Grande complicité entre Mohammed VI et le prince héritier saoudien Ben Salmane Pour se battre, l'Algérie sait le faire et avec panache, mais dans sa vision des relations internationales, elle reste égalitaire et souverainiste. L'Algérie a toujours évité une détérioration des relations avec l'Arabie saoudite. Il n'y a pas que le contexte régional et économique de crise qui ne s'y prêtent pas mais parce que l'Algérie a toujours été jalouse de sa neutralité dont elle fait un sacro-saint principe. Pour se battre, l'Algérie sait le faire et avec panache. La guerre d'indépendance n'a-t-elle pas été une leçon de patriotisme pour les pays colonisés du monde? La guerre contre le terrorisme n'a-t-elle pas été une leçon de résistance contre un ennemi qui fait trembler aujourd'hui la planète entière? Egalitaire et souverainiste, la vision algérienne des relations internationales a comme socle le droit international. Elle a de ce fait farouchement défendu sa sécurité tout en étant un pacificateur et «exportateur» net de stabilité. L'idée que se font les Saoudiens des relations internationales est tout autre et entre Alger et Riyadh il y a plusieurs sujets de discorde. Plus particulièrement celui de la coalition internationale contre le terrorisme, la guerre contre le Yémen, la guerre en Syrie, les rapports avec l'Iran et le soutien inconditionnel apporté au Maroc dans le dossier du Sahara occidental. La liste des points divergents étant trop longue pour être assainie par des visites éclair des responsables saoudiens à Alger, les rapports ont toujours été froids entre deux pays. Ni la neutralité dans les conflits arabo-arabes ni l'excès de galanterie exprimée par le gouvernement algérien après l'épisode du «Tifo» arboré, il y a une année dans un stade par les supporters de Aïn Mlila et que le royaume a jugé insultant, n'ont suffi à tempérer la haine recuite du royaume saoudien. Aigri, peut-être n'a-t-il jamais pardonné à l'Algérie d'avoir empêché, sa succursale du wahhabisme, le FIS dissous, d'accéder au pouvoir en 1991. Pour de nombreux observateurs, cette position même contestable, a permis à bien des égards d'éloigner le stress stratégique que diffusait l'Arabie saoudite au Moyen- Orient. Baignant dans une logique belliciste, Riyadh était prêt a en découdre, de manière imprévisible y compris avec ses alliés du CCG. L'incident du «Tifo» aurait pu servir de prétexte à une escalade injustifiée de la part de ce royaume belliciste. On a observé avec quelle hargne destructrice il s'est engagé au Yémen, avec quelle célérité il a rompu ses relations avec son rival, le Qatar et surtout l'attitude spectaculaire qu'il a mise pour jeter en «prison» des princes saoudiens, jusque-là considérés comme très puissants, arrêtés pour corruption. Après quatre décennies de mise à l'écart, d'embargo international et de menaces de guerre, l'Iran s'est constitué une carapace. Il s'est habitué à vivre retranché, à résister à l'agression étrangère. La menace du président Trump de durcir les sanctions contre Téhéran et de ne pas reconnaître l'accord du nucléaire s'est présentée comme une aubaine inespérée par Riyadh d'achever son ennemi juré. Auparavant Riyadh a rallongé le chèque pour servir royalement Donald Trump. Près de 600 milliards de dollars dans la tirelire et ce n'est que le début des hostilités. Désormais, Israël peut également compter sur l'appui tacite de l'Arabie saoudite qui a fait de l'Iran son ennemi principal. Le tout se déroule avec le silence complice de l'Egypte... L'Irak de Saddam, la Libye d'El Gueddafi et la Syrie d'El Assad étant des pays en phase d'être rayés de la carte, l'environnement stratégique arabe est profondément altéré.