Oran célèbre 48 ans de raï Les premières éditions ont été d'une réussite totale avant que la rencontre artistique annuelle ne tombe dans la décrépitude en raison du défaut des moyens financiers Le ministère de la Culture vient d'opérer un changement au niveau du commissariat du festival du raï en désignant le jeune artiste Mohamed Bousmaha en remplacement du célèbre guitariste des Raïna Raï, Lotfi Attar. Une telle nomination n'a suscité aucun remous aussi bien au niveau local qu'au niveau national puisque le commissariat a été confié à un artiste connu dans la cité pour sa longue expérience. De plus, il sort de la célèbre école «Alhane wa chabab». Se confiant à L'Expression, Mohamed Bousmaha, âgé tout juste de 31 ans, a été explicite en affirmant qu'il honorera la mission qui lui a été confiée en satisfaisant tous les artistes de la région. Sur le plan managérial, le nouveau commissaire a été clair en se confiant toujours à L'Expression. Il déclarera en ce sens que son équipe sera mise en place dans les tout prochains jours. Ses membres auront pour mission de mettre en place tous les moyens nécessaires pour se lancer dans les préparatifs du festival devant se tenir dans la première quinzaine du mois d'août. Le festival du raï est à sa 10e édition depuis sa délocalisation d'Oran depuis 2008, suite à un décret ministériel paraphé par l'ex-ministre de la Culture, Khalida Toumi. Les premières éditions qui ont été une réussite totale, ont vu la participation des artistes de renom comme Khaled, Mami, Zahouania, et tant d'autres avant que la rencontre artistique annuelle ne tombe dans la décrépitude en raison de la valse des commissaires et du manque de moyens financiers. En 2015, le département de la culture a financé le festival à raison de 4 milliards contre 1,5 milliard de centimes en 2016 et 1 milliard pour cette édition, politique d'austérité oblige. D'ailleurs, le ministère de la Culture a revu son programme d'animations artistiques en décidant la tenue du festival toutes les deux années. Cela se passe au moment où le voisin de l'Ouest se lance dans une course effrénée pour accaparer la chanson raï en revendiquant, auprès de l'Unesco, sa paternité. Pour étoffer son dossier, le Maroc exhibe la tenue annuelle du festival du raï à Oujda auquel des sommités dudit chant prennent part. L'Algérie n'est toutefois pas en reste dans cette course en déposant le dossier de candidature auprès de l'instance onusienne de l'Unesco guidée par la fille du conseiller du roi du Maroc, Mme Azulay. La contre-attaque est venue du sol ayant enfanté ce festival, à savoir la ville d'Oran. La capitale de l'Ouest s'apprête à célébrer en grande pompe les 48 ans du raï. L'instigatrice d'un tel événement n'est autre que l'Association Art et Culture et protection du patrimoine musical oranais. L'idée de célébrer les 48 ans de la musique raï a germé alors que la wilaya d'Oran s'est lancée dans une course effrénée dans les préparatifs pour les JM21. Pour les responsables de l'association, un événement d'une telle envergure s'impose de lui-même. Selon Nasro Touil, cette action culturelle vise essentiellement à donner une image attractive et belle d'Oran avant ces jeux. D'autant plus qu'elle permet aux populations locales d'y prendre part. La célébration du 48e anniversaire du raï se déroulera du 2 au 11 août 2018 avec la large contribution de l'association franco-algérienne Algérie-Méditerranée. Cette association, ayant déjà vu sa contribution dans le mouvement artistique d'Oran a, par le passé, amplement participé dans la tenue annuelle du festival du raï dans la wilaya d'Oran. A travers le 48e anniversaire, les promoteurs d'une telle rencontre visent à promouvoir le retour du raï. D'ailleurs, l'on tend à rendre de vibrants hommages aux artistes disparus comme Bouteldja Belkacem, Sanhadji, Zergui et Yacine, cheb Tahar surnommé en 1985 «Le diable de la scène». Le 48e anniversaire du raï constitue, outre une rencontre artistique, un événement touristique, culturel et sportif dans lequel prend part le mouvement associatif ayant proposé des circuits touristiques à travers Oran et toute l'Algérie. Sur le plan politique, la rencontre d'Oran donnera une autre image d'une Algérie stable, d'où d'ailleurs la mise en place d'un comité regroupant des associations évoluant en Europe ayant pris contact avec 22 troupes européennes, notamment de France, du Portugal, de Russie, d'Ukraine, d'Asie, d'Amérique latine, la Bolivie, et de pays arabes. Celles-ci viennent se produire à Oran sans aucune contrepartie. Tel que prévu par les organisateurs, la 48e année du raï s'ouvrira à la programmation de plusieurs spectacles dans les wilayas limitrophes comme Sidi Bel Abbès, Mascara, Tlemcen, Aïn Témouchent, Mostaganem. Outre le chant, la rencontre d'Oran prévoit l'organisation, dans les quartiers d'Oran, des spectacles animés conjointement par de jeunes amateurs et des professionnels, en plus de la projection des films documentaires sur la chanson raï, des tables rondes, des communications et des ateliers sont prévus à cet effet. Le gala artistique et culturel d'Oran sera couronné par l'édition d'une collection et d'un CD, célébrant les 48 ans du raï.