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Disparus sans laisser de traces
RECONCILIATION NATIONALE ENLEVES, TORTURES ET EXECUTES
Publié dans L'Expression le 12 - 09 - 2005

La villa, bien entretenue, protégée par un mur d'enceinte qui se prolonge à perte de vue, donne l'air d'une imposante bâtisse qui date de l'époque coloniale. Derrière le grand portail vert, on peut lire que la maison appartient à Ahmed Belkacem, un commerçant aux affaires florissantes qui avait quitté le pays après que les premiers groupes armés eurent commencé à investir la région.
Nous sommes à Remili, sur le versant est de Ouled Fayet, entre Bougara (ex-Rovigo) et Larbaâ, c'est-à-dire dans le fief du GIA par excellence. C'était plutôt le fief des fiefs. La ville en question constituait le QG du GIA et «l'hôpital militaire» pour les blessés. Medecins, infirmiers et gardes-malades se relayaient dans la villa pour soigner. Des tonnes de médicaments sont entassés dans les chambres de la villa que cachent aux yeux des hectares de carrés d'agrumes. En fait, la villa était bel et bien un véritable bunker imprenable, avec une issue vers l'oued et les forêts et vergers environnants.
Les schémas de la mort
Selon un GLD de Bougara - dont le QG se trouve entre Laâbaziz et la ville - cette villa a vite été habitée par les GIA après la fuite de son propriétaire à l'étranger: «Cette maison n'a pas été uniquement un poste de commandement pour le GIA à partir de 1993, mais aussi un centre d'interrogatoire et de torture. Plusieurs citoyens suspectés d'intelligence ou de collusion avec les forces de sécurité n'en ressortaient pas. Rares sont les citoyens qui sont sortis indemnes des interrogatoires. Je suis sûr que quelque part dans ce vaste domaine un ou deux charniers existent. Des travaux de fouilles n'ont jamais été effectués et il est temps de commencer à creuser çà et là pour faire un peu la lumière sur certains cas de disparus».
Voilà lancé pour nous un bout de piste sur un des problèmes les plus épineux qui se soit posé à l'Algérie depuis son indépendance : comment trouver la réponse à ce drame des 15.000 «disparus sans laisser de trace»?
Une bonne partie des disparitions de citoyens entre 1994 et 1999 est le fait des groupes armés. En l'absence de statistiques fiables et sérieuses, on peut estimer leur nombre à plusieurs milliers. Au plan de la précision, c'est trop flou, vague, opaque, évidemment, mais c'est justement les mots qui rendent le mieux compte de la situation dans laquelle se sont opérés ces enlèvements.
Nous avons trop dit sur les cas de disparitions qui sont le fait de certains membres des forces de sécurité et ressassé à satiété les cas d'enlèvements, opérés par des policiers, des gendarmes ou par d'autres services des divers corps de sécurité qui avaient en charge le dossier «sécurité nationale». Ce qui l'avait été moins, c'est celui des disparitions dues aux groupes armés. Médiatiquement, le sujet ne fait pas florès parce qu'il appuie des thèses officielles et accrédite des credo lancés par les autorités à l'endroit des ONG internationales, trop pointilleuses sur ces sujets-là. Mais au plan de l'histoire immédiate, les vérités méritent d'être dites, en ne prenant en ligne de compte que les seuls faits.
Cela nous ramène encore une fois à la villa de Remili. Un septuagénaire de ce hameau de vergers oublié aux contrebas de la Mitidja apporte ces précisions: «Il faut que vous sachiez une chose: pendant la guerre de Libération, les moudjahidine du FLN ramenaient à Remili les gens accusés d'être des harkis ou des indicateurs de l'armée coloniale et les exécutaient séance tenante après un interrogatoire formel. Après 1992, les chefs des groupes armés, spécialement du GIA, conduisait ici à Remili les citoyens suspectés d'être alliés aux forces de sécurité, les jugeaient et les exécutaient sans autre forme de procès.
