Logiquement, les citoyens élisent des représentants au sein des Assemblées populaires communales pour régler leurs problèmes. Il se trouve que dans bien des cas, ce sont les problèmes qui opposent des élus à d'autres qu'il faut régler. Ainsi, ce constat est valable au moins dans deux communes de la wilaya de Tizi Ouzou, à savoir Aïn Zaouïa et Mekla. Dans la commune de Aïn Zaouïa (daïra de Draâ El Mizan), l'APC est tout simplement bloquée depuis la tenue des dernières élections municipales du 23 novembre 2017. Malgré le passage de huit longs mois et la tenue de plusieurs séances de travail et autres assemblées générales, la situation n'a pas pu être débloquée. Ce qui a engendré systématiquement une paralysie totale et entière de toutes les affaires de la commune. Même pour régler les salaires des travailleurs de la commune, il a fallu l'intervention du premier magistrat de la wilaya, Mohamed Bouderbali en personne, à la veille du mois de Ramadhan dernier car lesdits travailleurs risquaient de passer un mois de jeûne sans un sou dans la poche. Une alliance qui s'est construite autour d'une majorité relative vient de se constituer pour s'opposer au maire et à sa majorité, également relative. Cette opposition est constituée de huit membres issus des partis du Rassemblement pour la culture et la démocratie, le Parti des travailleurs et les indépendants. Chaque partie se rejette bien sûr la balle rendant l'autre responsable de cette situation inextricable qui risque d'aboutir, à moyen terme, à la désignation d'un administrateur pour gérer l'APC de Aïn Zaouïa ou encore la dissolution de cette APC par le président de la République, une fois le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales saisis par le wali sur cette question. Les élus, qui se réclament de l'opposition imputent l'entière responsabilité au maire accusé de ne pas vouloir installer les instances communales et des commissions conformément aux dispositions du Code communal. Les huit élus en question demandent au maire de s'allier à eux, compte tenu du fait arguent-ils, qu'ils représentent la majorité. Le maire de Aïn Zaouïa a livré pour sa part et à maintes reprises un tout autre son de cloche aux antipodes de celui ressassé par les huit élus. Il a expliqué que ces derniers ont, depuis le début, c'est-à-dire depuis le jour de l'installation du premier magistrat de la commune, affiché leur intention de bloquer l'APC. Le maire a affirmé à maintes reprises qu'il ne fera pas machine arrière car, a-t-il expliqué, «il a la population de son côté». A chaque fois que l'occasion lui est donnée, celui-ci rappelle «que ce sont les citoyens qui l'ont élu en tant que maire et personne de ce fait ne pourrait le destituer à part la population». Par ailleurs, la situation au sein de l'APC de Mekla est certes moins grave qu'à Aïn Zaouïa, mais à Mekla aussi, le torchon brûle entre les élus, plus particulièrement entre les élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie et ceux du Rassemblement national démocratique. Les deux parties se livrent à une guerre par communiqués interposés. La dernière sortie en date est celle du RND qui a répliqué à une autre rendue publique par le RCD, il y a quelques jours. Ainsi, c'est le bureau régional de la wilaya de Tizi Ouzou du RND qui s'en prend aux élus locaux du RCD. Le RND constate que les élus du RCD qui gèrent l'APC de Mekla «ne parviennent pas à tenir les promesses formulées au peuple lors de la campagne électorale». De son côté le RCD local a imputé la responsabilité des difficultés dans la gestion actuelle de la commune, aux dettes immenses contractées, du temps de la gestion de leurs adversaires politiques, lors du mandat précédent. «Qui veut-on tromper par ce mensonge éhonté? Cela dénote que le conseil communal du RCD de Mekla nourrit un sentiment de mépris et de sous-estime à l'endroit des citoyens», ajoute le bureau régional du RND. Avec toutes ces guéguerres entre les élus des APC, ce sont les citoyens qui en payent les frais et les conséquences car la gestion de leurs affaires et de leurs préoccupations est remise aux calendes grecques.