La Bibliothèque nationale d'El Hamma a abrité dimanche dernier un atelier de réflexion sur la mutualisation des moyens intersectoriels pour la préservation des archives filmées. Cette réunion fait suite aux recommandations déduites suite au Colloque international consacré à la préservation du patrimoine filmique tenu du 13 au 15 octobre dernier à Alger. De nombreuses personnalités nationales et internationales, y avaient pris part. A l'issue des travaux qui ont duré deux jours pleins, les participants ont exprimé un certain nombre de recommandations dont la nécessité de se réunir à nouveau pour faire le bilan entre autres. Parmi ces recommandations, on citera, les compétences pour conserver et numériser les archives filmiques, définir un glossaire s'y rapportant, établir en urgence la liste de tous les secteurs concernés pouvant prendre en charge ces archives en danger, établir aussi une feuille de route politique, le rapatriement des négatifs etc. Avant d'entamer les travaux de cette journée d'étude, Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture dira qu'on est «acculé à conserver nos images, car c'est important comme le son si l'on veut promouvoir notre mémoire et identité cinématographiques». Il fera remarquer que son département travaille sur trois points essentiels, à savoir identifier d'abord les lieux de stockage de ces bobines endommagés, établir une liste des films qu'il faut numériser et trouver les lieux saints et idoines pour les stocker. Aussi, il annoncera que le centre archéologique arabe de Tipasa se transformera bientôt en un lieu d'archivage avec des unités et cellules de numérisation et grâce au précieux concours des agents de l'INA. «On étudie la possibilité actuellement de créer une unité de restauration et de numération des films là-bas même si cela va nous en coûter, avec comme perspective, assurer plus tard, nous-mêmes ce travail. On reste déterminés et mobilisés à le faire, a fortiori alors que nous fêtons actuellement le mois du patrimoine.» Ayant pour hôte, madame Bencheikh et Bedjaoui comme fil conducteur à cette journée d'étude, celle-ci donnera la parole au courant de la matinée aux différentes représentants des institutions étatiques en relation avec le domaine audiovisuels mais pas que. Bedjaoui dira d'abord avant de céder la parole aux représentants français de l'INA (Institut national de l'audiovisuel) que ce travail de longue haleine nécessitera la capitalisation des efforts de tous, les interventions d'un accompagnement et du secteur étatique ou public et celui du monde associatif. «Il faudra transférer après ce savoir-faire aux Algériens pour qu'à long terme ce sera les Algériens eux-mêmes qui prendront en charge cette opération d'archivage...». Pour ce faire, le volet formation a été un des point nodaux autour duquel s'est exprimé Mme Léa Morin du programme patrimoine travaillant à l'INA qui présentera le plan d'action en faveur du patrimoine cinématographique reposant sur une stratégie de mutualisation des moyens, ressources et compétences entre les institutions. Aussi on apprendra que 10 institutions algériennes ont bénéficié de stage de formation. Pour sa part, Eric Dubois qui travaille actuellement sur les archives de la wilaya d'Alger dira que former c'est bien, numériser c'est aussi bien mais il faudrait trouver après des lieux pour stocker tous les films qui doivent être conservés dans de bonnes conditions. Aussi il présentera le plan du site de Tipasa dans lesquels seront stockés ces films. Il estimera que de nombreux films sur les 3500 boîtes recensées sont dans de mauvais états dont les 6000 titres qui se trouvent à la wilaya d'Alger avec seulement 45% d'entre eux en bon état, visuellement. Parmi les films recensés à l'étranger et dont on avait annoncé la disparition, notamment figurent les films de Tahar Hannachi, dont l'Algérie a pu mettre la main dessus. Son film Les portes du désert date des années 1930. Présente aussi à cette journée, la mère de feu Lyes Meziani, qui a fondu en pleurs en voyant son portrait sur écran. Un homme passionné de photo et de cinéma qui a détenu une incroyable collection d'archives audiovisuelles. Le nouveau site d'archivage de Tipasa portera son nom a indiqué le ministre de la Culture dimanche dernier. Présent à cette journée Lyes Semiane directeur de la Cinémathèque algérienne dira que les archives relevant de son infrastructure sont dans une «situation préoccupante, marquée par un risque de dégradation irréversible, d'où le besoin d'un plan de sauvegarde avec à l'appui une intensification de la formation dans l'archivage, mais aussi le besoin de recruter un personnel formé et qualifié.» Pour la directrice du Cadc, Shahinez M'hamdi, la collection de 14 copies de films dont elle dispose pour l'instant est en bon état car récupérée récemment chez l'Aarc, néanmoins les conditions de stockage restent difficiles malgré le fait que le fond filmique n'existe que depuis 2010. Elle expliquera qu'à l'instar de ses collègues, «un besoin en formation est récurrent». D'autres interventions ont émaillé cette journée telle celle du directeur du Cnca, Mourad Chouihi et bien d'autres encore ont réitéré en fin de journée leur résolution à travailler ensemble en vue de trouver des solutions et remédier au plus vite aux problèmes de dégradation des films qui ne cesse de croître au fil des années en Algérie.