Ce phénomène «cache en réalité des visées d'ingérence et de militarisation des espaces» Sur les cinq dernières années, 56 000 migrants subsahariens ont été condamnés pour crimes et délits. De graves révélations ont été faites hier, par le directeur d'études chargé de la migration au ministère de l'Intérieur, Hacène Kacimi. Intervenant sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, ce responsable a affirmé que «le flux constant d'environ 500 migrants/jour au minimum vers l'Algérie préoccupe au plus haut niveau les autorités du pays», avant d'ajouter que ce phénomène «cache en réalité des visées d'ingérence et de militarisation des espaces». Hacène Kacimi dira même qu'il y a derrière ce flux des enjeux «géostratégiques très importants», à l'origine de la convocation, le 29 mars dernier, d'un Conseil interministériel donnant lieu à d'importantes mesures aux fins de sécuriser les frontières. Il a expliqué que cette forte migration vise en réalité à un remodelage et un rééquilibrage des rapports de force à l'intérieur du continent. Le représentant du ministère de l'Intérieur a rappelé la doctrine de l'Algérie qui est contre les ingérences et la militarisation des espaces et des territoires, ne manquant pas de préciser que ces deux facteurs traduisent l'extension du terrorisme et l'accentuation des crises et des conflits. Tenant à assurer que les wilayas du sud du pays «ne seront pas la Lampedusa de l'Afrique», Hacène Kacimi a souligné, à cet égard, que l'Algérie a pris «toutes les dispositions pour que les localités frontalières du sud du pays ne se transforment pas en camp à grande échelle de migrants». Il a tenu également à rassurer les populations locales frontalières «que les personnes et les biens seront protégés, quelle que soit la situation dans le cadre du respect des conventions internationales et des droits humains des migrants». L'invité de la radio a fait remarquer que parmi les populations migrantes illégales subsahariennes qui se trouvent en Algérie depuis quelque années, «nous assistons à une montée en flèche des délits et des crimes qui sont commis à travers le territoire national». «Sur les cinq dernières années, nous avons enregistré la condamnation de 56.000 migrants subsahariens pour crimes et délits, parmi eux, on trouve 30.000 Maliens et 20.000 Nigériens», a-t-il précisé, ajoutant que l'Algérie «ne veut pas stigmatiser les migrants et prendra toutes les mesures pour les protéger». Pour faire face aux arrivées «constantes» et «massives» de migrants, le même responsable a indiqué que le gouvernement a été amené à prendre des mesures «pour tenter de la réduire à un niveau le plus supportable», précisant que l'Algérie a été contrainte de mobiliser quelque 20 millions de dollars pour faire face à ce phénomène, derrière lequel se trouvent des réseaux mafieux et même des groupes terroristes. Par ailleurs et pour une meilleure gestion du flux «massif» des migrants, Hacène Kacimi a fait savoir que des «contacts constants» sont maintenus en permanence avec notamment les autorités nigériennes et maliennes pour assurer une bonne prise en charge de ce dossier, «qui se caractérise par un volet humanitaire qui ne doit pas être négligé». A ce propos, il y a lieu de rappeler que l'Algérie a été accusée, à maintes reprises, de pratiquer des rafles, des déportations, des expulsions collectives, d'emprisonnement et de maltraitance des migrants et même de violences et de profilage ethnique. Saisissant l'occasion de son intervention sur les ondes de la Chaîne 3, Hacène Kacimi a tenu à répondre à cette campagne de dénigrement et d'affirmer que «c'est l'Algérie qui est maltraitée avec cette campagne. Honte à ceux qui nous accusent de profilage ethnique. Il s'agit d'un concept colonial dont nous mêmes avons été victimes». Pour rappel, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a expliqué, la semaine dernière, la nécessité du renvoi des migrants dans leurs pays d'origine en déclarant: «Nous n'avons aucun complexe pour dire que les migrants illégaux seront renvoyés chez eux, c'est une question liée à la sécurité nationale et à l'ordre public.» «J'ai même entendu certaines voix vouloir accuser l'Algérie de racisme. Je ne pense pas que quiconque puisse démontrer cette affabulation concernant un pays qui a accueilli, qui continue d'accueillir ses frères africains», a conclu Ahmed Ouyahia.