Les Etats-Unis ont été pendant longtemps parmi les principaux clients de l'Algérie, avec un niveau d'exportation d'hydrocarbures annuel de 15 milliards de dollars Les annonces du P-DG de Sonatrach à Washington sur les projets des majors américaines en Algérie, suffisent à déduire que l'on est dans une perspective à long terme. Le hasard du calendrier a fait que le ministre algérien de l'Energie se trouve à Washington au même moment que le secrétaire d'Etat adjoint à la Sécurité séjourne à Alger. Les relations algéro-américaines auront été fructueuses, puisque dans les deux capitales, des dossiers très importants pour les deux pays ont été discutés au plus haut niveau. Ainsi, le premier responsable du département de l'Energie a été reçu mercredi dernier à Washington par le secrétaire d'Etat Mike Pompeo et le secrétaire d'Etat à l'Energie Rick Perry. Au lendemain de ces rencontres, à Alger, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia recevait, à Alger, le secrétaire d'Etat adjoint américain, John Joseph Sullivan. Le ministre algérien participait à la 27e Conférence mondiale du gaz qui s'est tenue dans la capitale US et le haut fonctionnaire américain a représenté son pays à la 5e session des consultations bilatérales algéro-américaines sur les questions sécuritaires et de lutte contre le terrorisme. Ces deux épisodes «simultanés» dans le partenariat multiforme entre Alger et Washington illustrent assez bien le niveau auquel sont parvenues les relations entre les deux pays et l'intérêt qu'accordent l'un et l'autre, au renforcement de la coopération, autant dans le domaine sécuritaire que dans celui de l'énergie. Faut-il rappeler que les Etats-Unis ont été pendant longtemps parmi les principaux clients de l'Algérie, avec un niveau d'exportation d'hydrocarbures annuel de 15 milliards de dollars, au plus fort des échanges entre les deux pays. Pour Washington, l'Algérie n'est pour ainsi dire pas une découverte, même si entre-temps et le pétrole de schiste aidant, le commerce entre les deux pays s'est réduit comme une peau de chagrin pour tourner autour des 2 milliards de dollars ces dernières années. Mais dans le même temps, l'intérêt américain pour l'Algérie s'est considérablement développé au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Le capital expérience et l'expertise de l'ANP et des services spéciaux dans la lutte antiterroriste a clairement consolidé les rapports entre les deux pays et placé l'Algérie en qualité de partenaire stratégique pour les Etats-Unis dans la région d'Afrique du Nord et du Sahel. Les échanges de renseignements ont été d'une qualité telle que tous les présidents américains qui s'étaient succédé à la Maison- Blanche se sont systématiquement exprimés sur le sujet et loué le rôle de l'Algérie, de même que son approche dans la gestion des conflits en Libye et au Mali. Les Américains n'avaient pas en face d'eux un simple appareil de renseignement stratégique, mais aussi une doctrine et une véritable feuille de route pour la stabilité de la région. Que ce soit sous Bush ou Obama et aujourd'hui, sous la férule de Trump, l'administration US revient immanquablement aux thèses de l'Algérie, sur l'attitude à adopter en Libye ou au Mali. Les décideurs américains, notamment les Républicains, voient dans l'Algérie un partenaire qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Il y a lieu de rappeler à ce propos que l'ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra avait été le premier ministre des Affaires étrangères de la région Mena à avoir été reçu par l'ex-secrétaire d'Etat de Donald Trump, Rex Tillerson. Il faut dire, à ce propos, que les Républicains réussissent mieux aux Algériens que les démocrates. La posture d'Alger vis-à-vis de l'Africom et son refus catégorique d'intervenir hors de ses frontières n'ont pas amené les USA à une réaction «épidermique», sachant son importance dans la région. Le secrétaire d'Etat adjoint a d'ailleurs rappelé tout le poids de l'Algérie qui empêche l'extension de la violence terroriste au Sahel et en Afrique du Nord. A la proximité sécuritaire, il y a lieu de relever, ces derniers mois une sorte d'entente mutuelle sur la coopération dans le domaine énergétique. Il semble que l'Algérie et les Etats-Unis aient fait le choix d'un partenariat très serré dans le domaine de l'énergie. L'acquisition par Sonatrach de la raffinerie d'Exxon en Italie à un prix très avantageux illustre le raffermissements des liens entre les deux géants, algérien et américain. D'ailleurs, les annonces faites par le P-DG de Sonatrach, avant-hier à Washington sur les projets des majors américaines en Algérie, suffisent à déduire que l'on est dans une perspective à long terme. Et l'implication de bureaux de conseil américains dans la confection de la nouvelle loi sur les hydrocarbures est une autre preuve, qu'au-delà des aspects conjoncturels, l'Algérie entend construire des relations solides avec les majors américaines. Mais plus encore, puisque les Etats-Unis figurent en bonne place dans l'agenda algérien concernant la diversification de son économie. Les nombreux projets dans l'agriculture, la mécanique et le médicament attestent d'une volonté commune d'aller le plus loin possible. Même si pour l'heure, le niveau des échanges n'est pas important. La qualité des échanges au plan politique est tout de même porteur d'espoir.