Combien sont-ils ces Algériens qui ont répondu aveuglément à l'appel des fondamentalistes religieux et qui sont allés, en mercenaires, bivouaquer dans les montagnes d'Afghanistan? Ils sont nombreux ceux qui, natifs ou français d'origine algérienne, se sont finalement rendus aux groupes de l'Alliance du Nord et à l'armée américaine dans les montagnes de Tora-Bora et après la chute de Mazar-e-Charif. Si la DST et le service d'espionnage français estiment entre 300 et 500 le nombre d'islamistes français qui auraient transité par les écoles coraniques du Pakistan ces dernières années, il est, en revanche, impossible de vérifier avec précision le nombre de ces fous de Dieu de nationalité algérienne qui, endoctrinés et ayant l'esprit possédé par le spectre d'une mythique «dawla islamia», ont tout quitté pour suivre les pas et les rêves de Ben Laden et de ses nombreux adeptes d'Al-Quaîda. Une organisation aux allures multinationales qui a trouvé son essence dans le vide d'une jeunesse déchirée et qui se heurte constamment à la dure réalité de son quotidien. Une réalité en parfaite discordance avec ce que la génération actuelle a retenu de l'apogée d'une civilisation musulmane empreinte de la grandeur légendaire d'un Saladin remportant sur les Latins, en 1187, la bataille de Hattin et réussissant à mettre sous sa coupe Jérusalem. La Palestine étant la raison et l'alibi de toute une pensée terroriste qui, en s'attaquant soudain au géant du monde s'est attirée ses foudres. Le terrorisme en Algérie a également connu l'empreinte de ceux qui ont transité par les camps d'entraînement au Yémen, au Soudan et ensuite en Afghanistan où ils ont rencontré les autres combattants qui se préparaient à prêter main forte aux «opprimés» de Tchétchénie, de Bosnie et d'ailleurs. Il reste qu'aujourd'hui, la question est de savoir ce que l'on va bien faire de ces Algériens - ils sont certainement plusieurs centaines - arrêtés par les groupes antitalibans et par les GI américains. Washington envisage de les extrader vers leur pays d'origine après les avoir interrogés par un groupe d'agents fédéraux dépêchés exprès dans la région afin de recueillir toutes les informations possibles concernant Al- Qaîda et ses relais dans le monde. Pour ce qui est des ressortissants français, la DST se charge de rapatrier les quelques Français «gaulois» et les nombreux autres «beurs» comme les médias français s'évertuent à les distinguer. Pour ces derniers, ce sont, bien entendu, les Français d'origine maghrébine qui posent problème car les autres, «gaulois convertis», sont «souvent des petites frappes, zonant à la frontière du droit commun et du militantisme (...) en d'autres temps, ajoute Le Figaro, ils se seraient enrôlés sous une bannière rouge». Concernant les autres, en revanche, comme pour Abdur Rahman, 21 ans, prisonnier et hospitalisé à Peshawar et qui se dit être un ressortissant français, Djamel Beghal ou encore Kamel Daoudi, tous deux des franco-algériens, les médias français n'en finissent pas de les diaboliser, mais se gardent bien de les qualifier de «voyous» car ayant souvent joué un rôle important aux côtés de Ben Laden et ayant été chargés d'importantes missions comme celle attribuée à Beghal. Ne devait-il pas faire exploser l'ambassade des Etats-Unis à Paris avant de se rétracter et de se faire prendre en juillet dernier à Dubaï? Les médias les désignent, également, comme étant des jeunes désoeuvrés victimes d'un ascenseur social en panne ou encore de «la pâleur de leur quotidien»! Des excuses qui témoignent du malaise que ressent l'Occident face à ces terroristes, ressortissants européens d'origine maghrébine certes, mais qui, souvent, n'ont jamais mis les pieds dans le pays de leurs aïeux. Hormis Ressam et ses semblables arrêtés en Amérique et inculpés pour actes de terrorisme, les Algériens arrêtés en Afghanistan ne connaissent pas encore le sort qui leur sera réservé. Encore faudra-t-il les identifier car, nombreux sont ceux qui ont possédé de faux passeports, ont circulé en Europe en changeant constamment de noms et qui ont longtemps séjourné en Grande-Bretagne pour ensuite transiter par le Yémen et le Pakistan avant de finir en Afghanistan. Une étape obligatoire avant d'être, à nouveau, redéployés et renvoyés préparer des actes terroristes sous d'autres cieux. Qui se chargera de la reconnaissance et de l'identification des Algériens talibans? Quel sera, par ailleurs, leur chef d'inculpation et quelle décision juridique serait prise à leur encontre s'ils venaient à être reconduits en Algérie surtout s'ils avaient déjà perpétré des actes terroristes dans le pays? Il reste enfin à s'interroger sur la capacité de nuisance de ces moujahidines en pleine déconfiture une fois qu'ils seront de retour dans leurs pays respectifs.