Notre pays est en droit de se poser la question: que veulent tous ces Etats mobilisés derrière le Maroc, alors qu'ils savent, depuis des décennies, la nature du dossier sahraoui et la position tant de l'Union africaine que du Conseil de sécurité de l'ONU à ce sujet? Après les déclarations du MAE marocain relayées et appuyées par les pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Koweit, Bahrein) ainsi que par l'Egypte, mettant en cause l'Algérie dans ce qui s'apparente à une nouvelle tentative de diabolisation du Polisario, il est légitime de se demander quelle stratégie de riposte nationale doit être enclenchée sans tarder. Car la menace est claire, dès lors qu'elle s'inscrit dans un contexte international évident: celui d'une préparation, ou plutôt d'une mise en condition, de la région moyen-orientale et maghrébine à la décision du président américain, le 12 mai, sur le nucléaire iranien. Derrière ce branle-bas de combat, il y a évidemment l'hostilité de l'Arabie saoudite, encouragée par Israël, contre le voisin iranien et son allié le Hezbollah libanais. Le Maroc, bousculé et même humilié devant le Conseil de sécurité sur la question sahraouie, a saisi la balle au bond pour tenter de s'affranchir des exigences de l'instance onusienne qui lui réclame des «négociations directes et sans condition» avec le Polisario, afin de respecter la mission de la Minurso chargée de concrétiser le processus légitime d'autodétermination du Sahara occidental. Quoi de mieux que de s'inscrire dans la démarche du CCG contre l'Iran et le Hezbollah et d'accréditer la thèse d'un Polisario diabolisé pour sa prétendue accointance avec le Hezbollah! Le pas est vite franchi par le MAE marocain qui s'offre la prétention d'une attitude «compréhensive» à l'égard du soi-disant «désarroi» de l'Algérie face à ses accusations farfelues et gravement offensantes tant pour le Conseil de sécurité que pour l'Union africaine dont un pays membre, la Rasd, est agressé une fois de plus. Le Maroc est un habitué des manoeuvres dilatoires et des agressions caractérisées. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Toujours, il applique méthodiquement la politique du loup qui crie au loup. (Ré) conforté par Israël et les pays du Golfe dans une offensive concertée contre l'Iran et le Hezbollah, il apporte sa partition singulière avec une touche d'opportunisme, convaincu qu'une telle situation de crise servira de prétexte pour bafouer la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. De là à imaginer que sa campagne médiatico-politique contre l'Algérie, sans doute convenue lors du récent séjour du MAE, Nasser Bourita, en Israël, et à la faveur des relations étroites entre les services de renseignements israéliens et marocains, va aller crescendo, il n'y a qu'un pas. Rabat semble déterminée à le franchir. Car il lui faut profiter au maximum de cette collusion entre Israël, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar, malgré leur brouille au sujet de l'Iran, et autres, pour tenter d'effacer la gifle du Conseil de sécurité. Auquel cas, Rabat cherche clairement à ouvrir les hostilités, fort du bouclier promis par ses parrains du Golfe. Cependant, outre les réactions des pays comme les Emirats arabes unis et l'Egypte, vis-à-vis de laquelle l'Algérie a payé, par deux fois, le prix du sang, il y a cette déclaration de la Ligue arabe qui prend à partie un Etat membre par rapport à un autre. Il s'agit là d'un grave dérapage d'une institution qui, certes, n'est plus que l'ombre d'elle-même, mais a pour devoir le respect de ses propres statuts. A se demander s'il ne faut pas y répondre par le retrait ou, à tout le moins, le gel de notre participation à une instance devenue fantomatique. Notre pays est en droit de se poser la question: que veulent tous ces Etats mobilisés derrière le Maroc, alors qu'ils connaissent, depuis des décennies, la nature du dossier sahraoui et les positions de l'UA et du Conseil de sécurité? En cautionnant la campagne outrancière de Rabat, n'engagent-ils pas une attaque manifeste contre l'Algérie, sous prétexte d'un soutien à des thèses désavouées par la communauté internationale? Cette escalade traduit la volonté d'attenter à notre sécurité. Mais le peuple algérien a toujours démontré qu'il est parfaitement capable de défendre, à n'importe quel prix, la sécurité et l'intégrité du pays. Et là, point n'est besoin d'épiloguer sur la détermination et la mobilisation de nos forces armées, la situation n'ayant plus rien à voir avec celle...d'octobre 1963. Face à ces menaces conjuguées, il convient d'ores et déjà de mettre en branle une stratégie de riposte nationale. Notre diplomatie est interpellée pour saisir, en même temps, le Conseil de sécurité de l'ONU, bafoué par le Royaume marocain qui taxe le Polisario d'organisation terroriste quand il lui faut engager «des négociations directes et sans condition», l'Union africaine dont un Etat membre est outragé, la Ligue arabe dont le rôle n'est plus à la hauteur des missions assignées par ses statuts ainsi que les principales capitales telles que New York, Moscou, Pékin, Londres, Paris et, plus proches de nous, Johannesbourg, Lagos, Addis-Abeba. Si le dessein de cette néo-coalition est limpide et si la soudaine envolée d'un Maroc ragaillardi par les assurances de ses mentors israélo-saoudiens cache mal la quête d'une échappatoire au rendez-vous onusien d'octobre prochain, le fait est que l'Algérie conserve sa doctrine immuable de soutien à toutes les causes justes dans le monde, parmi lesquelles la cause palestinienne pour laquelle ces mêmes pays, aujourd'hui rangés aux côtés du Maroc, sont tristement ventre à terre, est essentielle. Et c'est pourquoi elle a soutenu, elle soutient et elle soutiendra inexorablement la cause sahraouie, quels que soient les faux-fuyants et les coups tordus du Maroc ou de ses soutiens. Ainsi, aura-t-elle, en la circonstance, à agir promptement au niveau de toutes les institutions internationales et des capitales interpellées par le délire marocain.