Le front de libération à lui seul a organisé 35 meetings de wilaya et pas moins de 800 autres dans les daïras et communes. D'après Si Affif, que nous avons joint hier, la campagne est positive à double titre. D'abord, dira-t-il, un engouement de la population qui a dépassé toutes les espérances, ensuite la campagne a permis de jauger la base et les troupes du FLN qui ont répondu spontanément aux appels du parti. Il affirmera que l'adhésion de la base du FLN est totale en ce qui concerne le projet de charte. De son côté, le RND détient le record en nombre de meetings organisés à travers le pays. Ainsi, d'après M.Miloud Chorfi, porte-parole du RND, le parti a organisé 36 meetings de wilaya et pas moins de 1541 rassemblements au niveau des communes. Durant près d'un mois, les partis de l'Alliance présidentielle ont sillonné l'Algérie pour expliquer les bienfaits de la démarche du chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika. Des entretiens ont été accordés aux journaux, des émissions ont été organisées à la radio et à la télé, des meetings populaires ont été organisés. Les membres de l'Alliance présidentielle n'ont lésiné ni sur les moyens ni sur les efforts pour prêcher la paix et la réconciliation nationale. Le président de la République a fait de son plan de paix, soumis à référendum aujourd'hui, l'élément moteur de son programme politique et même économique, puisque Bouteflika n'a de cesse de marteler à travers ses sorties qu'il n'y aura point d'essor économique sans le retour définitif de la paix. FLN, RND, et MSP se sont donnés à fond pour porter à bout de bras le projet de charte. Boudjerra Soltani s'est même permis d'annoncer le taux de 95% des Algériens qui voteront pour la charte. Le MSP, quant à lui, a organisé 43 meetings à travers les wilayas. Son leader Boudjerra Soltani avait affirmé dans les colonnes de notre journal : «L'Algérie est condamnée à passer à une nouvelle étape, pour pouvoir se consacrer à des dossiers épineux délaissés, au grand bonheur de certains », estimant que des concessions mutuelles doivent être accordées sur certains droits dans l'intérêt suprême du pays. Durant donc toute cette période de campagne, les membres de l'Alliance présidentielle ont accordé leurs violons pour chanter tous en choeur la charte pour la paix et la réconciliation nationale.Il reste que durant cette campagne effrénée pour le «oui», des divergences de taille sont apparues entre le FLN et le RND. Des divergences sérieuses existent entre le chef du gouvernement M.Ahmed Ouyahia du RND et Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et représentant personnel du président de la République. Au moment où Ouyahia écartait toute idée de révision de la Constitution, Belkhadem quant à lui, soutenait le contraire. «après le référendum du 29 septembre et les élections partielles de novembre, nous devons nous consacrer à la révision de la Constitution pour définir la nature de notre système politique et les prérogatives de chaque institution du pays», a fait savoir M.Belkhadem, à l'occasion d'un regroupement des élus du FLN à la Coupole. Belkhadem dira même que «l'histoire du FLN ne date pas de quelques mois et qu'elle se confond avec l'Algérie». Evidemment, la flèche empoisonnée est clairement dirigée vers le RND, créé dans des circonstances particulières. L'on annonce même ici et là que le patron du RND perdrait son poste de chef du gouvernement, ce qui franchement n'est pas du tout évident, vu le travail réalisé par ce dernier. Ce serait surtout pour préserver les équilibres et une alliance qui s'est constituée dès l'accession de Bouteflika à la magistrature suprême. Cela dit, il reste à conclure que les trois partis de l'alliance étaient durant toute la campagne sur tous les fronts. Les états-majors de ces partis ont été réquisitionnés de jour et parfois même de nuit pour faire campagne dans les régions enclavées où le terrorisme avait fait son nid durant de longues années. Cependant, l'absence de débats contradictoires a fait dire à l'opposition politique algérienne que la campagne était à sens unique, ce qui l'a amputée de la passion qui anime toute échéance électorale.