Décidément rien n'arrête Netflix. Avec ses 125 millions d'abonnés dans le monde, la championne du Svod prévoit de s'installer encore plus en Europe. D'après une note publiée par la banque américaine Morgan Stanley, relayée par l'agence Reuters, Netflix et consorts (Amazon Prime Video, Hulu et prochainement Apple et Disney), elle envisage de mener la vie dure aux chaînes de télévision traditionnelles en Europe d'ici à cinq ans. Aux Etats-Unis, les choses sérieuses ont commencé en 2012, lorsque 20% des foyers ont adopté Netflix. Depuis, ce pourcentage a doublé. Résultat: la consommation des chaînes linéaires a décliné, et les revenus publicitaires de la télévision traditionnelle ont chuté de 3%. La banque Morgan Stanley estime ainsi que, d'ici à cinq ans, le taux de pénétration de Netflix sur la plupart des territoires européens sera supérieur à 20%. À l'heure actuelle, seulement 9% des foyers français utilisent la plate-forme de streaming. En 2023, ce pourcentage devrait passer à 23%. D'après les analystes, le Royaume-Uni et la Suède devront notamment faire face à un taux de pénétration de 48% d'ici à cinq ans. Pour les chaînes de télévision traditionnelles, un tel scénario entraînerait une forte dégradation de leurs revenus publicitaires. Les groupes TF1 et M6, qui dépendent respectivement à 70% et 60% de la publicité, risquent d'y laisser des plumes. D'après Morgan Stanley, l'action de la Une pourrait dégringoler de 21% à 44%, et celle de M6 baisserait de 21% à 35%. Dans tous les cas, même si Netflix met plus de temps à atteindre le taux de 20% de pénétration en France, la télévision traditionnelle française ne pourra pas esquiver la charge des plates-formes américaines de Svod. Pour faire face à cette menace, une action a été annoncée mi-juin dernier par TF1, France télévision et M6. Les trois ténors du petit écran français ont décidé de former une alliance et de créer une plate-forme commune, appelée Salto. La date de lancement du service n'a pas encore été annoncée, mais il se murmure toutefois que l'abonnement de base coûtera cinq euros par mois. Malgré toutes ces initiatives, la bataille contre Netflix est déterminée. Au dernier trimestre, la firme de Los Gatos comptait 125 millions d'abonnés dans le monde, dont 3,5 millions en France. Netflix annonce que 8 milliards de dollars devraient être investis en films, séries et programmes sur toute l'année 2018, contre 7 milliards en 2017. D'après un récent rapport de The Economist, la firme devrait dépenser, en définitive, entre 12 et 13 milliards de dollars en contenus originaux en 2018 - plus que n'importe quel studio de cinéma ou de télévision. Netflix a par ailleurs séduit de gros noms de l'industrie, comme le producteur Ryan Murphy (American Horror Story), les réalisateurs Guillermo Del Toro et Martin Scorsese et même l'ex-couple présidentiel Barack et Michelle Obama. [email protected]