Israël a ouvert la «chasse» au Hamas et au Jihad islamique en décidant de reprendre les «éliminations ciblées». C'est ce qu'a affirmé hier le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, qui a déclaré qu'Israël allait poursuivre sa politique «d'élimination ciblée» de responsables des mouvements islamistes Hamas et Jihad islamique notamment. Depuis samedi, l'armée israélienne s'est livrée à des bombardements intensifs de la bande de Ghaza avec en sus une reprise des assassinats ciblés de personnalités palestiniennes. Confir-mant les liquidations physiques entreprises par l'armée israélienne, Shaoul Mofaz affirme: «L'armée israélienne continuera d'utiliser tous les moyens nécessaires, tout ce qu'elle sait faire pour empêcher des tirs de roquettes (de la bande de Ghaza) vers Sdérot», faisant allusion aux tirs de roquettes Qassam en direction de cette ville du sud d'Israël. Le ministre israélien de la Défense souligna par ailleurs que «le Hamas doit savoir qu'Israël va suivre une politique de dissuasion» ajoutant: «Il n'y a pas de cessez-le-feu, le Hamas a fait quelque chose d'impardonnable et nous devons lui imposer les nouvelles règles du jeu». La déclaration de Shaoul Mofaz a fait réagir hier le Premier ministre palestinien, Ahmed Qoreï, et le porte-parole de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina. M.Qoreï a ainsi indiqué que la déclaration du ministre israélien de la Défense, «ne peut être passée sous silence», appelant «la communauté internationale et les Etats-Unis à faire cesser l'agression israélienne barbare et les raids sur Ghaza». M.Qoreï n'a pas manqué par ailleurs de relever que chaque jour conforte un peu plus les intentions d'Israël de transformer la bande de Ghaza «en une grande prison» par le bouclage du territoire d'une part, en empêchant les ministres originaires de cette région, d'aller prendre part aux réunions du Cabinet palestinien à Ramallah, en Cisjordanie. De son côté, toujours à propos des déclarations de Shaoul Mofaz, le porte-parole de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a mis en garde, avertissant que «l'obstination d'Israël à poursuivre l'escalade et les assassinats menace de faire exploser totalement la situation». A l'instar d'Ahmed Qoreï, M.Abou Roudeina a également appelé la communauté internationale, les Etats-Unis en tête, «à intervenir immédiatement et faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à son escalade». Toutefois, il est peu probable que la communauté internationale, qui n'est pas intervenue dans le passé face à des situations similaires, agisse aujourd'hui, elle qui reste sous l'effet du désengagement (unilatéral) d'Israël de la bande de Ghaza. De fait, en attaquant gratuitement - c'est le moins qui puisse être dit - la localité israélienne de Sdérot, Hamas a offert un prétexte en or à Sharon, lui donnant de développer sa politique d'encerclement de Ghaza d'une part, d'imposer une solution ‘'israélienne'' au contentieux entre Israël et les Palestiniens, d'autre part. De fait, ces derniers soupçonnent fortement Sharon de vouloir faire en sorte de maintenir sur le long terme le statu quo en Cisjordanie, considérant sans doute qu'en se retirant de Ghaza, Israël a accompli ses obligations envers le processus de paix au Proche-Orient. Ce qui est à relever en fait est que la ‘'Feuille de route'' -plan de paix international- élaborée en 2003 par le Quartette (USA, UE, ONU et Russie) et devant aboutir à la création, à l'horizon 2005, de l'Etat palestinien indépendant, est demeurée lettre morte notamment du fait d'Israël, qui refuse d'en appliquer les conventions, alors que le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, affirmait, la veille même du retrait des colons de Ghaza, qu'Israël poursuivra l'expansion des colonies juives en Cisjordanie et la construction de nouveaux logements dans ces colonies. Ce qui va totalement à l'encontre du plan de paix international qui exige le gel des colonies dans les territoires palestiniens. Revenant sur cette question, le président égyptien, Hosni Moubarak, -investi hier pour un cinquième mandat présidentiel- a estimé, dans une interview à la revue égyptienne, Rose El Youssef, que la position de Sharon constitue une «entrave» au processus de paix, indiquant: «Sharon tente de consolider l'idée d'une solution temporaire à long terme et conditionne l'application de la feuille de route à ce qu'il appelle le démantèlement de l'infrastructure du terrorisme dans les territoires palestiniens. En même temps, il intensifie la colonisation en Cisjordanie notamment autour de Jérusalem». Dans les territoires palestiniens, les factions se sont mises d'accord pour cesser les tirs contre Israël à partir de Ghaza. Ce dont s'est félicité le Premier ministre palestinien, Ahmed Qoreï, qui a déclaré à l'issue de la réunion hier du Cabinet à Ramallah: «Nous nous félicitons de la décision du Hamas et d'autres mouvements palestiniens de mettre fin aux attaques depuis Ghaza comme nous le réclamions». Dans une déclaration commune, les différentes factions palestiniennes ont annoncé la fin des attaques depuis Ghaza, a indiqué un représentant du Jihad islamique affirmant: «Toutes les factions au sein du Comité de suivi se sont mises d'accord pour mettre fin aux opérations de résistance armée depuis la bande de Ghaza pour préserver les intérêts de notre peuple». Cet accord devait être annoncé (officiellement) hier, à l'issue de la rencontre des mouvements de résistance palestiniens activant sur le territoire de la bande de Ghaza.