Je pense que le GIA voulait donner à ces actes plus de crédit en copiant les méthodes du FLN. Ce dernier ramenait des gens d'Alger, de Blida, de Khemis, de Sacamodi ou de Rivet pour les juger ici même. Perpétuer la tradition relevait du prolongement du djihad dans la mémoire des groupes armés.» Pas loin de Ouled Slama, premier fief des fiefs du GIA, avant que l'organisation n'élise domicile à Chréa, dans les contreforts du massif blidéen, à partir de 1996 et l'élection de Antar Zouabri, on peut encore retrouver Gaïd Gacem, Ouled Allel et Raïs, trois autres QG qu'il faudrait un jour passer au peigne fin pour en extraire les restes humains.
Le méga-ratissage opéré par le commandement de la 1ère Région militaire en 1997 par le général-major Brahim Fodhil-Chérif, qui venait de remplacer au pied levé le général Salah Bey, avait démontré l'étendue de l'implantation du GIA dans la zone: une ville sous la ville, un réseau de conduits souterrains et de casemates équipées et dotées de groupes électrogènes.
Des puits regorgeaient de restes humains et des fosses faisaient le lit de cadavres décomposés. Les charniers ressemblaient aux charniers et la longue liste des disparus s'allongeait.
Les fetwas d'Abou El Moundhir
A partir de 1996, commençait à se dessiner la défaite du GIA, et c'est à partir de là que la direction de l'organisation commençait à dériver de manière dangereuse. Zouabri accédait au poste d'émir national et son officier juridique, Abou El Moundhir lui dispensait fetwa sur fetwa jusqu'à l'excommunication totale de toute la société et de tout le peuple.
Tout était dit. Commençait alors une effroyable chasse aux sorcières. Tout homme suspecté peu ou prou d'être l'agent infiltré, l'indicateur, l'informateur ou l'espion des autorités était automatiquement mis à mort. Des centaines d'hommes, de jeunes, d'étudiants, de chômeurs, de fonctionnaires, etc sont tirés de leur sommeil, conduits quelque part et abattus. Les «zones libérées» qu'étaient entre 1993 et 1997 Baraki, Leveilley, Château-Rouge, Bouinan, Rovigo, Larbaâ, Souhane, Tablat, Laâbaziz, Ouled Slama, Meftah, Larbaâtache, Bouzegza et Chebli permettaient ces enlèvements et ces disparitions.
Aux Eucalyptus, la famille Bourmad se souvient de son père: «Mon père s'appelait Bouremad Mahfoud, se souvient encore aujourd'hui Assia, sa fille aînée. Nous l'avons vu la dernière fois le 20 octobre 2000. Il conduisait sa Volkswagen en direction de Ferdjioua, d'où il est natif. Depuis, nous ne l'avons jamais revu.» Mais qu'est-ce qui vous amène à penser qu'il s'agit là d'un enlèvement terroriste? «Parce que tout simplement il avait été enlevé une première fois, roué de coups, menacé et relâché. Les terroristes l'ont accusé d'être un allié des services de sécurité, de leur ramener l'information lorsqu'il est en déplacement dans son fourgon, lequel faisait office de commerce ambulant en légumes et fruits»
A Leveilley, M.Boualem est chauffeur de taxi. Il est extrait de force de son lit, battu à mort et tué. Il était accusé d'être le chauffeur, et aussi l'informateur d'un flic du quartier. Sa trace, ses traces plutôt ont été retrouvées, heureusement, le lendemain. Il avait été découpé en morceaux.
A Larbaâ A. K. est capturé à la sortie est de la ville et emmené à Souhane pour interrogatoire. Il ne sera jamais revu par sa famille, qui pense que le motif de l'enlèvement est de ne pas avoir payé une somme d'argent qui lui avait été imposée par le GIA.
Des cas similaires, il en existe à profusion. Au ravail n'a été fait en ce sens, alors qu'il faut le faire. Cela n'explique pas pour autant tout le dossier des disparitions. Il en explique certains cas, et c'est toujours cela de gagné dans un univers où la seule vérité n'est pas encore le maître mot.


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