Le FLN, qui veut reprendre son rôle de guide de la société, emboîte le pas au FFS et au RCD qui ont fait, du thème de la régionalisation, leur cheval de bataille. La décentralisation peut-elle être un enjeu électoral dans une Algérie libérée du poids des anciens tabous qui ont, de tout temps, freiné l'évolution des idées de gestion du pays? A voir de près l'énergie dépensée par le FLN qui ouvre plusieurs chantiers de réflexion sur les dossiers lourds de la gestion de l'Etat, on est tenté de croire qu'à la rentrée, le débat sera fécond au sein de la classe politique qui se verra offrir une tribune précieuse pour se faire entendre. Après le projet de loi sur l'amendement de la Constitution et la réflexion lancée autour du code de l'information, assisterons-nous à la reprise du débat sur le découpage administratif à grande échelle? Décentraliser le rôle de l'Etat est une idée qui commence à faire son chemin dans les rouages des centres de décision. Se dirige-t-on alors vers un nouveau découpage territorial régional sur la base des spécificités économiques nationales? La réforme de l'Etat inscrite dans la feuille de route d'application du programme du président, implique la réorganisation du découpage administratif appelé à se mettre au diapason des nouvelles réalités nationales et des soucis de relance du processus de développement du pays interrompu durant plus d'une décennie par la faute d'un terrorisme destructif aveugle. L'idée du nouveau découpage ne date pas d'aujourd'hui puisque elle a déjà été inscrite dans une loi-cadre qui n'a pas connu de suite du temps du gouvernement Benflis. L'avant-projet de cette loi fixant les règles générales d'organisation et d'administration du territoire, inspiré du rapport Missoum Sbih, a même été adopté en Conseil des ministres avant de tomber dans les oubliettes. D'autres tentatives dans le genre, à l'instar de la création de gouvernorats du Grand Alger, d'Oran, de Constantine et d'Annaba ont été étouffées dans l'oeuf. Seule l'expérience d'Alger a vécu le temps du règne de l'ancien gouverneur et actuel ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, Chérif Rahmani. Le président de la République a, dés son élection à la tête du pays, bloqué le processus et mis fin à l'expérience qui a duré de 1994 à 1999. Les décrets de promotion des trois autres gouvernorats que sont Oran, Constantine, Annaba sont restés dans les tiroirs du ministère de l'Intérieur. Aujourd'hui que la stabilité et la prospérité sont retrouvées, l'Algérie lorgne vers de nouveaux horizons pour permettre aux citoyens de se mouvoir dans des espaces économiques plus vastes. La relance de l'économie nationale passe par une nouvelle réorganisation administrative capable de canaliser les énergies existantes et de capitaliser les richesses diverses spécifiques à chaque région du pays. Point de tabou. Le FLN qui veut reprendre son rôle de guide de la société, emboîte le pas au FFS et au RCD qui ont fait du thème de la régionalisation leur cheval de bataille et un axe de revendications socio-économiques et culturelles captivant et intéressant une bonne frange de la société. Cela représente un thème important pour un éventuel débat national entre différents intervenants sous des aspects aussi bien économiques, politiques et socio-culturels portant sur le rôle de l'Etat dans la gestion efficace de la communauté et des services mis à sa disposition. La décentralisation est une exigence imposée par le caractère géographique du pays -2.381.741km² - et la diversité de ses richesses naturelles et son tissu urbain. Les modèles foisonnent. La régionalisation est une direction qui peut donner à l'Etat algérien une autre image faite d'efficacité dans la gestion de ses ressources tout en restant à l'écoute des citoyens qui verront leurs besoins mieux pris en charge par les administrateurs-gestionnaires. Sur le plan politique, certaines décisions à prendre pour l'exécution des lois seront à la charge des élus portés par les citoyens. Cette décentralisation peut toucher certains services névralgiques pour le bien-être des citoyens, laissés sous la tutelle directe d'une entité locale élue. Car, en fait, il s'agit d'abord de décentraliser la décision administrative pour donner libre cours à la gestion locale. Une autre forme de décentralisation plus nuancée, à l'image des exemples espagnol et italien, a fait office de proposition forte, durant des années, et reste toujours d'actualité, de la part d'un autre parti politique, le FFS. Cette décentralisation s'accompagne d'une certaine autonomie accordée au pouvoir local. Une autogestion avec la collaboration étroite de l'Etat central. L'administration locale aura pour charge de répondre aux besoins des citoyens en traçant un programme de développement local approuvé par des élus locaux. Encouragé par la volonté du président de la République de sortir la gestion des affaires du pays de son cadre figé et improductif basé sur un schéma adopté du temps de la gouvernance centralisée et du règne du parti unique, le thème de la décentralisation peut être l'un des enjeux des prochaines joutes électorales. L'Algérie donne l'image d'un pays prêt à rouvrir tous les dossiers classés «tabous» durant des décennies.