Samedi, le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, s'est dit préoccupé par les récentes tensions dans la zone tampon d'Al Guergarat, appelant le Maroc et le Front Polisario à la retenue, selon l'APS qui cite son porte-parole adjoint. «Le secrétaire général est profondément préoccupé par le regain récent des tensions à Al Guerguarat, dans la zone tampon (située) au sud du Sahara occidental, entre le mur de sable marocain et la frontière mauritanienne», a déclaré son porte-parole adjoint, Farhan Haq. Il a indiqué que le retrait du Front Polisario et du Maroc de cette zone en 2017 est «crucial pour créer un environnement propice à la reprise du dialogue sous les auspices de son envoyé personnel, Horst Kohler». Comme il a appelé les deux parties à faire preuve «de la plus grande retenue et éviter l'escalade des tensions» ainsi que toute action susceptible de changer le statu quo de la zone tampon. Selon le Front Polisario, le Maroc a opposé un non catégorique à une demande de l'ONU d'envoyer une mission technique à Al Guergarat afin d'examiner les moyens de résoudre la crise dans cette zone tampon au sud du Sahara occidental. La mission onusienne est prévue par le paragraphe 3 de la résolution 2351 de 2017 du Conseil de sécurité, prorogeant le mandat de la Minurso, qui reconnaît que la crise d'Al Guergarat «soulève des questions fondamentales liées au cessez-le-feu et aux accords connexes» et demande au secrétaire général de l'ONU d'«examiner les moyens de la résoudre», a expliqué le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari. Cette disposition de la résolution 2351 est le fruit de tractations de plusieurs jours au niveau du Conseil de sécurité qui, par consensus, a décidé d'examiner les causes et les répercussions de la violation du cessez-le-feu par le Maroc. De toutes ces discussions, il s'est dégagé un constat important : la situation à Al Guergarat impose de trouver une solution qui aille au-delà d'un simple enregistrement des violations de l'accord de cessez-le-feu pour s'attaquer aux causes réelles qui étaient à l'origine de la crise. Le représentant sahraoui a indiqué qu'un accord s'est dégagé ensuite quant à l'envoi d'une mission technique sur le terrain. Un mois après l'adoption de la résolution, la partie sahraouie a engagé des contacts étendus avec le secrétariat général de l'ONU ainsi qu'avec le Département des opérations de la paix (DPO) et celui des affaires politiques (DPI) pour mettre en œuvre cette disposition. Mais Rabat a opposé en septembre dernier un non catégorique à la demande du secrétariat général de l'ONU. Refus qui constitue une preuve supplémentaire de la volonté du Maroc de pousser au pourrissement de la situation, selon le même responsable. Afin d'éviter l'escalade des tensions dans la région, a relevé A. Boukhari, le président sahraoui, Brahim Ghali, a écrit le 9 décembre dernier au secrétaire général, Antonio Guterres, pour l'informer de la situation à Al Guergarat. La tension est montée d'un cran ces derniers jours suite aux informations faisant état du maintien de l'étape du Rallye Africa Eco Race traversant Al Guergarat. Le Front Polisario a envoyé deux voitures de police à la zone avec instruction d'informer la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) de prendre les mesures nécessaires pour éviter toute escalade des tensions durant ce rallye. Situation belliqueuse Le maintien de cette étape du rallye s'apparente à une véritable provocation, d'autant plus que cette région est considérée comme une zone militaire où les activités civiles sont interdites. La partie sahraouie a mis en garde les organisateurs du rallye qu'elle allait bloquer le passage de leur caravane s'il y a des véhicules qui feront de la provocation avec le drapeau marocain, a affirmé A. Boukhari. En parallèle, le Front Polisario s'active pour trouver une solution à la crise. Une rencontre est prévue avant fin janvier entre le président Brahim Ghali et l'émissaire de l'ONU, Horst Kohler, pour discuter notamment du trafic commercial et de la lutte contre la drogue dans cette zone, devenue une voie de passage pour le cannabis marocain. La date de la rencontre qui sera sûrement tenue dans une capitale européenne n'a pas encore été arrêtée, a-t-il indiqué. Le diplomate sahraoui a souligné que l'application de la résolution du Conseil de sécurité «sera d'un grand apport à l'émissaire de l'ONU» appelé à surmonter deux obstacles majeurs, «l'intransigeance du Maroc et l'attitude colonialiste de la France» au Conseil de sécurité.