La ministre de la Culture a réuni ses troupes autour d'un seul mot d'ordre: soutenir la charte de la paix. Des airs et des rythmes pour la charte de la paix. Mais aussi des images, des planches, des rideaux, des couleurs, même des...sonneries de téléphones portables. Bref, le monde de l'art et de la culture s'invite, lui aussi, au débat. Ce n'est pas tout, il s'implique officiellement dans la promotion du projet. Sous la houlette de la ministre de la Culture qui vient de rejoindre ses collègues du gouvernement dans la campagne référendaire pour la charte et la réconciliation nationale. Hier à Alger, Khalida Toumi a réuni ses troupes autour d'un seul mot d'ordre: chanter les louanges du texte. Et il faut bien dire que la ministre n'a pas lésiné sur les moyens et s'est offert pour l'occasion, un casting de choix: Hadj Tahar Fergani figure de proue du malouf, M'Hamed Benguettaf dramaturge et directeur du Théâtre national algérien, Sid Ali Kouiret et bien d'autres. Tout ce beau monde, auquel s'ajoutent les responsables des institutions culturelles du pays, se tient en choeur derrière la ministre qui fait désormais office de vrai chef d'orchestre pour appuyer une démarche politique qui, pour l'ancienne moudjahida et sénatrice, Zohra Drif, présente aux côtés de la ministre et de Farouk Ksentini, président du Cncppdh- l'organisme chargé des droits de l'homme- est «le dépassement de tout les problèmes actuels» Me Ksentini, lui, usant d'un ton moins affectif-normal pour un avocat- étale, l'une derrière l'autre, les opportunités politiques, économiques et sociales mentionnées dans le document de la charte. Outre que l'initiative en question est le «seul» moyen de faire revenir les terroristes à la raison et à leurs familles, la réconciliation nationale, poursuit le juriste, se veut également une politique implacable de lutte contre le terrorisme. Khalida Toumi, elle, a, dans une rhétorique plus proche de la poésie, loué les mérites et les sortilèges d'une politique réconciliatrice à laquelle elle entend rallier toute l'élite du pays. Khalida veut séduire large parmi les gens de la culture. Mais la tâche n'est pas de tout repos tant les sensibilités y sont différentes et, quelquefois, hostiles au discours officiel. D'autres artistes, écrivains, musiciens se sont, ses derniers jours, démarqués de la charte de la paix. Ils disent ne pas voir la même façon de voir les choses. Ils sont tout aussi libres que ceux qui soutiennent, à cor et à cri, le projet de la réconciliation.