Le Maroc a trouvé dans la célébration du 45ème anniversaire du déclenchement de la lutte armée au Sahara occidental l'occasion de sonner à nouveau la charge. La campagne de diabolisation orchestrée contre le Front Polisario à travers des attaques forcenées contre l'Algérie a pour but ultime de faire capoter les négociations sans conditions auxquelles a appelé le Conseil de sécurité. Et pourquoi ne pas pousser à une reprise de l'affrontement armé. Les provocations marocaines ne laissent aucun doute qu'il pousse le Front Polisario à tirer le premier coup de canon. Rabat aurait tout à gagner en donnant une telle tournure à la question sahraouie. Le statu quo qualifié d' «inacceptable» par le Conseil de sécurité serait rompu, mais surtout pas de la manière dont il l'espérait. Le secrétaire général de l'ONU qui a très probablement flairé ce risque a réagi. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé samedi dans un communiqué «à la plus grande retenue», tout en mettant en garde contre une modification du «statu quo». «Le secrétaire général suit de près l'évolution de la situation au Sahara occidental», souligne son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué rendu public, hier. Les raisons qui ont poussé le successeur de Ban Ki-moon à lancer cet appel n'ont pas été précisées. Il ne faut cependant pas être un grand clerc pour réaliser qu'elles interpellaient le Maroc qui n'a pas du tout l'intention de s'asseoir autour de la table des négociations. Ce que le Front Polisario s'est dit prêt à faire sans conditions préalables. Le mandat de la Minurso n'ayant été renouvelé que pour six mois pousse la diplomatie marocaine à une course contre la montre effrénée pour anéantir les efforts de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental qui a évoqué devant le Conseil de sécurité la tenue de négociations directes et sans conditions entre Sahraouis et Marocains courant 2018. «Le Maroc cherche des prétextes pour faire capoter la reprise des négociations avec le Polisario dont ils n'en veulent plus», affirme une source algérienne proche du dossier cité par TSA. «En provoquant artificiellement ces tensions, le Maroc peut ainsi dire que les conditions ne sont pas réunies pour la relance du processus de paix», souligne le même canal d'information. Après avoir sans succès accusé le Front Polisario de violer le cessez-le-feu dans la zone tampon d'El Guergarat, le Maroc s'est lancé dans une délirante campagne de diabolisation contre lui, accusant Téhéran avec qui il a rompu ses relations diplomatiques de lui fournir des armes par le biais de l'ambassade d'Iran à Alger. Le Maroc a trouvé dans la célébration, hier, du 45ème anniversaire du déclenchement de la lutte armée au Sahara occidental l'occasion de sonner à nouveau la charge. «Le Royaume du Maroc considère qu'il s'agit là d'une nouvelle violation caractérisée du cessez-le-feu et d'un défi flagrant à l'autorité du Conseil de sécurité», écrit le ministère marocain des Affaires étrangères. Le SG de l'ONU a aussitôt appelé à «la plus grande retenue». Une autre façon de signifier au Maroc de mettre fin à sa paranoïa.