«Je ne souhaite en aucun cas revivre la perte de mes économies.», déclare ce père de famille paniqué. Le spectre du mouton bleu remonte à la surface. En effet, beaucoup d'inquiétudes de la part des consommateurs craignant encore que leur fête soit gâchée par une viande achetée qu'ils seraient obligés de jeter. Bientôt trois ans que le scandale du mouton bleu a éclaté, laissant les citoyens et les responsables aussi putréfiés que la viande elle-même. Plusieurs hypothèses et rumeurs sont mises en avant, laissant les citoyens très perplexes. Mais, tout semble rentrer dans l'ordre. «Une enquête rigoureuse se déroule actuellement sur les cas de viande de mouton bleue.» a rassuré le ministre de l'Agriculture, Abdelkader Bouazghi dans une déclaration à un confrère arabophone. Dans les résultats préliminaires de cette enquête, il est démontré que la chaîne de froid n'est pas respectée. De plus, les Aïd précédents ont coïncidé avec les grosses chaleurs estivales accélérant ainsi le processus de putréfaction. Le ministre a ajouté que «le mouton égorgé est de la responsabilité du citoyen». Pour cela, il met en garde les citoyens afin de bien respecter la chaîne de froid après le sacrifice du mouton. M. Bouazghi, tient notamment à préciser qu'un service est déjà en place permettant de suivre de très près les préparatifs de ventes ovines. D'ailleurs, un contrôle des opérations se fera 45 jours avant le début de l'Aïd pour éviter tout dépassement. S'agissant es prix, le ministre a rassuré les Algérien qu'ils seront «abordables». Force est de constater que la situation actuelle est un phénomène nouveau qui suscite beaucoup de controverses. Ces déclarations du ministre ne semblent pas rassurer cependant, l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce). Pour son président Mustapha Zebdi «on voudrait bien que le ministère se prononce clairement sur le nom du complément alimentaire ou autres substances administrées aux ovins pour pouvoir agir.». Il ajoute que si c'est une cause d'origine hormonale ou exogène, il est totalement impossible d'identifier ou relever la possible existence sur ces moutons. De surcroît, l'organisation de M. Zebdi prépare actuellement une campagne de sensibilisation en partenariat avec la Fédération des éleveurs afin d'obtenir une traçabilité de factures concernant les substances utilisées sur les animaux. Dans cette affaire, les victimes de la viande bleue se sont vu perdre entre 40 000 et 80 000 DA. Une somme qui n'est bien sûr pas remboursée par aucun service ou assurances. C'est à leurs risques et périls. Toutefois, de nom- breux consommateurs se prennent, à l'avance pour acheter leurs moutons. Une décision pas forcément raisonnable, car c'est à cette période que les ovins sont engraissés, que ce soit de façon naturelle ou synthétique notamment avec l'utilisation des hormones de croissance. Une technique commerciale qui se prépare plusieurs mois à l'avance. Cependant, les Algériens gardent encore en mémoire les moutons ayant reçu des cures d'hormones de croissance. Une affaire qui avait déstabilisé tout le pays. Il convient de préciser par ailleurs que l'Algérie n'a pas été le seul pays à être confronté à pareille situation. L'année dernière, le Maroc et la Libye ont vécu le même calvaire. Comme quoi, le manque de traçabilité du cheptel fait réellement défaut dans nombre de pays musulmans.