L'Union européenne est en temps de guerre, estime Georges Soros L'altermondialisme n'a pas encore trouvé une formulation programmatique opératoire ni un front mondial uni et structuré. L'Occident est entré depuis quelques années dans une période d'incertitude quant à son avenir commun et de doute de ses propres valeurs qui, depuis la Révolution française et l'Age des lumières ont servi de fondements et de repères aussi bien aux sociétés qu'aux establishments et intelligentsia. Des observateurs, philosophes et historiens évoquent ouvertement le déclin de l'Occident et situent l'amorce de ce processus au début du vingtième siècle connaissant des étapes charnières comme les deux guerres mondiales, la fin de la domination coloniale classique, la montée de certains pays du tiers-monde et enfin, la prise de parts importantes du marché mondial par les pays émergents. Dans un article publié in le site électronique suisse, SWI suissinfo.ch, l'auteur qui se demande si les démocraties occidentales en crise, «sont menacées», remarque que «ces dernières années, nombre de commentateurs (...) ont souligné la stagnation du nombre de pays adoptant un régime démocratique et la montée en puissance des régimes autoritaires. Et ce après la chute des dictatures latino-américaines dans les années 80, puis les processus démocratiques enclenchés par l'implosion de l'Union soviétique et la chute du mur de Berlin en 1989, que ce soit en Europe orientale, en Afrique et en Asie.» En effet, la démocratie occidentale a longtemps servi de modèle à bon nombre de pays de par le monde et ce, au-delà des différences des dynamiques historiques, des références culturelles et cultuelles et des mentalités façonnées par ces processus séparés. Cependant, ce modèle longtemps adulé, est battu en brèche au coeur même de l'Europe grâce à la montée en puissance des nationalismes chauvins à travers des partis d'extrême droite dont la popularité a gagné du terrain au point de bousculer sérieusement les partis classiques (droite libérale et gauche) alors que dans d'autres pays européens, ils ont pris le pouvoir comme en Autriche, en Italie, en Bulgarie... Le journal électronique suisse note qu'en 2016, «c'est au coeur même des démocraties bien établies du monde occidental que l'inquiétude monte, avec la poussée de partis antisystème, surtout à droite de l'échiquier politique, mais pas seulement». Le journaliste se demande s'il ne faut pas «y voir l'expression d'un vote protestataire face aux difficultés des gouvernements à gérer les crises multiples qui affectent le monde (transformation rapide du secteur économique, redéfinition des rapports de force entre grandes puissances, amples mouvements de populations sinistrées entre les continents, réchauffement climatique)?» L'article analyse les données collectées par le World Values Survey entre 1995 et 2014, un projet international de recherches sociales basé en Suède. Les auteurs de cet article affirment que «les jeunes personnes interrogées étaient beaucoup plus enthousiastes que leurs aînés pour protéger la liberté d'expression et beaucoup moins susceptibles d'adopter l'extrémisme politique. Aujourd'hui, les rôles sont inversés: dans l'ensemble, le soutien pour l'extrémisme politique en Amérique du Nord et en Europe occidentale est plus élevé chez les jeunes (que chez leurs ainés, ndlr) et le soutien à la liberté d'expression faiblit». L'analyse des mêmes données révèle qu'«aux Etats-Unis depuis 30 ans, le nombre de personnes estimant qu'un gouvernement militaire est une bonne ou très bonne solution n'a fait que croître. En 1995, ils représentaient 1/16e des personnes interrogées, pour monter à 1/6e aujourd'hui. Plus surprenant encore: en 1995, 6% des jeunes Américains riches trouvaient «bien» que l'armée prenne le pouvoir; ils sont 35% aujourd'hui. Même tendance en Europe, même si l'ampleur est moindre, avec 6% des hauts revenus nés depuis 1970 favorables à un pouvoir militaire en 1995 pour 17% aujourd'hui.» Qui dit pouvoir militaire dit autoritarisme, discipline, ordre incontestable et hiérarchie stricte. Cette étude sociopolitique s'est avérée juste du moins à travers les tendances lourdes qui se dégagent des urnes dans la majorité des pays occidentaux puisque les courants nationalistes conservateurs sont au seuil du pouvoir alors qu'aux Etats-Unis, c'est le populisme flirtant avec l'extrême droite qui s'est installé à la Maison-Blanche et menace par ses décisions intempestives et protectionnistes un ordre économique mondial décrié en raison de son injustice et son libéralisme outrancier qui aggravent les inégalités tant au niveau national qu'au niveau international. En apogée ou en déclin, le modèle occidental impose une marche forcée au reste du monde en y laissant des dégâts humains incommensurables ruine et désolation. Après le désordre politique provoqué dans la région Mena notamment depuis 2010 grâce aux «Printemps arabes», l'Occident est en passe de provoquer un désordre économique aux conséquences imprévisibles