Les engagements du président de la République ont été tenus, en grande partie, grâce à la méthode Ouyahia. L'atmosphère qui règne au sommet de l'Etat n'est certainement pas des plus sereines. Les «petites phrases» des leaders de l'Alliance présidentielle sur nombre de questions informent des rivalités qui, à mesure qu'approche le rendez-vous électoral de 2007, se font jour. Sans doute portés par «la vague référendaire», les trois partenaires au pouvoir multiplient les piques que d'aucuns parmi les observateurs, tendent à expliquer comme autant d'intentions qui cachent mal des appétits politiques certains. Ainsi, de plus en plus de voix au sein du FLN réclament la chefferie du gouvernement et le disent à chaque occasion avec plus d'insistance. La dernière en date, était lors du méga-meeting du parti où la revendication du retour du FLN à la tête de l'Exécutif a été clairement formulée. Non contents de leur ministre, drivés par une personnalité issue d'un autre parti, dont la représentation au gouvernement est moindre, les militants du parti majoritaire à l'APN n'ont de cesse de faire pression sur leur direction pour «rétablir l'ordre politique» dans les arcanes du pouvoir exécutif. En d'autres termes, la base du FLN veut purement et simplement le gouvernement, puisque, disent-ils, le peuple a choisi de faire de cette formation la première force politique du pays. C'est là une logique universelle, soutiennent les partisans de Abdelaziz Belkhadem qui, de fait, espèrent le départ d'Ahmed Ouyahia de son poste et son remplacement par un cadre de la famille Flniste. Cette exigence, somme toute légitime de la part des militants, est-elle pour autant, juste envers un homme qui, quoi qu'on de lui dise, a montré de grandes capacités de gestion des affaires publiques, mais surtout une excellente maîtrise des nombreux dossiers qu'il a eu à gérer. En effet, nommé à la veille du tremblement de terre de Boumerdès en mai 2003, en remplacement de Ali Benflis, en quasi-dissidence avec la présidence de la République, Ouyahia avait la difficile mission de mener à terme de lourds dossiers, telle la reconstruction de la région sinistrée. Mais l'homme devait également rouvrir l'important chantier politique qui consistait à relancer le dialogue avec les archs, en sus d'autres questions relevant des droits des . Moins d'une année après la réélection de Bouteflika à la tête de la République, l'opinion publique constatait déjà que le chef de l'Etat avait mis en pratique les promesses électorales faites au peuple. Ainsi, les nouveaux code de la famille et de la nationalité qui réhabilitent, dans une large mesure, la femme algérienne dans ses droits de citoyenne, ont été votés par les deux chambres du Parlement. Au plan socio-économique, les mécanismes de lancement du plan quinquennal de soutien à la relance sont déjà en place et d'innombrables projets immobiliers et autres sont en cours de réalisation. 500.000 logements sont en train d'être construits. Au chapitre politique, il est entendu que l'instruction donnée à Ahmed Ouyahia par le chef de l'Etat de rouvrir le dialogue avec le mouvement citoyen a porté ses fruits au sens où le différend, né entre les citoyens de Kabylie et les autorités centrales, fait désormais partie du passé. La démarche entreprise sur cette question a eu le mérite de rétablir la sérénité, non seulement dans la région, mais également au sein de la classe politique nationale, laquelle, dans l'ensemble, a adopté une position plutôt favorable au dialogue. Ainsi, à quelques jours de la tenue du référendum sur la réconciliation nationale et à moins de trois mois des élections partielles en Kabylie, il y a lieu de constater une amélioration du climat général dans le pays, au niveau social et politique. Cette «embellie» sociopolitique tient d'une volonté du chef de l'Etat, relèvent de nombreux observateurs, de tenir les promesses électorales, avec en prime, une détermination à aboutir à des résultats concrets durant la seconde mandature. Ainsi, les engagements du président de la République ont-ils été tenus, en grande partie, grâce à la méthode Ouyahia. Le travail accompli par le chef du gouvernement est jugé positif par l'ensemble des partenaires politiques. Et ce sont ces mêmes personnalités qui affichent un bilan très positif du gouvernement qui demandent le départ de son premier responsable. Bien qu'au plan strictement politique, la démarche des contradicteurs d'Ouyahia est recevable, il n'en demeure pas moins, qu'au vu de la situation qui prévaut dans le pays, les observateurs prennent pour critère les aspects en rapport avec la gestion des affaires du pays. Or, sur ce chapitre précisément, tout le personnel politique de l'Alliance présidentielle reconnaît les compétences de l'homme. Pour cela, les mêmes observateurs estiment qu'une déstabilisation du gouvernement risque de porter du tort, non pas seulement à Ouyahia ou au RND, mais également à la cohésion d'une équipe gouvernementale qui, bien drivée, a montré «des signes de complémentarité forts intéressants», souligne un diplomate étranger. Aussi, recommande-t-on, au niveau des cercles, tant politiques qu'économiques, de taire la «guéguerre» partisane et de laisser la Constitution jouer son rôle. Ce seront les électeurs eux-mêmes qui sanctionneront le travail du gouvernement. «L'Algérie a besoin de stabilité et s'il faut changer un responsable, ne le faisons pas pour des raisons strictement politiciennes», soutient un observateur averti de la scène politique nationale.