Ce dégel a été lancé par l'annonce, en juin dernier, de M. Abiy de la volonté de l'Ethiopie d'appliquer l'accord de paix signé en 2000 à Alger avec l'Erythrée... Au lendemain d'un sommet historique de leurs dirigeants, l'Erythrée et l'Ethiopie ont signé hier à Asmara une déclaration formalisant leur rapprochement et mettant fin à vingt ans d'état de guerre. Le président érythréen Issaias Afeworki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ont signé une «déclaration conjointe de paix et d'amitié», a annoncé le ministre érythréen de l'Information Yemane Gebremeskel. Ce texte déclare que «l'état de guerre qui existait entre les deux pays est arrivé à sa fin. Une nouvelle ère de paix et d'amitié s'ouvre». «Les deux pays oeuvreront à promouvoir une étroite coopération, dans les secteurs de la politique, de l'économie, du social, de la culture et de la sécurité». Le document confirme la reprise du commerce, des transports et des télécommunications, le rétablissement des relations diplomatiques et la mise en oeuvre de l'accord international de 2000 sur la frontière commune. Des images de la cérémonie montrent MM. Issaias et Abiy avec en toile de fond, les drapeaux des deux pays, signant cette déclaration. Peu après, M. Abiy a quitté l'Erythrée, au terme d'une visite de deux jours. Pour la première rencontre, depuis 20 ans, entre les deux plus hauts dirigeants érythréen et éthiopien, la délégation éthiopienne a reçu un accueil chaleureux à Asmara. «Nous sommes d'accord pour la reprise du trafic aérien et naval, la circulation des personnes et la réouverture des ambassades», avait dit M. Abiy lors d'un dîner en son honneur. Ce dégel a été lancé par son annonce, en juin, de la volonté de l'Ethiopie d'appliquer l'accord de paix, signé en 2000 à Alger. L'Ethiopie et l'Erythrée se sont livré de 1998 à 2000 une meurtrière guerre conventionnelle, avec chars d'assaut et tranchées, qui a fait quelque 80.000 morts. Le refus éthiopien d'appliquer une décision en 2002 d'une commission soutenue par l'ONU sur le tracé de la frontière a entretenu la guerre. Le rétablissement des liens diplomatiques et commerciaux pourrait profiter à toute la Corne de l'Afrique, rongée par les conflits et la pauvreté. Autrefois façade maritime de l'Ethiopie avec les ports de Massawa et d'Assab, l'Erythrée a déclaré son indépendance en 1993. L'accès de l'Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, aux ports érythréens devrait stimuler l'économie des deux pays. La liberté de mouvement permettra la réunion de deux peuples, liés par une histoire, une langue et une ethnicité communes, et de familles séparées depuis plus de 20 ans.