La crise en Tunisie induira une reconfiguration du Maghreb et les USA ne comptent pas jouer un second rôle dans cette région jusque-là considérée comme un no man's land français. Les Etats-Unis d'Amérique surveillent la situation au Maghreb et au Sahel comme du lait sur le feu. Hier, le président américain, Barack Obama, a dépêché à Alger, John Brennan, son conseiller principal pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste. Durant son séjour de deux jours, M.Brennan sera l'hôte des plus hauts dirigeants du pays. Il sera reçu par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avec qui il a notamment abordé la question du Sahel. Le responsable américain a été également reçu par le conseiller du président de la République, Kamel Rezzag Bara. Comme il a eu une audience avec le ministre chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel au siège du ministère des Affaires étrangères, en présence des membres des délégations des deux pays. Personnage-clé à la Maison-Blanche, John Brennan est arrivé à Alger au moment où la région du Maghreb vit une situation cruciale avec les événements en Tunisie et la situation sécuritaire qui règne au Sahel. A propos de la Tunisie, la Maison-Blanche réagit avec une extrême rapidité et sans ambiguïtés en affichant notamment son soutien au peuple tunisien «qui venait de se libérer de la dictature de Ben Ali». Conscient que la chute du régime tunisien induira nécessairement une redistribution des rôles au niveau du Maghreb, l'Oncle Sam joue à fond sa carte dans cette région-tampon jusque-là considérée comme un no man's land français. Ce ne sera plus comme avant et c'est dans ce cadre qu'intervient la visite du conseiller du président américain à Alger qui animera d'ailleurs ce matin, une conférence de presse au siège de l'ambassade américaine à Alger. Par ailleurs, cette visite intervient au moment où la situation sécuritaire au Sahel devient des plus inquiétantes notamment avec la deuxième intervention - ratée - des forces spéciales françaises dans la région. Après avoir échoué à libérer Michel Germaneau, assassiné par ses ravisseurs en juillet dernier, les forces françaises ont refait la même bévue, il y a quelques jours quand les deux ressortissants français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, enlevés dans un bar à Niamey au Niger, ont été tués. L'intervention de l'armée française a été décriée par les pays de la région. Une position partagée d'ailleurs par les Américains qui ont toujours conseillé de laisser la sécurité du Sahel aux pays de la région. Les Américains font preuve de beaucoup de prudence dans cette région d'une extrême sensibilité. Lors du dernier sommet, Barack Obama-Sarkozy, cette question a été évoquée à chaud, mais les deux parties se sont limitées aux traditionnelles marques de compassion et de solidarité, sans donner trop de détails sur un attentat qui a pris tout le monde de court. Le conseiller de M.Obama abordera donc tous ces aspects avec les responsables algériens. Pour l'ambassade des Etats-Unis à Alger, cette visite s'inscrit dans le prolongement des relations bilatérales, profondes entre les deux pays, notamment en matière de coopération sécuritaire et militaire. Aussi, le communiqué a-t-il rapporté que ce déplacement de haut niveau, qui revêt une extrême importance, représente une opportunité autant pour les Américains qu'aux Algériens afin de consolider leur partenariat stratégique. Pour Washington, Alger constitue un partenaire important. C'est ce qui explique, selon toute vraisemblance, les échanges de visites de haut niveau entre les deux pays au cours de ces deux dernières années, depuis l'intronisation de Barack Obama à la Maison-Blanche. Plusieurs responsables américains ont visité l'Algérie récemment dont le secrétaire à la Marine, Raymond Mabus, le commandant des forces terrestres d'Africom, le général-major David Hogg, l'adjoint principal de l'assistant du secrétaire américain à la Défense chargé des Affaires de sécurité internationale, Joseph McMillan, la vice-secrétaire d'Etat adjointe pour le Golfe et le Maghreb, Janet Sanderson, le commandant des forces aériennes d'Africom, le général-major Ronald Ladnier, le commandant d'Africom, le général William Ward, le secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman.