Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié mardi Israël d' «Etat d'apartheid» et accusé son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, d'avoir «du sang palestinien sur ses mains», sur fond de guerre des mots entre les deux pays après la mort de dizaines de Palestiniens sous les balles israéliennes, à Ghaza comme en Cisjordanie. «Netanyahu est le Premier ministre d'un Etat d'apartheid qui occupe les terres d'un peuple sans défense depuis plus de 60 ans, en violation des résolutions de l'ONU. Il a du sang palestinien sur ses mains et ne peut couvrir ses crimes en attaquant la Turquie», a écrit M. Erdogan sur son compte Twitter. «Tu veux une leçon d'humanité? Lis Les Dix Commandements», a ajouté le chef d'Etat turc à l'adresse de l'héritier d'Ariel Sharon. Cette sortie contre Israël est survenue quelques heures après que Ankara eut prié l'ambassadeur d'Israël, puis le consul général à Istanbul, de quitter «temporairement» le pays. En sa qualité de président de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Erdogan a pris la mesure du défi sioniste et il tente de mobiliser les pays musulmans, en général, dans un soutien hypothétique au peuple palestinien. Malheureusement, ses efforts risquent fort de ne pas avoir l'effet escompté parce que, ces dernières années, les Palestiniens, peuple et dirigeants, se sont retrouvés relégués au dernier rang des préoccupations de plusieurs pays du Golfe, sous prétexte que la «menace» iranienne, dans cette région, nécessite une alliance contre nature avec l'Etat sioniste que dirige un Benjamin Netanyahu dont la politique n'a rien à envier à ses prédécesseurs du Likoud. Ainsi, l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche a-t-elle consacré opportunément cette volonté de puissance israélienne de sorte que le gouvernement sioniste de Netanyahu impose, en toute impunité, ses exigences comme ses exactions à l'encontre des Palestiniens, massacrés dans un silence, et même une indifférence révoltante. Si révoltante, cependant, que plusieurs pays européens dont la France et le Royaume-Uni n'ont pas hésité à prendre leur courage à deux mains pour dire à Netanyahu et à Israël que les massacres de lundi dernier étaient «inacceptables». Maigre consolation quand on sait qu'aucune suite ne sera donnée à ces meurtres en direct de l'armée israélienne qui revêtent une dimension d'autant plus cynique et arrogante qu'ils sont accompagnés, au Moyen-Orient, par une gêne visible et un discours alambiqué des prétendus défenseurs de l'islam et de ses terres saintes. Certes, la Ligue arabe, ce «machin» comme disait en son temps le général de Gaulle au sujet de l'ONU, aura tenu aujourd'hui une réunion «extraordinaire», en son siège naturel, dans la capitale égyptienne. Mais il faut savoir que le peuple palestinien souffre à Ghaza d'un double blocus, exercé depuis près d'une décennie et d'une main de fer, par l'Etat hébreu et par...l'Egypte, ce qui rend encore plus «extraordinaire» la portée des décisions qui pourraient survenir trois jours après les tueries israéliennes innommables. En ce premier jour du mois sacré de Ramadhan, force est de constater que le sort du peuple palestinien, orphelin des pays qui portaient son étendard dans le cadre du Front du refus, s'enfonce peu à peu dans la plus tragique des solitudes.