L'Opep et ses alliés ont mis en oeuvre la baisse de leur production de près de 1,8 million de barils par jour Cette hausse de un million de b/j décidée hier contribuera à compenser le retrait de 2,8 millions de b/j provoqué ces derniers mois par les perturbations de la production du Venezuela, de la Libye et de l'Angola. On a cru jusqu'au bout que les tensions entre Riyadh et Téhéran allaient miner la réunion de l'Opep qui s'est tenue hier à Vienne, en Autriche. Les premiers échos qui y parvenaient en faisaient état. L'Iran, dont les capacités de production et d'exportation seront limitées à cause des sanctions américaines rétablies, suite à la rupture de l'accord sur son programme nucléaire décidé par le président des Etats-Unis, Donald Trump, s'était opposé jusqu'à hier matin à la proposition russo-saoudienne d'augmentation de la production des «24» d'un million de barils par jour. Mais la «sagesse» a finalement fini par l'emporter. «Nous nous devons d'être responsables et réactifs en déployant une offre adéquate», avait suggéré le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh à la veille de la réunion. Et c'est vraisemblablement ce qui s'est passé. Les «24» ont assumé leurs responsabilités. Leur décision a été prise à l'unanimité. «Nous nous sommes accordés autour du chiffre d'un million de barils que nous avions proposé», a indiqué hier le ministre saoudien de l'Energie. «Je pense que cela va contribuer de façon significative, à répondre à la demande supplémentaire que nous prévoyons au second semestre», a ajouté Khaled al-Faleh, ce qui inquiète au plus haut point l'Agence internationale de l'énergie. La demande mondiale de pétrole doit régulièrement augmenter en 2019, en raison de la solidité de l'économie mondiale et d'importantes difficultés d'approvisionnement pourraient apparaître d'ici la fin de l'année prochaine, si l'Opep ne peut pas pallier la moindre pénurie d'offre, avait estimé le 13 juin dernier l'AIE. La demande doit croître de 1,4 million de barils par jour en 2019, dépasser 100 millions de b/j durant le deuxième trimestre et augmenter sur le même rythme durant l'année 2018. «Un contexte économique solide et une hypothèse de stabilité des prix sont des facteurs importants. Les risques portent sur une hausse des cours et des tensions commerciales. Certains gouvernements envisagent des mesures pour atténuer les pressions sur les prix», souligne le bras armé énergétique des pays de l'Ocde, qui fait remarquer que «l'économie mondiale souffre de la hausse des prix du pétrole». L'Opep, appelée à jouer au pompier, a finalement répondu à cet appel du pied de l'AIE pour éviter au marché de se déséquilibrer. La hausse d'environ 1 million de barils par jour contribuera surtout à compenser le retrait de 2,8 millions de b/j provoqué ces derniers mois par les perturbations de la production du Venezuela, de la Libye et de l'Angola. Et ne surtout pas compromettre près de deux années d'efforts qui ont permis aux cours de l'or noir de rebondir, enfin, à un niveau acceptable, autour des 75 dollars actuellement après avoir végété sous les 30 dollars vers la mi-janvier 2016. Le 1er janvier 2017, l'Opep et ses alliés ont mis en oeuvre la baisse de leur production de près de 1,8 million de barils par jour entérinée le 10 décembre 2016 à Vienne. Une décision qui a eu pour socle l'accord historique d'Alger qui a vu le jour, le 28 septembre 2016 lors d'un sommet de l'Opep qui s'est tenu en marge du 15ème Forum international de l'énergie. Elle a fait écho à l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non-Opep) à la dégringolade des prix du pétrole. L'Opep avait alors décidé de retirer 1,2 million de barils par jour. Ses 11 alliés, dont la Russie, 600.000 barils par jour. Une mesure qui est entrée en action il y a près de 18 mois. Elle a permis aux cours de l'or noir de franchir la barre des 80 dollars, le 17 mai et de camper solidement autour des 75 dollars aujourd'hui. Hier vers 15h50, à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 74,62 dollars à Londres, en hausse de 1,57 dollar par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance, se négociait à 67,97 dollars pour progresser de 2,43 dollars. Le baril reste inébranlable.