Le travail de persuasion du président de l'Autorité palestinienne s'est avéré payant, enfin en partie, puisqu'il faut attendre que les déclarations israéliennes soient suivies d'effet. Autrement dit Palestiniens et Israéliens reviennent effectivement à la table des négociations. C'est l'objectif essentiel de Mahmoud Abbas toujours aussi déterminé à arracher un règlement négocié du conflit palestinien et qui s'est assuré samedi un soutien de taille, celui du mouvement Hamas dont la position alternait entre le oui et le non, et peut être davantage vers cette dernière position avec le bombardement mercredi de colonies israéliennes immédiatement après l'assassinat d'un Palestinien. Le Hamas a annoncé samedi qu'il maintiendrait « l'accalmie », autrement dit qu'il s'abstiendrait d'attaques anti-israéliennes, après une rencontre avec le président Mahmoud Abbas. C'est ce qu'a déclaré un haut représentant du mouvement, Ismaïl Haniyé, à l'issue de la rencontre. Il a affirmé avoir obtenu de la part du « frère Abbas » une « confirmation qu'Israël s'est engagé à stopper ses agressions, y compris les incursions, les destructions de maisons et les assassinats » ciblés de militants palestiniens. Il a souligné toutefois que la position du Hamas en faveur du respect de la trêve était provisoire et a fait porter à l'avance à Israël la « responsabilité de toute violation » du cessez-le-feu. Fort de cet acquis, M. Abbas a commencé un nouvel entretien avec des responsables du Jihad islamique. Avec d'autres groupes armés, ces deux mouvements islamistes se sont engagés fin janvier à respecter une « période d'accalmie ». Auparavant, M. Abbas avait exigé le « respect de la loi » lors d'une réunion du Comité central de son mouvement, le Fatah, à Ghaza. Après les attaques du Hamas - une riposte selon lui -, M. Abbas a demandé à ses services de sécurité d'agir rapidement pour arrêter les tirs et limoger plusieurs hauts responsables de la sécurité. Plus qu'une période probatoire, c'est une politique de petits pas, sinon de signes positifs que personne à travers le monde ne souhaite voir s'arrêter. En ce sens, plus de 60 Palestiniens qu'Israël avait exilés de la Cisjordanie vers la bande de Ghaza ou l'Europe seront autorisés à rentrer d'ici deux semaines, a affirmé le ministre palestinien chargé des Négociations, Saeb Erakat, ajoutant que cet accord était intervenu avant le sommet de Charm El Cheikh. Durant les deux dernières années, Israël a expulsé 56 résidents de Cisjordanie vers la bande de Ghaza et 13 autres vers l'Europe. Un haut responsable israélien a confirmé qu'un accord était intervenu pour permettre le retour de ces Palestiniens bannis. « Il s'agit d'un retour conditionnel, ils devront suivre certaines conditions : se soumettre au contrôle des services de sécurité palestiniens, s'abstenir de toute activité de terreur et rester dans leur ville d'origine », a-t-il averti. D'autre part, Israël a décidé hier de libérer 500 prisonniers palestiniens, a indiqué Ariel Sharon. Toutefois, est-ce que la controverse soulevée par cette question a été réglée préalablement ? Les Palestiniens avaient au moins souhaité un droit de regard sur la liste, celle-ci ne comportant, selon eux, que des détenus en fin de peine, ce qui atténue grandement la portée de la décision israélienne. De son côté, Mohammad Dahlane, conseiller de M. Abbas pour les affaires de sécurité, a rencontré samedi soir à Tel-Aviv le ministre de la Défense israélien, Shaoul Mofaz, pour discuter notamment de la coordination sécuritaire. Une réunion de coordination similaire devait se tenir hier entre M. Erakat et le conseiller de M. Sharon, Dov Weisglass. Cette rencontre initialement prévue jeudi avait été reportée après les attaques au mortier. Dans le cadre de ce processus qu'il est encore bien difficile de décrire, Israël a accepté de transférer cette semaine la ville d'Ariha, en Cisjordanie, au contrôle sécuritaire de l'Autorité palestinienne. Une source israélienne précise que les prochaines villes de Cisjordanie appelées à entrer dans l'orbite sécuritaire de l'Autorité palestinienne sont respectivement Tulkarem et Kalkiliya. Et là on ne manque pas de s'interroger sur l'étendue exacte de ce contrôle qui sera dévolu aux Palestiniens. En tout état de cause, ces villes ainsi que d'autres étaient autonomes avant d'être réoccupées par Israël depuis l'élection d'Ariel Sharon en février 2001. Ce dernier, rappelle-t-on, avait décrété la mort du processus de paix palestino-israélien d'Oslo, mais on ne sait pas par quoi il entend le remplacer du moment qu'il parle de règlement, mais jamais de paix, il est vrai. Il ne pourra surtout pas prétendre faire la paix avec son plan de retrait de Ghaza.