologie nécessaire, à même de produire l'énergie nucléaire. Contredisant le discours dominant dans certaines capitales occidentales par rapport aux recherches qu'entreprennent certains pays en voie de développement, Bouteflika se fait le porte-parole des pays qui aspirent à la maîtrise de l'énergie nucléaire en affirmant: «Nous aussi nous détenons une partie de la vérité.» Une manière comme une autre de dire que les menaces incessantes proférées par les Américains ne constituent qu'un son de cloche et qu'il est important que les puissances nucléaires consentent à écouter le discours des pays qui ont l'ambition légitime de garantir leur sécurité énergétique dans la perspective de l'après-pétrole. Conscient du climat de grande tension qui caractérise les relations internationales, le chef de l'Etat reconnaît qu'«il y a des guerres et des crises en perspective», mais affiche clairement sa préférence pour le travail diplomatique, insistant sur le fait qu'«il est possible d'éviter (les guerres) par le dialogue». Cette mise au point du président de la République intervient au lendemain de la visite à Alger du secrétaire général du Conseil de sécurité iranien, M.Hassan Rohani, entrant entre autres dans le cadre des tractations internationales consécutives à la pression qu'exercent les USA sur l'Iran, suspectant ce pays d'avoir l'intention de fabriquer une bombe nucléaire. Rohani a déclaré à la presse, au sortir d'un entretien avec Bouteflika, que les deux hommes ont évoqué le sujet de «l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire». A ce propos, le responsable iranien a déclaré que «toute activité nucléaire doit être en conformité avec le droit international». Cependant, il a estimé qu'il «est du droit de tous les Etats de tirer profit de cette énergie dans le cadre des lois en vigueur». Ces propos destinés, sans doute, à apaiser la tension qui prévaut entre Washington et Téhéran, semblent converger avec la vision développée par l'Algérie qui se pose en intermédiaire dans cette crise, mais qui entend jouer un rôle déterminant quant à la redéfinition des conditions d'utilisation de l'énergie nucléaire. Un acteur en somme. L'Algérie qui, elle-même, développe un programme de recherche sur l'énergie nucléaire, a fait régulièrement l'objet de campagnes d'intox orchestrées par des officines politiques internationales. Dans le milieu des années 90 et plus récemment, les deux réacteurs, opérationnels dans le pays, ont été au centre d'informations tendancieuses colportées par la presse marocaine. C'est dire, donc, qu'aucun pays n'est à l'abri de polémiques. Enfin, l'évocation par le chef de l'Etat de la question du nucléaire à l'occasion d'un congrès des pétroliers, n'est certes pas innocente. Le message, destiné aux grands de ce monde, est assez clair sur la volonté de l'Algérie de dire son mot sur la nécessité pour les Américains et les Européens de revoir leur copie en ce qui concerne l'utilisation par les pays en développement de l'énergie nucléaire.