Ménage. Mourad Zemali notre ministre du Travail a révélé, mercredi dernier lors d'une rencontre avec les directeurs de wilaya de la Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (Casnos), que «35 des 65 syndicats inscrits au ministère du Travail n'ont transmis aucune information sur leur représentativité». Tous les syndicats du pays avaient l'obligation de présenter «notamment la liste nominale complète de leurs adhérents, les montants des cotisations et leurs numéros d'affiliation à la sécurité sociale» au plus tard le 31 mars dernier. Donc plus de la moitié des syndicats répertoriés activaient dans «l'informel». Parmi les 30 restants, «14 syndicats ont communiqué des informations incomplètes» a précisé le ministre. Au final, seuls 16 syndicats sur 65 ont transmis les informations exigées par le gouvernement. Tous secteurs confondus. Ce n'est pas fini. Le ministre a également fait savoir que les inspections du travail «sont mobilisées au niveau national pour vérifier les listes soumises par les syndicats au sujet de leur représentativité.» A ce stade et tant que les vérifications ne sont pas terminées, nul ne peut dire combien de syndicats activent en toute légalité dans notre pays et avec quel taux de représentativité. Disons, en attendant, que les 16 «finalistes» bénéficient de la présomption d'existence légale. Que faire des 49 syndicats qui ne remplissent pas les critères? Pour Zemali, ils «n'ont pas le droit de présenter une plate-forme de revendications ou de participer aux négociations ou d'appeler à la grève». Reste malgré tout des questions. Premièrement, qu'est-ce qui a bien pu attirer ces personnes à créer des syndicats en l'absence d'adhérents? Deuxièmement, de quoi vivaient-ils sans les cotisations? La seule réponse à ces deux questions, qui apparaît, est le bénéfice des subventions de l'Etat dont profitent toutes les associations y compris syndicales. C'est pourquoi il faudrait ajouter aux «interdits» énoncés par Zemali, l'arrêt des subventions pour tous les syndicats non représentatifs. Une dernière question plus dure. Et si ces syndicats sans cotisations d'adhérents et sans subventions de l'Etat persistent dans leur activisme dans le monde du travail, nous serons en présence d'un «marqueur» de causes inavouées et inavouables. Et là la tâche ne reviendra plus au ministère du Travail. Elle passera forcément au ministère de l'Intérieur. Ceci dit et une fois la liste des syndicats légaux «rafraîchie», le ministère du Travail n'omettra sûrement pas de porter à la connaissance du public les syndicats réellement agréés. Dans chaque secteur respectif. Sans oublier le nombre de leurs adhérents. Pour que les travailleurs sachent où ils «mettent leurs pieds»! En attendant que toutes ces informations soient disponibles en ligne et accessibles à tous sans restriction aucune. Il n'y a aucune raison de ne pas aller vers la plus totale transparence. Lorsqu'il n'y a rien à cacher!