Les deux poids lourds du marché de l'or noir visent un accord à long terme, de 10 à 20 ans. Le baril a de nouveau calé en cette fin de semaine. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. C'est ce à quoi vont s'atteler la Russie et l'Arabie saoudite. Les deux poids lourds du marché de l'or noir visent un accord à long terme, de 10 à 20 ans qui viendrait renforcer la baisse de la production (Opep non Opep) de 1,8 million de barils par jour. «L'Arabie saoudite et la Russie travaillaient sur un accord à long terme sans précédent, sur une durée de 10 à 20 ans, qui pourrait déboucher sur une extension de l'actuel accord de plafonnement de la production», a indiqué le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman dans une interview accordée à Reuters au mois de mars. Une information qui a été remise sur le tapis tout récemment. Ses principaux acteurs ne sont ni plus ni moins que le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak et son homologue saoudien Khalid al Falih. Alexandre Novak qui a évoqué, mardi dernier, une coopération à long terme tout en soulignant que le «mécanisme d'interaction» actuel s'était avéré efficace. «Nous réfléchissons à présent à un format de coopération qui pourrait être à plus long terme, qui inclurait la possibilité d'un contrôle du marché, des échanges d'informations et si nécessaire la mise en oeuvre de certaines actions communes», a indiqué Alexandre Novak à la presse, à l'issue de cet entretien. La Russie, premier producteur mondial de pétrole, n'a pas été épargnée par la dégringolade des prix du pétrole. Les cours de l'or noir, qui ont entamé leur descente aux enfers à la mi-juin 2014, sont passés de 115 dollars à moins de 30 dollars avant de remonter autour des 70 dollars. Sans parvenir à se maintenir durablement au-dessus de cette barre symbolique. Ce rebond notoire du baril est dû principalement à l'accord de la baisse de la production des pays Opep et non Opep, de 1,8 million de barils par jour conclu le 10 décembre 2016 à Vienne en Autriche, auquel s'est associée la Russie. Mis en oeuvre le 1er janvier 2017 il doit prendre fin en décembre 2018. S'il a largement contribué à améliorer le niveau du baril, il a été incontestablement fragilisé par une reprise de la production de pétrole de schiste américain sur fond de tensions d'une guerre commerciale féroce, sans merci, entre deux acteurs majeurs du marché pétrolier, les Etats-Unis et la Chine. «La Chine est prête à aller jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix», a lancé Pékin à Washington vendredi dernier suite à la menace du président américain, Donald Trump, d'imposer de nouveaux droits de douane de 100 milliards de dollars sur les importations chinoises, qui s'ajouteraient aux quelque 50 milliards de dollars de taxes brandies par Washington, le 3 avril. «Les Etats-Unis et la Chine sont les plus gros consommateurs et importateurs de pétrole au monde. Si l'escalade se poursuit et ralentit la demande de ces deux pays, cela aura un effet que l'on peut difficilement ignorer», ont noté les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Les effets ne se sont pas fait attendre. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a fini la semaine à 67,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, en baisse de 1,22 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour le contrat de mai a cédé 1,48 dollar pour clôturer à 62,06 dollars, ce qui ne fait pas les affaires des pays dont les économies reposent essentiellement sur leurs revenus pétroliers. Moscou et Riyadh préparent la riposte. Elle couvait depuis plus de six mois déjà. Les deux partenaires ont reconnu «l'importance d'un dialogue constructif et d'une coopération étroite entre les principaux pays exportateurs afin de soutenir la stabilité sur le marché du pétrole et garantir un niveau constant d'investissements sur le long terme», avaient déclaré le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh et son homologue russe, Alexandre Novak, dans un document paraphé, au début du mois de septembre 2017, par les deux parties, en marge du Sommet du G20 à Hangzouh en Chine. De nouvelles propositions seront discutées à Djeddah ce mois-ci, lors d'un comité ministériel de l'Opep chargé de contrôler le respect de l'accord actuel. Elles pourraient donner un sérieux coup de fouet au baril.