La décentralisation suscite un grand intérêt dans tous les pays du monde. Vu comme un procédé de rationalisation et de l'administration, des rapports entre l'Etat et les collectivités locales, la décentralisation était hier au centre des débats à l'université d'été du FLN. La conférence sur ce thème donnée par le professeur Walid Aggoun, fait ressortir que les pays en voie de développement accordent un grand intérêt à une telle approche de la gestion des affaires de la société. Cependant, M.Aggoun relève que la décentralisation est au centre d'interrogations économiques et sociales, de démocratisation des institutions, de prise en compte de la diversité des territoires et des populations ainsi que de rapprochement de l'administration du citoyen. Ainsi, la décentralisation indique-t-il «bénéficie d'une forte légitimité d'autant qu'elle est l'un des rares thèmes qui emporte l'adhésion des pouvoirs publics et celle des différents acteurs politiques économique et sociaux». L'orateur ajoute que la décentralisation jouit d'un préjugé positif de la part des grandes institutions internationales, telles que le Pnud et l'UE. «L'engouement de ces établissements pour la décentralisation n'est pas seulement lié au développement de la démocratie en faveur des collectivités territoriales, mais surtout parce qu'elle est perçue comme un moyen de parvenir à l'établissement de l'Etat de droit», estime-t-il. Du côté des difficultés et les contraintes dont souffre la décentralisation, le professeur poursuit: «L'absence d'une définition positive de ce sujet reste la source de toutes les contraintes de la décentralisation.» A cet égard, la décentralisation, a-t-il suggéré, renvoie à diverses conceptions qui couvrent des réalités diversifiées tout en argumentant son propos par les expériences française, anglo-saxonne, italienne, suisse et espagnole. «La conception anglo-saxonne est plus large, et fait référence au niveau de prise de décision... Par contre, la conception française signifie la reconnaissance à des entités territoriales élues, le droit de gérer librement les institutions etc.», souligne-t-il. Concernant l'expérience de l'Algérie dans ce domaine, M.Aggoun, l'a qualifié de très riche et ancienne et ce, depuis la prolongation du premier code communal en 1967 lequel, selon lui, a permis à la commune d'avoir plusieurs prérogatives politiques, économiques sociales et culturelles. En conclusion, M.Aggoun a insisté sur le fait que le succès de la décentralisation obéit à trois paramètres à savoir, le rôle actif de l'Etat dans le soutien, l'évolution et l'orientation de l'action locale, une intervention active à travers le système fiscal, et enfin, une démocratie locale qui ne confond pas entre la gestion des affaires publiques et la représentation politique. Quant au professeur Messaoud Chibout qui a animé une conférence sur le rôle des électeurs locaux dans les textes et dans l'application, il a rappelé la différence qui existe entre les assemblées locales, chargées de la gestion des affaires du territoire et l'Etat qui s'occupe de la gestion des affaires de la nation. A cet égard, l'orateur s'est référé aux systèmes français et anglais en y apportant des critiques objectives. En outre, M.Chihoub a indiqué que les réformes partielles apportées sur la gestion des collectivités locales en 1981 et 1990 n'ont pas traité l'inefficacité, et l'instabilité des ressources des lois de l'administration locale actuelle, sur une vision globale qui se fonde sur le transfert des moyens et le potentiel des collectivités locales.