Impossible de rater une occasion pareille. Il ne faut surtout pas inventer des stratagèmes ou des ruses pour annuler un tel «pèlerinage». La dixième édition du Salon international du livre d'Alger (Sila) a ouvert, jeudi matin, ses portes au grand public. Avant même de se réveiller et de faire sa toilette, le livre était déjà attendu. Par qui? Par ses admirateurs, par ceux qui souffrent d'une pathologie : la frustration livresque. Déjà à 9h, les visiteurs arrivaient par petits groupes. Les bus à destination de l'est d'Alger ne cessaient de «vomir» les voyageurs devant le Palais des expositions, des Pins Maritimes. Des personnes âgées, des jeunes et des moins jeunes, tous étaient au rendez-vous. Impossible de rater une occasion pareille. Il ne faut surtout pas inventer des stratagèmes ou des ruses pour annuler un tel « pèlerinage ». Que les âmes sensibles à la chose religieuse nous pardonnent l'utilisation quelque peu abusive de ce terme. L'intrépidité en vaut la chandelle : Alger est devenue La Mecque du livre. En effet, les Algériens ont subi un violent sevrage. La décennie de sang et de larmes que notre pays a vécue a fait que le peu d'activités culturelles que nous avions, a failli disparaître, ensevelie par la frange de l'intégrisme islamiste. Qu'à cela ne tienne, la vague est, semble-t-il, passée. Alger reprend petit à petit son souffle et sourit. Et tant qu'on continue encore à s'intéresser au livre, on peut dire que les choses vont inévitablement changer. Cette année, la dixième édition du livre accueille quand même un nombre intéressant de participants. On compte ainsi pas moins de 667 maisons d'édition, quelque 350 éditeurs présents et 317 éditeurs représentés. Aussi, on ne peut omettre de citer les 23 pays qui y ont pris part. C'est un bon signe quand même. Cependant, ce qu'on doit souligner, c'est, comme à l'accoutumée, la cherté du livre. Sa Majesté coûte les yeux de la tête. Ce constat est le même, soit au niveau des stands nationaux, soit aux stands étrangers. Au stand de l'Enag par exemple, les remises vont de 20 à 30%. Néanmoins, ceci ne concerne pas les autres maisons d'édition. «Il faut prendre en compte la date de la parution du livre», nous a indiqué M.Sebaoun, responsable du stand des éditions Casbah. «On ne peut quand même pas faire des remises sur les livres qui sont fraîchement parus», poursuit notre interlocuteur. Justement, à propos du prix excessivement cher du livre, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a déclaré lors de l'ouverture officielle du Sila que «nous devons inciter les éditeurs étrangers à collaborer avec les maisons d'édition algériennes». «Nous devons encourager la coédition», a-t-elle ajouté. A cela, le responsable de Casbah éditions, M.Sebaoune, a indiqué qu'au niveau de sa boîte «on a déjà coédité plusieurs ouvrages». Il cite à cet effet le livre La nuit des Corsaires de Corinne Chevallier, Coloniser/ exterminer de Olivier Le Cour Grandmaison... Toutefois, cela est loin de répondre aux exigences du lecteur algérien. Eprouvé qu'il est par des conditions de vie qui ne cessent de poursuivre leur descente aux enfers. Pourtant, dans l'accord d'association avec l'Union européenne, entré en vigueur au début du mois en cours, le livre est concerné par l'exonération des tarifs et taxes douanières. Cela est-il suffisant? De toutes les manières, ceci n'est pas de l'avis des libraires qui parlent avec insistance du prix de revient du livre en devises. La ministre de la Culture, Mme Toumi, est sur la même longueur d'onde qu'eux. «Le problème qui se pose est la dévaluation du dinar par rapport à la devise, notamment l'euro. De toute façon, le prix du livre importé dépend du taux de change.» Ainsi, si le livre qui coûte 10 euros, sera cédé en Algérie, bon gré mal gré, 1000 DA. Surtout n'y touchez pas, ça risque de vous brûler les mains, mais ne dit-on pas «quand on aime, on ne compte pas». Parfois les proverbes et les dictons, en les prenant au sérieux, nous conduisent droit au fiasco. Heureusement que ce n'est pas le cas lorsqu'il s'agit du livre, car mieux vaut un bagage scientifique que tous les trésors du monde. C'est de bonne guerre puisque le premier veille sur nous alors que le deuxième c'est nous qui devons avoir constamment l'oeil sur lui. Alors, dépensons, achetons du livre. On ne se rendra compte de cette importance que plus tard. Allons-y donc au Salon du livre. A noter que le comité d'organisation prolonge les journées d'aujourd'hui et celle du 27 septembre jusqu'à 21h.