Le premier secrétaire du FFS Mohamed Hadj Djilani Le consensus national, la transition et la légalité constitutionnelle sont autant d'intitulés pour des projets politiques disparates et visiblement inconciliables. Les multiples initiatives politiques et de projets de société rivalisent entre eux au sein d'une scène nationale qui ne sait plus à quel saint se vouer. Les décantations que connaît la classe politique ces derniers temps renseignent sur les clivages et les aspects disparates, voire composites qui caractérisent les partis politiques sur fond d'un débat politique qui remet au goût des approches et des visions qui ont trait à la nature de l'étape politique et les voies et moyens pour insuffler une nouvelle dynamique via des schèmes et des paradigmes qui concordent avec la démarche de chaque parti politique quant à la sortie de crise. La dernière sortie du président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderezzak Makri en l'occurrence, vient d'enclencher l'amorce d'un débat contradictoire quant à sa proposition qui consiste en la mise en place d'une période de transition politique et économique où l'armée sera partie prenante dans ce processus politique dans la perspective de «juguler» la crise politique et économique dans laquelle se débat le pays. Il est évident que le premier responsable du MSP persiste dans sa démarche en entamant des rencontres avec tous les représentants des formations politiques dans le but d'expliquer sa nouvelle position et faire en sorte d'entraîner lesdits partis dans le sillage de son initiative d'une transition démocratique et politique sur la base d'un consensus national. En fait, celui-ci prendra en compte toutes les variantes et les tendances politiques du pays où l'institution militaire aura un rôle à jouer dans ce processus qui sera limité dans le temps pour un seul mandat. Cette offre n'est pas vue de la même manière qui sied au MSP par d'autres partis, que ce soit de l'opposition ou ceux qui se réclament du statut de partis de la majorité. D'ailleurs, cette offre a été rejetée par une grande partie des formations politiques se reconnaissant dans le giron de l'opposition, c'est aussi le cas pour les partis de la majorité qui ne veulent pas entendre de la même oreille l'offre de Makri qui en appelle à l'institution militaire de s'impliquer dans cette initiative en accompagnant l'ensemble des «forces de la nation» dans ce processus transitoire. C'est dire que l'initiative du MSP ne bénéficie pas du «quitus» escompté de la part d'une partie importante de l'opposition et des représentants de la majorité au pouvoir. Il faut dire que malgré cette sortie des plus inattendues et surprenantes d'un mouvement qui a toujours évolué dans les arcanes du «système» depuis sa création, le MSP a pu tout de même provoquer un semblant et un simulacre de débat autour de la situation politique du pays. Mais ce qui est saillant par rapport à cette sortie, c'est que l'adhésion fait défaut de la part des protagonistes politiques de la scène nationale. La réponse du FFS atteste de ce rejet édulcoré par une «diplomatie» politique. Le Front des forces socialistes qui a reçu Makri à sa demande n'a pas caché ce «rejet» en rappelant que son combat et son projet sont clairement affichés dans ces positions et dans sa littérature politique. Le FFS ne voit pas d'un bon oeil l'implication de l'institution militaire dans un processus politique dans son ensemble, le projet du FFS même s'il fait référence à un consensus national en le reconstruisant, conserve son autonomie vis-à-vis de l'armée et du pouvoir politique, ce qui est plus qu'édifiant en la matière. Le FFS a rappelé lors de la rencontre d'hier avec le MSP que la reconstruction du consensus national doit se faire avec toutes les parties concernées par la crise, mais il reste que la mobilisation sur le terrain des luttes est la gageure pour consacrer un Etat de droit, de justice sociale et de démocratie politique dans sa pluralité. C'est donc une démarche à l'opposé du MSP qui sollicite l'institution militaire comme un élément prépondérant dans la résolution de la crise politique et mettre sur les rails la dynamique d'une transition politique et économique. L'autre parti, qui a toujours soutenu la démarche du président Bouteflika, même si dans la forme ne ménage pas certains ministres du gouvernement, c'est le Parti des travailleurs (PT) qui affiche une position hostile à toute forme de consensus car cette démarche ne s'inscrit pas dans sa «doctrine» politique. Le PT veut en découdre avec le statu quo en militant pour l'élection d'une Assemblée constituante qui convoquera les constituants pour aborder une nouvelle étape politique dans la perspective de peaufiner une nouvelle mouture de la Constitution comme annoncé par la mise en place d'une deuxième République. Talaiou El Houriat qui a participé dans toutes les rencontres qui ont trait à la transition démocratique visant le dialogue avec le pouvoir en place et tous les partis politiques, n'a pas défendu l'approche de Makri qui consiste en l'implication de l'institution militaire dans le processus politique. Pour cette formation, la question de la transition démocratique concerne le pouvoir, les partis politiques et la société civile à travers un dialogue global et sans condition pour asseoir les grandes lignes de la solution politique. Pour Talaiou El Houriat l'institution militaire a d'autres défis qu'elle est en train de relever avec un sens très élevé du sacrifice et avec témérité elle défend les frontières et la souveraineté du pays. Les partis de la majorité ne semblent pas du tout concernés par la nouvelle «trouvaille» de Makri. Pour les représentants de la majorité, le processus démocratique est un élément consacré par un processus électoral qui s'est soldé par le parachèvement de l'édifice institutionnel de l'Etat et la scène politique est encadrée par un fonctionnement où les grands équilibres sont régentés par la Loi fondamentale, à savoir la Constitution. Le consensus national et la transition politique ne semblent pas répondre à des projets politiques disparates de partis que ce soit au niveau de l'opposition ou au niveau de la majorité au pouvoir. Il s'agit d'une véritable valse de projets qui sont au demeurant inconciliables pour le moment.