Le pétrole de toutes les convoitises Les quatre pays signataires «rendent hommage à la Compagnie pétrolière nationale légitime à l'heure où elle répare les infrastructures, honore ses obligations contractuelles et, après avoir levé les dispositions relatives à l'état d'urgence dans l'Est de la Libye, reprend les exportations...». Les gouvernements de la France, de l'Italie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis d'Amérique ont indiqué, jeudi, selon un communiqué commun, que le moment est venu pour tous les acteurs libyens d'avancer dans le processus politique de règlement de la crise.» Le moment est venu pour tous les acteurs Libyens d'avancer, en engageant des discussions entre Libyens sur la manière d'améliorer la transparence budgétaire, de renforcer les institutions économiques et d'assurer une juste répartition des ressources du pays, dans le cadre du Plan d'action défini par le représentant spécial des Nations unies, M. Ghassan Salamé, et sur la base de l'Accord politique inter-libyen entériné par le Conseil de sécurité des Nations unies dans sa résolution 2259 (2015)», ont-ils argumenté dans la déclaration conjointe publiée par le Quai d'Orsay. Cette déclaration prend prétexte de l'annonce par la compagnie pétrolière libyenne, la NOC, de la reprise de la production après plus d'une semaine de blocage du à la décision du maréchal Haftar dont l'armée nationale libyenne de faire bénéficier les autorités de l'est des rentrées provenant des exportations. Il aura suffi de quelques jours pour que le maréchal, confronté à un gel des activités de la NOC, revienne sur cet oukase tout en escomptant davantage de contributions à ses efforts de guerre de la part du GNA. Or, Tripoli est monté au créneau contre sa tentative, rappelant les engagements déjà souscrits. Lesquels engagements bénéficient de nouveau du soutien des quatre pays signataires de la Déclaration, puisqu'ils se disent «favorables» à la proposition de Fayez al Serraj de faire progresser la transparence des institutions économiques libyennes. S'agissant de la NOC, les quatre pays signataires «rendent hommage à la Compagnie pétrolière nationale légitime à l'heure où elle répare les infrastructures, honore ses obligations contractuelles et, après avoir levé les dispositions relatives à l'état d'urgence dans l'Est de la Libye, reprend les exportations et la production de pétrole qui sont essentielles pour la prospérité de la Libye». Diplomatique, le discours salue également le rôle de l'Armée nationale libyenne dont «la contribution au rétablissement de la stabilité» dans le secteur pétrolier libyen «est essentielle pour les intérêts nationaux de la Libye». Cela étant, le message a le mérite d'être clair qui rappelle que seule la NOC est habilitée à exercer les prérogatives des exportations de pétrole pour le grand bénéfice de «tous les Libyens» et cela sous l'autorité légitime du GNA de Fayez al Serraj. En d'autres termes, la tentative du maréchal Haftar aura été caduque puisque tout est rentré dans l'ordre. Reste le fait important que la mise en oeuvre de l'Accord politique inter-libyen de décembre 2015 peine à se traduire dans les faits, au grand dam de la communauté internationale. Aussi, est-il demandé, dans un premier temps, aux différentes parties libyennes, d'adhérer à la démarche pour «régler les différends sur la Banque centrale de Libye, intensifier le dialogue sur la répartition des ressources grâce au budget national et oeuvrer à l'unification de la Banque centrale de Libye et à la dissolution des institutions parallèles», autant d'étapes convenues lors des «négociations» suivies par la Déclaration politique de Paris le 29 mai dernier. Ce n'est donc pas par hasard que les quatre pays engagés dans cette nouvelle démarche qui se veut pressante, compte tenu de l'urgence de la mise en application de la feuille de route du médiateur onusien Ghassan Salamé, tiennent à conforter la position des dirigeants libyens oeuvrant au profit de ce processus inclusif en proclament leur «solidarité» avec eux tout en appelant à la concrétisation des objectifs fixés, à savoir la tenue «des élections nationales crédibles, pacifiques et bien préparées dès que possible». Le GNA se voit assurer du soutien des quatre pays occidentaux signataires de la Déclaration, qui affirment en conclusion qu'ils n'hésiteront pas à «utiliser tous les moyens à leur disposition pour demander des comptes à ceux qui portent atteinte à la paix, à la sécurité et à la stabilité de la Libye». Une mise en garde explicite aux parties qui sont suspectées de vouloir entraver le processus.