Le FFS a été accusé d'avoir empêché les populations de voter massivement. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, n'a ni coupé les ficelles ni défait les noeuds dans sa tentative d'expliquer les raisons du faible taux de participation enregistré en Kabylie lors du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale de jeudi dernier. Les représentants des médias nationaux et internationaux sont restés sur leur faim tant «les interprétations avancées par M.Zerhouni manquaient de cohérence». Le ministre de l'Intérieur a d'abord implicitement accusé le FFS d'avoir empêché les populations en Kabylie de voter massivement. «La dissolution des APC n'a pas été du goût de certaines personnes. Ces personnes se sont vengées à l'occasion de ce référendum», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qu'il a organisée, hier, à l'hôtel El Aurassi. «Dans certaines wilayas, des citoyens ont été empêchés. Sans quelques menaces et pressions, indique encore M.Zerhouni, je suis sûr que le taux aurait été plus élevé d'autant plus que ces deux régions ont aussi souffert des affres du terrorisme» Implicitement, le ministre de l'Intérieur reconnaît que le bastion du parti d'Aït Ahmed demeure la Kabylie puisque selon lui, «le scrutin s'est déroulé dans de bonnes conditions, hormis dans 12 à 15 communes des wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa, où des gens ont tenté de perturber le vote». L'allusion de M.Zerhouni n'exclut pas «le rôle» du RCD dans ce faible taux de participation. Pour la première fois depuis sa création en 1989, le parti du Dr Saïd Sadi a adopté la même position que le FFS en appelant lui aussi au boycott du référendum. A bien suivre les propos du ministre de l'Intérieur, ce sont les archs qui ont perdu toute emprise sur la Kabylie. Le mouvement citoyen des archs a appelé à une grève générale le jour du scrutin et «l'appel à la grève n'a pas été suivi» selon M.Zerhouni. En définitive, c'est comme si le référendum a permis «une certaine décantation» en faveur des deux partis les mieux implantés en Kabylie, le RCD et le FFS. Relancé par un confrère sur ce taux enregistré en Kabylie, il donne une autre lecture, met les trois tendances dans le même sac et affirme: «Ce qui a pu influencer l'attitude des populations en Kabylie a été les réactions de certaines voix dans la région. Il y eut l'appel au boycott , à la grève générale et des actes de violence. Je me demande même si la question de l'officialisation de tamazight a été un élément déterminant dans ce faible taux de participation puisque les populations connaissent la position de l'Etat sur cette question.» A la redondance de la question, le ministre ne se répète pas, il livre une autre interprétation. «C'est dû aux spécificités de la région, les villages sont loin l'un de l'autre.» Et enfin une dernière: «Le faible taux de participation est une donne qui n'a pas d'explication notamment au niveau des grandes agglomérations. En plus, historiquement le taux de participation a toujours été faible au niveau de cette région». Selon M.Zerhouni, le phénomène n'a pas d'explication. Que faut-il faire alors? «Nous attendons les spécialistes en psychologie pour donner des réponses à ces phénomènes», répond M. Zerhouni.Mais un psychologue peut-il diagnostiquer un quelconque mal au niveau d'un coeur? «La Kabylie est le coeur de l'Algérie», a clamé le président Bouteflika devant des milliers de Kabyles lors de son meeting de campagne électorale à Tizi-Ouzou.