Pas de consensus avec Donald Trump Réagissant aux déclarations du Premier ministre canadien Justin Trudeau et du président français Emmanuel Macron qui critiquaient vertement ses mesures, Trump a tiré une salve de tweets dans lesquels il a fait savoir qu'il ne comptait faire aucun mea culpa, bien au contraire. Juste avant de s'envoler pour le Canada, le président Trump a créé la surprise en appelant les membres du G7 à «réintégrer la Russie», exclue du G8 après l'annexion de la Crimée. «Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table de négociations», a déclaré le président américain. Cinq jours avant le sommet historique qui le verra rencontrer à Singapour le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, il était hier au Canada, où l'attendaient de pied ferme les partenaires et alliés du G7 indignés par les nouvelles taxes qu'il a unilatéralement imposées à l'acier et à l'aluminium, peu après avoir décidé de lourdes sanctions contre leurs entreprises si elles s'aventurent à poursuivre leur contrat avec l'Iran. Réagissant aux déclarations du Premier ministre canadien, Justin Trudeau et du président français Emmanuel Macron qui critiquaient vertement ces mesures, Trump a tiré une salve de tweets dans lesquels il a fait savoir qu'il ne comptait faire aucun mea culpa, bien au contraire:«J'ai hâte de remettre à plat les accords commerciaux injustes avec les pays du G7. Si ça ne se fait pas, on s'en sortira encore mieux», a-t-il tweeté hier matin avant de s'envoler de Washington pour être le dernier dirigeant à se rendre à la réunion de ce que d'aucuns ont qualifié de G6+1. Ce sommet, qui présente un front quasi uni contre Trump, traduit le niveau d'exacerbation des pays européens et du Canada qui ne comprennent pas comment Washington peut ainsi malmener ses alliés indéfectibles et les clouer au pilori en leur interdisant purement et simplement de veiller à leurs intérêts en Iran, sous prétexte que les Etats-Unis ont dénoncé l'accord sur le nucléaire, au mépris des règles qui régissent les accords internationaux. Les chefs d'Etats et de gouvernements du G7 rassemblés autour du Premier ministre Justin Trudeau à La Malbaie, une pittoresque petite ville québécoise qui se situe sur les rives du majestueux fleuve Saint-Laurent, auront vécu une atmosphère envenimée par le comportement un tantinet provocateur et surtout supérieur, de Donald Trump qui a confirmé le sens du message adressé la veille: «Merci de dire au Premier ministre Trudeau et au président Macron qu'ils imposent aux Etats-Unis des taxes massives et créent des barrières non-tarifaires», avant de conclure: «Hâte de les voir demain». S'en prenant au Premier ministre Trudeau, il a brandi le reproche de «près de 300% de taxes imposés par le Canada sur les produits laitiers» avant de brocarder les Européens avec une sommation du genre: «Levez vos taxes et barrières ou nous allons faire mieux que vous!». Juste avant le début du sommet, les quatre pays européens représentés par Emmanuel Macron, Angela Merkel, Theresa May et Giuseppe Conte ont tenu réunion de concertation qui s'est traduite par l'expression d'un fort sentiment, ou plutôt, d'un ressentiment face aux mesures de Donald Trump qui sont vécues comme une véritable déclaration de guerre commerciale à l'encontre des principaux alliés des Etats-Unis. Constatant qu'il n'y a plus aucun espoir de voir le président américain revenir sur ses décisions d'appliquer les taxes sur l'acier et l'aluminium, les dirigeants européens ont pris acte de son attitude insensible malgré leurs «appels à la retenue» et mesuré l'importance des menaces qu'il fait planer sur le reste du monde en laissant entendre qu'il pourrait y avoir une nouvelle salve. C'est pourquoi ils ont convenu, faute de pouvoir espérer un quelconque changement de situation, tant le président américain est déterminé à tenir ses engagements de campagne électorale, d'afficher «un front uni dans la durée» et de riposter «avec un train de mesures» à la hauteur des conséquences qui planent sur leurs économies respectives. Pourtant, il y a loin de cette déclaration de principe à un vrai front commun dont on voit mal comment le Japon pourrait y être associé, d'une part, et comment le gouvernement populiste italien à peine constitué va devoir y faire face d'autre part. Quant à l'attitude de l'Allemagne, elle est encore moins évidente, parce que c'est le pays européen qui a le plus à perdre dans ce bras de fer avec les Etats-Unis. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a pour sa part déployé d'intenses efforts pour obtenir un tel front contre Washington qui invoque la «sécurité nationale» pour sanctionner l'acier et l'aluminium canadiens. «J'ai été poli, j'ai été respectueux, mais on a aussi été toujours très, très ferme sur les intérêts de notre pays, de nos citoyens et sur nos valeurs», avait-t-il déclaré à la veille du sommet. Si Ottawa avait pour objectif initial de réunir un consensus autour de trois thèmes: la pollution plastique des océans, l'éducation des filles et la lutte contre les ingérences étrangères dans les processus démocratiques, personne n'avait le moindre doute quant à l'importance de l'enjeu commercial devenu la préoccupation majeure, surtout que l'Union européenne avait déposé une plainte contre Washington auprès de l'OMC tout en instaurant des droits de douane coercitifs contre des produits américains comme le bourbon, le beurre de cacahuètes ou les motos. Et là, tous les regards étaient braqués sur l'Allemagne qui a beaucoup à craindre dans ce bras de fer, le président américain menaçant de surtaxer immédiatement les voitures étrangères. C'est dire si les déjeuners de travail suivis de la photo de famille ainsi que les réunions de groupe ou bilatérales auront été, tout comme le dîner de clôture, des moments caractérisés par une ambiance plus que morose. Et tout porte à croire que la réunion prendra fin aujourd'hui en l'absence, devenue habituelle, d'une déclaration finale. Quant à Donald Trump, dont les pensées étaient pour l'essentiel tournées vers Singapour, il s'est envolé sans attendre pour un autre sommet qui le verra rencontrer, mardi prochain, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un et qui constitue sa vraie priorité.