La CNR a besoin de cinq cotisants pour un seul retraité alors qu'actuellement, ils ne sont qu'au nombre de deux Les réflexions engagées pourraient porter sur la révision de la formule de calcul de la pension de retraite et qui se base actuellement sur les salaires des cinq dernières années. Notre système de retraite a atteint ses limites. Ce constat a été fait, hier, par le directeur général de la Caisse nationale de retraite (CNR), Slimane Melouka. L'invité de la rédaction de la Radio Chaîne 3 a affirmé que «l'état des lieux nous impose à penser et à réfléchir à réformer les paramètres de notre système de retraite. Cette réflexion doit être engagée par tous les acteurs, notamment les employeurs, les représentants syndicaux, mais aussi par les représentants du peuple et bien évidemment sur la base des études engagées actuellement. Et cela afin de maintenir l'équilibre de notre système de sécurité sociale dans sa globalité». Sans démagogie aucune, Slimane Melouka va dire qu'«il faut se regarder en face, voir la réalité du terrain et prendre les décisions nécessaires même si elles sont douloureuses» car la question concerne pas moins de 3,2 millions d'adhérents à la Caisse nationale de retraites (CNR) et donc autant de familles qui dépendent de la Caisse. Pourquoi les décisions de réforme de la CNR pourraient-elles être douloureuses? En fait, la réforme qui serait engagée pourrait porter sur la formule de calcul de la pension de retraite et qui se base actuellement sur le salaire des cinq dernières années. Un salaire en fin de carrière professionnelle est toujours le plus important. Ce qui permet au retraité de bénéficier d'une pension proche de ses derniers revenus et de maintenir ainsi un certain niveau de vie. Or, la réforme de la CNR pourrait toucher à ce point-là. Mais pas seulement, selon le directeur général de la CNR. Ce dernier explique que «des réflexions sont engagées et les études menées sont adaptées à tous les processus mis en place sur le niveau international. Cela dans le but, non seulement de revoir la base de calcul de la pension, mais d'examiner l'ensemble des contours de la question. Tous les paramètres seront pris en compte pour étudier justement la faisabilité de la réforme sans pour autant porter atteinte aux droits des travailleurs. Si réforme, il y aura donc, ce sera de telle manière à toujours maintenir l'équité d'un côté comme de l'autre pour essayer de minimiser les difficultés que pourraient vivre les travailleurs». Se voulant rassurant, l'invité de la radio va rappeler que plus de 80% des pays sont en train de penser à réformer leur système de retraite car «un système mis en place, il y a 35 ans atteint forcément ses limites». Revenant à la réalité algérienne et les difficultés financières de la CNR, Slimane Melouka précisera que les dernières mesures prises par l'Etat pour «sauver» la CNR de la faillite dont l'instauration d'une taxe de 1% sur l'importation des produits revendus dans l'état et l'apport conjoncturelle de 500 milliards de dinars en plus de l'apport régulier de 15% des dépenses de la CNR qui est pris en charge par l'Etat malgré ces mesures, les recettes n'arrivent toujours pas à suffire pour couvrir les dépenses puisque la CNR a besoin de cinq cotisants pour un seul retraité alors qu'actuellement, ils ne sont qu'au nombre de deux. «Il se pourrait que l'aide conjoncturelle apportée par l'Etat en 2018 soit reconduite en 2019» a affirmé le directeur général de la caisse soulignant encore une fois que la situation financière de la CNR «s'est dégradée malheureusement à partir de 2014 et 2015 pour atteindre un niveau assez important dans les années 2016, 2017 après le départ massif avant l'âge légal de plus d'un million de personnes». Le directeur général de la CNR a estimé «les départs à la retraite pour l'exercice 2018 aux environs de 50.000, en baisse par rapport aux années 2015 et 2016 qui ont vu des départs entre 150.000 et 200.000 personnes». Mais cela ne règlera pas le déficit car «actuellement, les recettes de la caisse tournent autour de 700 milliards de DA en droits contributifs et en aide de l'Etat et une dépense qui va dépasser à la fin 2018 les 1200 milliards de DA».