Le projet de loi sur la santé est enfin présenté au niveau de l'APN Qu'ils soient de la coalition ou de l'opposition, les députés ont tous critiqué le document, en soutenant que la priorité est à l'amélioration de la situation du secteur et non au projet de loi. Comme il fallait s'y attendre, le débat sur le projet de loi sur la santé a été houleux. Les députés étaient partagés entre critique et rejet total du projet de loi. Le document contesté par la famille de la santé a soulevé de vives critiques et des inquiétudes auprès des membres de l'Assemblée populaire nationale. Certains l'ont qualifié de dangereux pour le système de santé en Algérie. Qu'ils soient de la coalition ou de l'opposition, les députés ont tous critiqué le document en soutenant que la priorité est à l'amélioration de la situation du secteur. «Le citoyen a besoin d'une amélioration des prestations de soins et non pas d'un projet de loi», a soutenu le député El-Adala, Slimane Chenine. Ce dernier n'a pas été tendre dans son intervention en estimant que rien ne presse pour adopter cette loi. «Quand les professionnels de la santé qui représentent l'élite de la société contestent ce projet, cela renseigne parfaitement sur les conséquences sur le système de santé», a-t-il affirmé, tout en soutenant que cette loi incriminalise, dans 40 articles, le médecin. S'appuyant sur une lecture de la loi, ce dernier accuse carrément les lobbies d'être derrière. «Les lobbies imposent leur loi et ils veulent forcer la main aux législateurs», a-t-il dit. De son côté, Ramdane Taâzibt du Parti des travailleurs n'y est pas allé par quatre chemins pour qualifier le projet présenté par le ministre de «projet régressif» qui «remet en cause la gratuité des soins». Selon lui, «ce projet trace la voie à la privatisation du secteur de la santé. Ce que prévoit le projet de loi sur la santé c'est le démantèlement du secteur public par un désengagement clair de l'Etat qui financera de moins en moins le public et de plus en plus le privé». Ce député a appelé le chef de l'Etat à retirer ce projet «de la discorde». Même avis partagé par le député du Front pour la justice et le développement. Lakhdar Benkhelaf met en garde contre ce projet qui va «transformer le secteur de la santé d'un service public en une marchandise». Pour lui, ce projet signe l'arrêt de mort du secteur public. «Malgré les budgets dépensés dans la réforme, le secteur est devenu source de maladie et de la mort et non un lieu de soins», a-t-il déploré. Benkhelaf a appelé au retrait pur et simple de ce projet. Ouamar Saoudi, du Rassemblement pour la culture et la démocratie le qualifie de dangereux, en plaidant clairement pour son retrait. Même les partisans de la coalition l'ont rejeté. «Ce projet ne répond en aucun cas au problème du secteur de la santé», a affirmé Lamine Osmani, président du groupe parlementaire des indépendants. Selon lui, ce projet de loi a besoin d'être bien traité pour apporter des solutions de fond au secteur et améliorer les soins pour les citoyens. «Ce projet ne clarifie pas les mécanismes de subvention, de financement et la formation», a-t-il soutenu. Le chef du groupe parlementaire du Mouvement populaire algérien, Cheikh Barbara a également émis certaines critiques. «Nous pensons que ce n'est pas le moment pour la présentation de ce projet de loi. Il faut revoir l'appellation du département de la santé (ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière)», a-t-il déclaré en marge des débats. Hier, les députés ont saisi l'occasion pour adresser un sévère réquisitoire contre le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui. Le débat sur le projet de loi sur la santé s'est transformé en une séance de reproches et de critiques pour étaler tous les maux du secteur. Les intervenants de toutes tendances confondues, ont dénoncé en force la situation de pourrissement que traverse le secteur. Manque d'infrastructures, manque de personnel, des rendez-vous longs, mauvaise prestation des soins, absence de prise en charge des patients et défaillance dans l'orientation, les intervenants ont présenté un tableau noir au ministre, l'interpellant toutefois sur les promesses et les budgets consacrés dans le cadre de la politique des réformes. Les intervenants ont même interpellé le ministre sur la question du service civil, en lui portant la responsabilité de l'échec du dialogue. Abderrahmane Yahi du RND s'est dit pour le maintien du service civil, tout en appelant à apporter des amendements.