Même si le Collectif n'a pas repris les gardes, de nombreux résidents l'ont fait à titre individuel. Le mouvement vit une grave cassure. En voyant cette situation, la tutelle préfère donc attendre que le Camra s'autodétruise... Les résidents refusent toujours de reprendre les gardes! En effet, après avoir annoncé la semaine dernière qu'ils mettraient fin au boycott des gardes à partir du 3 juin, ils ont finalement fait marche arrière! «Nous avions conditionné la reprise des gardes par la réouverture du dialogue avec la tutelle. Or, cela fait plus d'une semaine que l'on attend, il n'y a eu aucun contact», a indiqué, hier, un membre du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), joint par téléphone. Même son de cloche du côté du porte-parole du Camra, Mohamed Taileb. «Le dernier communiqué était clair: «Pas de reprise avant une réunion concluante avec le ministère de la Santé», a-t-il indiqué sur sa page Facebook. «Pour l'instant on n'a pas été contacté pour une réunion et pas tenu au courant des résultats de la réunion interministérielle. Le boycott des gardes est donc maintenu», a-t-il ajouté en appelant ses camarades à rester solidaires. «C'est la dernière ligne droite, ne sacrifiez pas nos six mois de combat», a-t-il insisté. Une phrase qui peut paraître bateau, mais elle témoigne du malaise qui règne actuellement au sein du Camra. En fait, la grève des médecins résidents est véritablement en perte de vitesse. On n'est plus, comme il y a deux mois, où le Camra était en position de force, coupant même court aux négociations avec la tutelle. Actuellement, ils sont presque à supplier le ministère de la Santé pour rouvrir le dialogue qu'ils ont eux-mêmes fermé. La mauvaise gestion des négociations des délégués du Camra, qui ont eu les yeux plus gros que la tête, a fait qu'ils arrivent à cette situation où ils risquent fortement de ne rien obtenir. Surtout que les hautes autorités connaissent très bien les divisions qui minent actuellement les rangs des grévistes. D'ailleurs, dans plusieurs hôpitaux du pays, malgré les appels du Camra, de nombreux médecins résidents ont repris les gardes. Le meilleur exemple est à Oran, où l'on assiste depuis plus d'une semaine à une reprise massive des gardes. Certains ont même carrément arrêté de faire grève. Il faut dire que le Camra a grillé sa dernière carte qui est celle de l'arrêt des gardes, sans que cela ne fasse «frémir» le ministre de la Santé, le professeur Hasbellaoui. Bien au contraire, cette décision que beaucoup ont qualifiée «d'irresponsable» a divisé les troupes. L'arrêt des gardes a provoqué une cassure entre les partisans et les opposants. Certains ont même refusé de recourir à cette solution extrême, alors que d'autres ne l'ont pas fait de gaieté de coeur, se pliant simplement à la décision du bureau national. Les «Demsistes» (résidents en fin de cycle, Ndlr), qui ont vu leur avenir professionnel mis en pointillés, sont montés au créneau en assurant qu'ils n'allaient pas boycotter le prochain calendrier des examens. Le Camra qui, avec plus de sagesse aurait pu obtenir beaucoup de choses, tout en épargnant aux Algériens plusieurs mois de grève, avait finalement choisi l'entêtement. Par la grosse prétention des délégués? En tout cas, une chose est sûre, le mouvement vit une grave cassure. En voyant cette situation, la tutelle préfère donc attendre que le Camra s'autodétruise...