Le renforcement de la stabilité et de la rentabilité du secteur passe par l´amélioration de la gouvernance des compagnies d´assurances. Le marché des assurances en Algérie pèse plus de 35,8 milliards de DA en chiffre d'affaires annuel, soit 0,67% du PIB. Certes, une activité en hausse de 10% en 2005 par rapport à 2003. Néanmoins, le taux de pénétration n'est que de 0,58%, loin derrière nos voisins. En effet, le Maroc affiche 2,7% de taux de pénétration et la Tunisie 2,01%. Quant aux dépenses d´assurances par habitant, elles sont de 12,6 dollars en Algérie contre 37 dollars au Maroc et 38,8 dollars en Tunisie. En raison d'une sous-exploitation de plusieurs de ses branches d´activité, le secteur des assurances demeure encore défaillant dans la réalisation des objectifs qui lui sont assignés, dont notamment l´amélioration de la protection des patrimoines et la mobilisation de l´épargne. Pour combler ce déficit, le ministre des Finances mise sur la réforme financière. Laquelle est inscrite en tant qu'élément essentiel du programme du gouvernement. L'objectif de la démarche du gouvernement consiste à promouvoir la qualité des services financiers et permettre aux banques et compagnies d'assurances d'augmenter leur rendement dans la mobilisation de l'épargne. Aussi, le renforcement de la stabilité et de la rentabilité du secteur des assurances passe par l´amélioration de la gouvernance des compagnies d´assurances publiques, la restructuration du secteur public, l´assistance technique renforcée et la privatisation de la gestion, le renforcement de la solvabilité financière et la qualité des dirigeants des sociétés d´assurances, et l´amélioration de la supervision. Dans ce contexte, la commission des finances et du budget de l'APN devra présenter aux parlementaires le projet de loi amendant et complétant l´ordonnance 95-07, relative aux assurances ainsi que l´ordonnance 05-05, portant loi de finances complémentaire. Ce projet doit donner lieu à la mise sur pied d'une commission de supervision autonome, composée de magistrats et d'experts spécialisés dans le but de renforcer la supervision du marché des assurances. Il faut dire que la réforme financière est un signe de prise de conscience au sommet de l'Etat quant à l'urgence de réformer la situation bancaire et les assurances en Algérie. Aussi, des changements à la tête des différentes compagnies d'assurances sont devenus nécessaires et sont même prévus plus tôt qu'on ne le pense. En effet, dans un souci d'efficacité de fonctionnement des conseils d´administration des compagnies d´assurances étatiques, il a été introduit en juillet dernier des conventions particulières liant l´Etat actionnaire à chaque administrateur, une recomposition des conseils d´administration et l´attribution de missions particulières à chaque administrateur. C'est dans ce sens qu'intervient le dernier changement opéré à la tête de la Compagnie algérienne d'assurances et de réassurances qui a vu le remplacement de Ali Djendi par Mohamed Benbouzid. Même si le directeur général de la Société algérienne d'assurances, M.Latrousse, a vu récemment son contrat renouvelé pour une année, il n'en demeure pas moins, selon certaines sources, qu'un vent de changement devrait souffler incessamment sur toutes les compagnies d'assurances. Si pour le moment, aucun nom ne circule ni est avancé, il n'en demeure pas moins qu'un vent de panique semble s'être emparé de plusieurs responsables. Afin de ne pas retomber dans les anciens réflexes, les nouveaux dirigeants seront soumis à des contrats de performance en plus de l'attribution de missions particulières pour chaque administrateur. Au-delà de l´amélioration de la qualité des services financiers, les mutations que va connaître le secteur des assurances devront être de nature à créer les conditions d´un marché porté par une croissance réelle, une activité maîtrisée et des risques contrôlés. Certes, l'assainissement des institutions n'est pas une mince affaire. Son aboutissement nécessite une volonté politique sans faille et des hommes aussi bien intègres qu´honnêtes, pour peu qu'on s'éloigne du caractère suffisant qui a de tout temps marqué ce genre de mouvements devant lesquels l'assuré semble sceptique.