Un roi aux aguets La balle est désormais dans le camp de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. Le temps presse. Le mandat de la Minurso voté fin avril prendra fin en octobre. Il n'a été renouvelé que pour six mois. Se terminera-t-il sans qu'il n'y ait d'avancée notoire de la question sahraouie? Il est tout à fait légitime de se poser la question à partir du moment où le pouvoir marocain fait tout pour qu'il demeure dans l'impasse où il l'a mis. La campagne de diabolisation du Front Polisario, la rupture de ses relations diplomatiques avec l'Iran qu'il accuse de le financer via le Hezbollah libanais, ses attaques furieuses contre l'Algérie, attestent de la tournure qu'il a décidé de donner au conflit sahraoui: le maintenir dans un statu quo, volontairement entretenu, pour qu'il fasse de l'annexion du Sahara occidental un fait accompli. Une manoeuvre écartée par le statut de ce territoire inscrit sur la liste de l'Organisation des Nations unies des territoires non autonomes qui restent à décoloniser. Ce que le Maroc refuse de reconnaître. Les différentes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité l'y contraignent pourtant. La toute récente qui date du mois d'avril, l'appelle à négocier de bonne foi avec le Front Polisario afin d'aboutir à une solution juste et équitable qui puisse garantir au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination n'est ni plus ni moins qu'une exhortation au respect de la légalité internationale. Le Front Polisario n'attend que la mise en oeuvre de ce processus et a lancé un appel au Conseil de sécurité, au SG de l'ONU Antonio Guterres et à son représentant personnel pour le Sahara occidental, Horst Köhler pour «organiser des négociations directes entre les parties du conflit sahraoui, le Maroc et le Sahara occidental, et ce, dans les plus brefs délais possibles, conformément à la dernière résolution 2414», tout en réitérant «son entière disponibilité à engager des pourparlers directs et sans conditions préalables avec Rabat devant permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination». La balle est désormais dans le camp de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental qui s'est engagé à organiser des négociations directes et sans conditions entre Sahraouis et Marocains courant 2018. Des sources proches du dossier, ont affirmé que «M. Köhler a informé le Conseil de sécurité de son objectif de tenir ces négociations cette année, même s'il a reconnu que ces pourparlers ne sont pas une fin en soi car ils exigent la bonne volonté des parties en conflit et leur engagement à y prendre part sans préconditions» avaient affirmé des sources proches du dossier. Quel écho a-t-il reçu? «Le Conseil de sécurité a accueilli avec satisfaction la présentation de l'envoyé personnel sur ses récentes rencontres bilatérales avec les parties (en conflit) et les pays voisins», a indiqué le Conseil de sécurité à l'issue de l'exposé dont lui a fait part le représentant personnel d'Antonio Guterres. Un espoir pour le Front Polisario de voir se tenir un référendum qui permettrait au peuple sahraoui d'exprimer son droit à l'autodétermination. «Nous sommes prêts à entamer des négociations de paix, et à prendre part au référendum d'autodétermination qui mettra un terme à un conflit de plus de 40 années et à la lutte que mène notre peuple contre l'occupation marocaine», avait déclaré le coordonnateur du Front Polisario avec la Minurso, Mhamed Kheddad, qui se trouvait, vers la mi-avril, à Moscou à la tête d'une délégation au moment où Horst Köhler y effectuait sa visite de travail. La pression est maintenue. Le Front a réitéré «sa pleine disponibilité à engager des négociations directes, sans conditions préalables avec le Maroc devant mener à l'exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable d'autodétermination, conformément à la résolution 2414 du Conseil de sécurité adoptée le 27 avril dernier» est-il souligné dans une lettre adressée au représentant permanent de la Fédération de Russie, Vassily Nebenzia, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité. Mohammed VI se mettra-t-il autour de la table des négociations? Il lui sera difficile, en tout cas, de s'y dérober.