L'imperturbable Abderezzak Makri L'enjeu qui se profile avec force dans le 7e congrès du MSP est d'ordre repositionnement à l'intérieur dudit mouvement avec comme arrière-plan la mainmise d'un clan sur un autre. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) est plongé dans l'ambiance du 7e congrès qui se tiendra le 10 du mois en cours. Le précongrès est manifesté par des tractations et des activités des plus rudes pour asseoir la suprématie d'un clan sur un autre. Même si la direction actuelle, pour ne pas dire sortante, ne veut pas donner une image d'un MSP en proie à des tiraillements qui s'expriment tantôt par des attitudes émanant de personnes influentes et tantôt de courants qui se présentent comme éléments hétéroclites. C'est le cas du clan de Bouguerra Soltani et de l'autre clan incarné par l'imperturbable Abderezzak Makri, le président sortant. Le 7e congrès s'attellera à traiter des questions organiques liées aux statuts du parti et revoir certaines missions en rapport avec les structures dirigeantes et plus précisément le conseil national de la choura (consultatif) qui verra ses prérogatives renforcées selon le membre de la commission nationale de préparation du 7e congrès, Makhlouf Ben Amar. Dans le même sillage, les statuts seront révisés partiellement en faveur d'une nouvelle démarche visant à ouvrir le mouvement aux citoyens qui se reconnaissent dans certains points constituant le programme du MSP sans pour autant qu'ils adhèrent d'une manière structurelle en leur qualité de militants dans les structures de base. Selon le même membre de la commission nationale de préparation du congrès, cette «proposition sous forme d'avant-projets de textes, qui touchera les statuts du notre mouvement, va permettre à la direction de développer une certaine souplesse à l'égard de la société civile et c'est une manière de s'ouvrir sur la société en cassant avec la méthode classique consistant à promouvoir les compétences dans les instances élues à l'image des communes que par la mise de l'avant des militants du mouvement», a rétorqué Makhlouf Ben Amar. Ces aspects relevant des statuts ont été l'objet d'un débat très large au niveau des structures locales. La commission nationale de préparation du 7e congrès a accompagné ce processus en étroite relation avec la direction centrale du mouvement, mais le dernier mot revient au conseil national de la choura, il est l'autorité habilitée à peaufiner ces propositions sous forme d'avant-projets qui seront soumis au congrès pour qu'ils soient adoptés en plénière. L'enjeu qui se profile avec force dans le 7e congrès du MSP est d'ordre repositionnement à l'intérieur dudit mouvement avec comme arrière-plan la mainmise d'un clan sur un autre. Dans ce sens, la commission nationale de préparation du congrès a été claire dans sa démarche affirmant que «la commission est constituée à égalité par les membres du mouvement et les militants de l'ex-Front du changement représenté par Abdelmadjid Menasra après la fusion qui s'est faite lors du congrès extraordinaire de l'année écoulée», a précisé le membre de la commission Makhlouf Ben Amar. Ce qu'il faut comprendre par là, c'est que ladite commission est constituée des militants qui sont gagnés par la cause de Abderezzak Makri qui tient à se représenter pour la deuxième fois au poste de président du mouvement même s'il n'a pas encore annoncé son ambition de briguer ce deuxième mandat. Il y a aussi les 50% de l'ossature de cette commission chargée de préparer le congrès qui est constituée d'éléments appartenant à l'aile de Abdelmadjid Menasra. Une simple analyse fait ressortir que Bouguerra Soltani est voué aux gémonies dans la mesure où celui qui prépare le congrès a de fortes chances d'influer sur le sort et le résultat de ce dernier. C'est dire que l'approche de l'ex-président du MSP, Soltani en l'occurrence, est reléguée au dernier rôle dans cette nouvelle perspective de repositionnement au sein du MSP où le rapport des forces est du côté de Makri et son allié Menasra, surtout que Makri a joué un grand rôle dans la réintégration de l'ancien transfuge en l'intronisant comme président du mouvement pendant six mois. Ce jeu qui relève d'un vrai stratagème auquel s'est livré Makri, lui a permis d'avoir plus de soutien au niveau des structures locales et aussi de Menasra et ses adeptes au sein du mouvement. Bouguerra Soltani savait déjà que les dés étaient jetés et que sa possible réélection à la tête du MSP est devenue un «leurre», aussi, il ne pouvait pas cacher son amertume dès lors que la commission a tout ficelé en mettant dans sa structure les pro-Makri et les pro-Menasra. D'ailleurs, sa dernière sortie en accusant d'une manière feutrée la direction actuelle du mouvement d'avoir organisé des fuites qui concernent les documents du congrès, s'inscrit dans cette vision qui montre on ne peut mieux que son clan est devenu incapable d'influer sur les équilibres en présence actuellement au sein du MSP. Le membre de la commission nationale de la préparation du 7e congrès a affirmé que «Aboudjerra Soltani a eu à échanger avec nous en notre qualité de membres de la commission sur les aspects politiques et programmatiques du mouvement en balisant le terrain via l'explication des priorités en mettant de l'avant l'avenir du mouvement», et d'ajouter que «Aboudjerra Soltani nous a déclaré que «il est nécessaire que le MSP reste proche de la sphère du pouvoir et ne pas pousser le mouvement à épouser les thèses radicales», a mentionné Makhlouf Ben Amar. Cette affaire a été source d'échanges via les réseaux sociaux, Facebook en l'occurrence entre Bouguerra et Makri. D'ailleurs, le président sortant était lapidaire et direct dans sa réponse sur ces fuites présumées en soulignant que «les fuites et les commentaires concernant les documents du congrès n'affecteront pas le travail de la commission de préparation dont les membres ont la compétence, l'expérience, l'éthique et la responsabilité requises pour ne pas être influencés et que le débat a été clos depuis longtemps au niveau des structures locales et toutes les propositions se trouvent actuellement entre les mains des membres du madjliss echoura», a asséné Makri pour mettre un terme à ce semblant d'imbroglio. Selon Makhlouf Ben Amar «Makri a de fortes chances d'être réélu président du mouvement. Les structures locales sont toutes d'accord avec la démarche qui met de l'avant la revendication de la transition démocratique et une issue fondée sur le compromis et le consensus», a déclaré Makhlouf Ben Amar. Le 7e congrès du MSP sera une occasion pour les anti-Bouguerra Soltani de sceller le sort du mouvement d'une manière «sereine» et de ne plus permettre à la situation de 2008 de se rééditer lors d'un congrès qui a montré un MSP en état de décomposition amenant beaucoup de militants et de cadres à déserter la structure du défunt Mahfoud Nahnah.