Le Camra n'aura pas su terminer la grève, c'est donc elle qui l'a terminé... Le collectif autonome des médecins résidents algériens, qui essaye de garder la face, parle d'un gel, mais il est évident depuis presque deux mois que l'on se dirigeait vers la fin de ce mouvement. Le Camra n'a pas su terminer la grève, c'est donc elle qui l'a terminé... La grève des médecins résidents, c'est fini! Après un débrayage de plus de huit mois, ils devraient retrouver, demain dimanche, leurs postes de travail. En effet, les résidents grévistes des villes hospitalo-universitaires se sont réunis en assemblées générales ces derniers jours, où il a été décidé de geler la grève à partir de demain. Cette décision n'est pas aussi surprenante que cela, car depuis une semaine déjà des services entiers ont repris le travail à travers les quatre coins du pays. On cite l'exemple du service de gastrologie du CHU Mustapha Pacha d'Alger. En plus de cette reprise, il a été constaté une «ruée» vers l'inscription à la session de rattrapage de l'examen du diplôme d'études médicales spécialisées (Dems). À partir de là, c'était fini! La grève était automatiquement terminée vu que l'influence du collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) devenait quasi nul. Les AG ont donc été organisées pour officialiser cette grève, mais surtout pour ne pas perdre la face! «On parle de gel de la grève, mais tout le monde sait que c'est la fin», avoue un médecin résident. «Le mouvement est complètement déchiqueté. La plupart ont repris, ceux qui refusent de le faire ont déclaré leur retrait de confiance au bureau national du Camra. Un putsch annoncé depuis un moment qui ouvre la voie à une guerre ouverte entre les résidents...», ajoute-t-il dépité. Indigné par la tournure qu'ont pris les événements avec presque toute une année universitaire de grève pour rien! «8 mois de grève pourquoi? Pour quel résultat? Nous étions en position de force, nous avions obtenu de grandes choses, mais à cause de l'ego de certains on se retrouve sans rien...», peste le même médecin. Pour la majorité des résidents la grève était finie depuis que le Camra a décidé l'arrêt des gardes. «Une décision irréfléchie qui a scindé en deux le mouvement», avoue un autre médecin résident. «C'était un coup de poker mal calculé», a ajouté avec colère ce résident qui était contre l'idée mais s'y est soumis pour suivre la majorité. Il faut dire que le Camra a grillé sa dernière carte qui est celle de l'arrêt des gardes, sans que cela ne fasse «frémir» le ministre de la Santé, le professeur Hasbellaoui. Bien au contraire, cette décision que beaucoup ont qualifiée «d'irresponsable» a montré que les médecins résidents n'étaient pas aussi indispensables que ce qu'ils pensaient. Les services ont continué à fonctionner normalement, ce qui a fait pencher la balance en faveur de la tutelle. Le Camra qui refusait jusque-là de négocier s'est retrouvé presque à supplier les autorités de juste leur répondre. En vain! La mauvaise gestion des négociations des délégués de ce collectif, qui ont eu les yeux plus gros que la tête, a fait que ces derniers arrivent à cette situation où ils n'ont rien obtenu. Pourtant, le ministre de la Santé, qui est avant tout leur professeur, avait réussi à leur obtenir de belles concessions de la part des autorités. Cependant, les délégués du Camra qui se sont pris pour les «Ché Guevara» des temps modernes, sortaient à chaque fois une nouvelle revendication, ce qui rendait les négociations presque impossibles. Se prenant au jeu du syndicalisme, ces «Ché» n'ont pas su arrêter leur grève au bon moment ni faire preuve de concession...Mais comme le disait l'un des pères du syndicalisme français, ex-patron du parti communiste français, Maurice Thorez, il faut savoir terminer une grève! «Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n'ont pas encore été acceptées mais que l'on a obtenu la victoire sur les plus essentielles revendications», s'écrie alors le leader politique pour une citation devenue référence dans toute démarche syndicale. Le Camra n'aura pas su terminer la grève, c'est donc elle qui l'a terminé...