Le tableau bourré de chiffres présenté par le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa, n'a pas capté suffisamment l'intérêt des élus du peuple Les députés étaient nombreux hier à contester les augmentations prévues dans la loi de finances 2018 lesquelles vont peser davantage sur le budget des familles. La campagne électorale s'invite en force dans les débats. Les interventions aux débats sur le projet de loi de finances 2018 ont été marquées par un discours populiste. Le tableau bourré de chiffres présenté par le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa, n'a pas capté suffisamment l'intérêt des élus du peuple. Ces derniers ont axé leurs interventions sur les conséquences des dispositions contenues dans cette loi sur les citoyens, campagne oblige! L'augmentation des prix du carburant et les taxes sur les produits électroménagers ainsi que certains produits alimentaires importés étaient au centre des préoccupations soulevées par les intervenants hier. Les députés étaient nombreux à contester les augmentations prévues dans la loi de finances lesquelles vont peser davantage sur le budget des familles. Dégradation du pouvoir d'achat, augmentation du taux de chômage, croissance du seuil de pauvreté sont autant d'éléments qui menacent la cohésion sociale. Certains ont appelé carrément à la suppression de ces taxes. La députée du Parti des travailleurs, Nadia Chouitem, a mis en garde contre une éventuelle décomposition du tissu social. «La politique prônée par le gouvernement favorise l'écart entre les couches de la société», a-t-elle déploré en citant toutefois que les retenues sur IRG ont augmenté depuis 2008 jusqu'à 2016 de plus de 60% alors que les prélèvements sur l'IBS ont été réduits. «L'Etat puise des poches des travailleurs et des retraités pour financer l'oligarchie», a-t-elle dénoncé en soutenant qu'il y a un recul dans la politique sociale du gouvernement. «Comment peut- on réduire de 16 milliards de dinars le budget de la santé alors qu'il s'agit d'un secteur très sensible qui souffre du manque terrible de moyens», s'est-elle interrogée en précisant que le budget alloué aux transferts sociaux est deux fois moins que celui de la France. Le député du parti Tajamoue Amal El Djazair TAJ, Abdelghani Wechir, a appelé le gouvernement à s'intéresser au pouvoir d'achat des citoyens. «Si le gouvernement est confronté à une crise financière, le citoyen est doublement affecté par cette crise», a-t-il affirmé en citant que les prix des légumes donnent sérieusement le tournis. Ce représentant de TAJ a appelé le gouvernement à trouver des solutions pour contrôler le marché et protéger le citoyen qui est livré aux lobbies de la spéculation. La députée Handia Merouani du FLN a également appelé à la prise en charge des préoccupation des citoyens. Son collègue Slimane Sadaoui du même parti n'a pas été tendre envers le gouvernement. «Des milliards de dinars sont gaspillés dans les études de réévaluation des projets alors que des citoyens n'ont même pas de quoi se faire soigner», a-t-il affirmé en déplorant l'attitude de certains ministres qui refusent de recevoir les députés. «Nous sommes là pour défendre les intérêts du peuple», a-t-il affirmé. Le député du RND, Mohamed Guigi a dénoncé l'exploitation de la crise financière et les préoccupations des citoyens par certains partis à des fins électorales. Le député du Front de la justice et du développement (FJD), Lakhdar Benkhellaf, a dénoncé, dans des déclarations à la presse en marge de la présentation du projet, la commission des finances de l'APN qui a ajouté des taxes qui n'existaient pas dans le texte du gouvernement. Selon lui, le projet met la pression sur toutes les couches de la société et provoquera une dégradation généralisée du pouvoir d'achat des familles. Par ailleurs dans son exposé, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa a affirmé que le taux d'inflation prévu pour 2018 est de 5,5% et de 4, 0% en 2019 et 3,5 en 2020. Poursuivant sa présentation sur les constats et résultats réalisés au cours de cette année, jusqu'à septembre 2017, le ministre des Finances a souligné une augmentation du prix moyen du pétrole algérien à 51,2 dollars, amélioration des recettes hydrocarbures avec 24,4 milliards de dollars, une légère diminution des importations, passant de 34,8 milliards dollars en 2016, à 33,9 milliards de dollars en 2017, faisant passer le déficit de la balance commerciale de 13,1milliards de dinars, à 8,1 milliards de dollars. Répartition du budget de fonctionnement Le projet de loi de finances 2018, présenté hier, en plénière devant l'APN par le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa, prévoit des dépenses de fonctionnement de 4 584,46 milliards DA (contre 4 591,8 milliards DA en 2017). Voici la répartition de ce budget par département ministériel (les chiffres entre parenthèses sont ceux de la loi de finances 2017). Unité: milliards DA: Présidence de la République: 7,86 (7,82) Services du Premier ministre: 4,45 (4,5) Défense nationale: 1 118,29 (1 118,29) Intérieur et Collectivités locales: 425,57 (394,26) Affaires étrangères: 35,21 (35,21) Justice: 74,54 (72,67) Finances: 86,82 (87,51) Energie: 50,8 (44,15) Industrie et Mines: 4,61 (4,61) Agriculture, dév. rural et pêche: 211,81 (212,8) Moudjahidine: 225,17 (245,94) Affaires religieuses et Wakfs: 25,24 (25,37) Commerce: 19,98 (19,51) Ressources en eau: 14,01 (16,18) Travaux publics et transports: 25,98 (27,42) Habitat, urbanisme et ville: 16,62 (17,65) Education nationale: 709,55 (746,26) Enseignement sup. et recherche sc.: 313,33 (310,79) Formation et Ens. professionnel: 46,84 (48,3) Travail, emploi et séc. sociale: 154,01 (151,44) Culture: 15,27 (16) Solidarité nationale: 67,38 (71) Relations avec le Parlement: 0,23 (0,23) Santé, population et réforme hospitalière: 392,16 (389,07) Jeunesse et sports: 35,23 (34,55) Communication: 20,7 (18,7) Poste et TIC: 2,34 (2,4) Tourisme: 3,15 Environnement et Energies renouv.: 2,13 Sous/total: 4 109,48 (4 126,2) Charges communes: 474,98 (465,5) Total: 4 584,46 (4 591,8).