La quantité d'eau absorbée annuellement par l'agriculture représente près de 70% de la consommation nationale. Le secteur agricole absorbe un volume gigantesque d'eau. Près de 70% de la consommation du pays. La consommation en eau dans le secteur agricole est d'environ 7 milliards de mètres cubes en moyenne annuelle, sachant que la consommation globale nationale (consommation de la population en eau potable, les besoins des secteurs industriel et agricole) est de 10,6 milliards de m3/an a indiqué Omar Bougueroua, directeur de l'alimentation en eau potable auprès du ministère des Ressource en eau, dans un entretien accordé à l'APS. Des chiffres excessifs qui interpellent. Ils mettent surtout en exergue une incohérence pour un pays qui est pratiquement en état de stress hydrique permanent que le ciel a exceptionnellement gâté cette année. Les pouvoirs publics sont plus que jamais interpellés pour apporter un correctif à ce type de situation. La question de l'économie de l'eau se pose de façon évidente. Elle est même cruciale vu les déperditions causées par un système de distribution défectueux, parasité de surcroît par des branchements clandestins, illégaux qui amplifient le phénomène quasi récurrent des fuites d'eau. La sensibilisation plus que nécessaire des citoyens à fournir un effort est devenue une question primordiale pour une gestion saine et rationnelle de cette ressource indispensable de leur quotidien. Des actions ont été engagées par le ministère des Ressources en eau à travers notamment l'Agence nationale de gestion intégrée des ressources en eau (Agire). Si l'implication des citoyens demeure incontournable pour aboutir à une consommation raisonnable de l'eau, le problème posé par le secteur agricole reste de taille. «Il y a des efforts très importants à faire en matière d'économie de l'eau dans l'agriculture, un secteur gros consommateur d'eau en Algérie avec 70% de la consommation au niveau national», souligne le directeur de l'alimentation en eau potable du ministère des Ressources en eau. Que peuvent-ils apporter concrètement? «Si nous faisons des économies, ne serait-ce que de 10% du volume global mobilisé pour l'agriculture, nous récupérerons 700 millions de m3, alors que des économies de 20% permettraient de récupérer 1,4 milliard de m3, permettant d'alimenter la moitié de la population algérienne», estime Omar Bougueroua. Comment y parvenir? Le responsable du département de Hocine Necib évoque le renforcement des systèmes économiseurs d'eau tels le goutte-à-goutte et l'aspersion, qui seront menés dans le sillage de la modernisation du secteur agricole. «Ceci est un volet très important et nous sommes en train de travailler avec le ministère de l'Agriculture et des résultats existent déjà», a-t-il affirmé. La superficie irriguée par les moyens économiseurs d'eau qui était à peine de 90 000 ha en 2000 est actuellement à 600 000 ha qui ne représentent cependant que 50% de la superficie irriguée alors que les 50% restants utilisent encore les systèmes traditionnels lesquels gaspillent d'énormes volumes d'eau, précise la même source. «Nous avons tracé des objectifs pour 2022-2025 qui devraient permettre de généraliser les systèmes économiseurs d'eau, notamment en raison des périodes de sécheresse que connaît le pays et des changements climatiques», a fait remarquer le directeur de l'alimentation en eau potable auprès du ministère des Ressources en eau. La mobilisation de l'eau non conventionnelle à travers le dessalement de l'eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées sera nécessaire à la reconversion du caractère classique de l'irrigation vers un système moderne moins «vorace» en eau, signale Omar Bougueroua. 400 millions de m3/an d'eau sont produits à l'heure actuelle par le biais des stations d'épuration implantées à travers le territoire national. La multiplication de ces stations permettrait d'atteindre les 600 millions m3/an voire...un milliard de m3 /an. Le défi est lancé.