Rebelote. Consacrer un éditorial sur l'eau tous les mois, c'est à la fois trop et pas assez. Trop quand on a l'impression de se répéter et pas assez quand les responsables du secteur «reviennent» sur la pointe des pieds et avec les mêmes arguments servis autrement. Cette fois c'est le DG de l'Algérienne des Eaux (ADE), Smaïn Amirouche, fraîchement nommé, qui est venu «noyer le poisson» sur les ondes de la Radio nationale. Son exposé se décline en deux thèmes. La distribution et le recouvrement. Commençons par le second thème. «Sur les 46 milliards de dinars non payés par les clients de l'entreprise, 16 milliards sont des créances «très anciennes» et par conséquent «irrécupérables»» assène le DG. Le tiers de la dette remonte donc à Mathusalem et il faudra faire le deuil de 1600 milliards de centimes. Aux fuites d'eau sont venues s'ajouter les fuites d'argent. Amirouche poursuit: les factures impayées par l'administration représentent 8 milliards de dinars. Alors qu'au mois d'août de l'an passé, le même Amirouche qui était à l'époque directeur au ministère chargé de l'alimentation en eau potable, avait déclaré que «les créances détenues sur l'administration sont de 13 milliards de dinars tandis que 4 milliards de dinars représentent les impayés de divers créanciers». Qui sont ces divers créanciers? Où sont passés les 5 milliards de dinars de différence des créances de l'administration? Idem pour les créances des ménages qui sont passées de 29 milliards de dinars à 22 milliards de dinars. Là, le «trou» est de 7 milliards de DA. 700 milliards de centimes. Mais à voir de plus près on s'aperçoit que toutes ces «différences» entre août 2017 et aujord'hui totalisent le même montant (16 milliards de DA), des créances «très anciennes» et donc «irrécupérables». Voilà qui explique ce qu'est venu «rectifier» à la radio, le DG de l'ADE. On peut résumer ainsi son message «16 milliards de DA sont perdus définitivement, il faudra donc reconsidérer le montant des créances à recouvrer». L'autre thème, celui de la distribution a trait aux fuites et branchements illicites. Le DG de l'ADE considère que «le taux des pertes représente 30%». Il voulait dire «fuites» puisqu'il estime plus loin que «les raccordements illicites représentent 15%». 30 plus 15 c'est 45% de pertes. Et bien malin celui qui saura séparer scientifiquement les fuites, des raccordements illicites. Tout se passe sous terre. Des machines ont même été inventées en Occident pour détecter les fuites à la manière des détecteurs de métaux. Pour l'heure, ces machines ne semblent pas être l'outil principal de l'ADE. Ce qui place les «précisions» de l'ADE dans les approximations. Comment colmater ces pertes? «Pour ce faire, l'ADE a demandé un financement annuel de 5 à 10 milliards de dinars» pour la rénovation du réseau qui est «une priorité». Pour avoir «d'ici 2030 un taux de fuites entre 18 et 20%» selon l'ADE. Résumée, la «sortie» du DG a pour but d'annoncer une demande d'enveloppe de 5 à 10 milliards après la perte de 16 milliards. Reste à savoir si la nouvelle enveloppe ne subira pas, en 2030, le sort des créances «très anciennes et irrécupérables». Qui sait?